Les Martiniquais du nouveau millénaire ne savent plus quel idiome ils parlent. Est-ce le français-France, le français-banane, le français de la créolité, le français brodé ou bien le créole-vieux-nègre, le créole-banane, le créole jamaïcanisé ou le créole académisé des universitaires ?
Allez savoir !
En tout cas, dans cet "interlangue" comme disent les péteux qui ont fait carrière sur cette indécision langagière, difficile de savoir si les mots ci-après relèvent de telle ou telle variété quotidiennement en usge dans l'île aux fleurs fanées. Tout ce qu'on peut constater, ce qui est pour le moins affligeant, c'est que ceux qui sont listés ci-après sont pour le moins péjoratifs ou dépréciatifs si l'on préfère :
. Fedayin : mot arabe désignant les combattants palestiniens contre l'oppression israélienne qui désigne dans la patrie de Césaire-Fanon-Glissant un gangster, un voyou, un homme sans foi ni loi.
. Fellagha : mot arabe désignant la même chose que "fedayin" et ayant, en créole, le même sens : voyou.
. Gaza : nom du minuscule bantoustan dans lequel, comme au plus beau temps de l'Apartheid en Afrique du Sud, ont été parqué 2 millions de Palestiniens par le "Peuple élu" (au suffrage censitaire sans doute). En Martinique, il signifie "petite salope", "pute de ghetto".
. Anglé : terme qui signifie "Anglais" mais qui dans notre idiome co-officialisé désigne les immigrés de la Caraïbe anglophone soupçonnés d'être des trafiquants de "zeb", de crack et d'armes à feu.
. Panyol : terme qui signifie "Espagnol" mais qui chez nous renvoie aux belles de nuit originaires de la Caraïbe insulaire et continentale hispanophone et qui arpentent les trottoirs du quartier des Terres-Sainvilles du pipiri-chantant au faire-noir le plus obscur comme si c'était par plaisir.
. Quinquin : abréviation péjorative du mot "Africain", cela au pays du père de la Négritude, mais désormais prononcé bouche-cachée-sous-le-bras par peur des adeptes du panafricanisme devenus bruyants.
. Kouli-manjé-chien : terme désignant les travailleurs sous contrat originaires du sud de l'Inde qui arrivèrent chez nous à partir de 1853. Or, non seulement il était utilisé pour tous les immigrants asiatiques et donc aussi chinois, mais en plus les Hindous ne mangent pas de viande ! D'animaux quadrupèdes en tout cas...
. Kouli-Kanton : terme quasiment disparu qui désignaient les immigrés chinois arrivés chez nous en 1853, quelques années après l'abolition de l'esclavage donc, qui provenaient pour la plupart de la ville de Canton, dans le sud de l'Empire du Milieu. C'est qu'à l'origine, comme déjà indiqué, le mot "Coolees" (Kouli) désignaient tous les travailleurs sous contrat asiatiques qu'ils fussent indiens ou chinois.
. Moustafa : de l'expression "Ababa-moustafa" qui signifie "idiot", "imbécile" et servait à se moquer des immigrés syro-libanais ("Moustapha" est un prénom arabe) arrivés chez nous en 1890 et qui ne savaient pas parler le français et baragouinaient deux-trois mots de créole.
. Négropolitain : terme désignant les descendants des déportés du BUMIDOM (Bureau des Migrations d'Outre-Mer) des années 60 et qui ont fait souche dans l'Hexagone. Au début, ils étaient admirés quand ils revenaient en vacances de l'Amère-patrie mais quand, avec la facilité des voyages, on a fini par se rendre compte qu'ils menaient une existence pas rose du tout, on s'est mis à les tourner en dérision, voire à les mépriser.
. Zorey : terme signifiant "oreilles" et probablement importé (de la Réunion ?) désignant les Français de l'Hexagone vivant chez nous. Est-ce parce qu'ils tendent l'oreille pour tenter de comprendre le créole ou parce que leurs oreilles rougissent au soleil tropical ? Difficile à dire ! En tout cas, il a tendance à disparaitre et à être remplacé par "Métro" moins péjoratif et "Hexagonal" plus neutre.
Liste non-exhaustive évidemment...
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite
Rien de plus facile que de modifier la constitution. Lire la suite