C'est la question angoissée que pose un éditorialiste d'un magazine hebdomadaire français dans un article intitulé "Le sanglot de l'homme blanc".
Et de déclarer que le "racisme anti-blanc" existe bel et bien contrairement à ce qu'affirment les âmes bien pensantes. Se pose déjà un premier problème : le dérivé de "suprématie" ne devrait-il pas en bonne logique être "suprématisme" et non "suprémacisme" ? En bonne logique ou plus exactement selon les règles définies par Malherbe, Littré ou Grévisse. Mais bon... Laissons aux Français dits "de souche" le soin de régler leurs hésitations linguistiques et venons-en au terme "racisme". En bonne logique là encore, le racisme est une théorie qui prétend établir une hiérarchie entre les races et définir laquelle est "supérieure". Désolé mais ce genre de théorie n'a fleuri que sous la plume de théoriciens européens et plus largement occidentaux. Ainsi, après la Reconquista (1492), les Espagnols chassèrent les Arabes et les Juifs de la Péninsule ibérique dans le but de "limpiar la raza" autrement dit "nettoyer la race". Parfois, "race" est remplacer par "sang". Au 19è siècle, des savants européens comme le comte de Gobineau ou encore Broca prétendirent démontrer scientifiquement "la supériorité de la race blanche" et le premier publia un ouvrage au titre édifiant, "Essai sur l'inégalité des races humaines" dont Hitler s'inspirera au siècle suivant pour écrire son immonde "Mein Kampf". Entre parenthèses quand on entend aujourd'hui, les Israéliens se réclamer bruyamment de "la civilisation occidentale" , on se sait pas s'il faut rire ou pleurer.
Alors que Chinois, Indiens, Arabes etc... ont accédé à l'écriture avant ou parfois en même temps que les Européens, on ne connait à ce jour aucun ouvrage écrit par eux qui tente d'établir une quelconque hiérarchie entre les races. Ici encore, il faut faire attention au vocabulaire et ne pas confondre "xénophobie" ou "ethnocentrisme" avec "racisme". Les premiers termes désignent la peur ou le rejet de l'Etranger, comportement qui existe partout, dans tous les pays du monde, alors que le dernier renvoie à une classification visant à établir l'infériorité génétique de l'Etranger. Ce n'est pas du tout pareil ! Ainsi en se qualifiant d'Empire du milieu, la Chine s'est considérée comme le centre du monde mais aucun Chinois n'a jamais publié de livre démontrant que sa "race" est supérieure à toutes les autres. En Inde, celui ou celle décède hors de la "terre sacrée" qu'est Bharat (nom hindi du sous-continent) n'accèdera jamais au "samsara", le paradis de la religion hindoue, mais aucun Indien non plus n'a imité Gobineau.
"Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde" écrivait un certain Camus.
Aucun Kanak n'a jamais considéré ni ne considère qu'il est supérieur à un Blanc. La révolte du peuple premier de la Kanaky n'a absolument rien de "raciste" comme tente de faire accroire cet éditorialiste. Elle n'est que le rejet de la domination séculaire des Européens qui ont tenté de l'exterminer come ils l'ont fait pour les Amérindiens, puis, n'y parvenant pas, les ont exploités de manière scandaleuse jusqu'à faire qu'ils soient devenus minoritaires aujourd'hui (les Kanaks ne représentent plus que 40% de leur archipel). Comment ne pas comprendre alors leur révolte ? Ici encore, on a affaire, chez les politiciens, journalistes et autres philosophes de plateau télévisé français à une manipulation historique. En effet, la révolte kanak n'a pas commencé... la semaine dernière mais dès 1853 quand les Français colonisèrent leur pays. Des révoltes de ce genre ont ponctué toute la deuxième moitié du 19è siècle ainsi que le 20è lequel fut marqué par le massacre de la grotte d'Ouvéa et l'exécution du leader kanak, Eloi Machoro. C'est le même genre de manipulation marquée au coin de la malhonnêté intellectuelle qui est appliquée aux Palestiniens : la révolte de ces derniers n'a aucunement commencé le... 7 octobre 2024 mais il y a trois-quarts de siècle, en 1948, lorsque fuyant l'antisémitisme européen et "La destruction des Juifs d'Europe" (titre de l'ouvrage de l'historien étasunien Raul Hilberg), les adeptes du Talmud émigrèrent en Palestine et y chassèrent les Palestiniens, multipliant attentats, massacres et déportations.
Pour en revenir au vocabulaire et éviter d'"ajouter au malheur du monde", il ne faut pas confondre "racisme" et "racialisme". Ce dernier terme renvoie à l'attitude hostile des colonisés envers leurs colonisateurs parce que la coupe est pleine, parce que trop c'est trop, parce que les premiers ne supportent plus le mépris et l'exploitation. Le racisme est une théorie alors que le racialisme est un comportement, une réaction (épidermique) plus exactement. Que des colonisés puissent parfois verser dans le racialisme ne saurait être contesté mais à aucun moment ils ne se considèrent comme des êtres supérieurs. Les Kanaks réclament tout simplement de pouvoir s'autogouverner, d'avoir la pleine et entière maitrise de leur terre ancestrale. Rien d'autre ! Quand on entend "Mort aux Blancs !" à Nouméa ou "Il y a trop de Métros chez nous !" à Fort-de-France ou à Pointe-à-Pitre, ces propos relèvent du racialisme et non du racisme. Le racialisme est la conséquence directe du racisme. Jean-Paul Sartre l'avait bien compris lorsque dans sa préface aux Damnés de la terre (1961), il écrivait qu'"un bon colon est un colon mort".
Les colonisés veulent la mort du colon, pas celle du Blanc. Ils veulent la mort du colonialisme en clair.
Il est quand même curieux que les Caldoches et les Békés ne parviennent toujours pas à comprendre cette évidence. Les Afrikaners, inventeurs pourtant du sinistre "Apartheid" en Afrique du Sud, ont fini, eux, par le comprendre et aujourd'hui, les 5 millions de Blancs sud-africains ne vivent nullement dans la crainte d'être expulsés vers l'Europe.
Caldoches et Békés veulent-ils finir un jour comme les Pieds-Noirs d'Algérie ?
La balle est dans leur camp.
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite
Commentaires
Une affaire de définition ?
Emile
25/05/2024 - 19:46
Quand on définit le racisme par le suprémacisme, il suffit de postuler l'absence de suprémacisme pour nier tout racisme.
Toutefois, le racisme s'exprime aussi sans suprémacisme. C'est le cas quand on adopte un comportement injurieux, discriminatoire ou violent envers une personne à cause de son origine nationale ou ethnique, sans prétendre lui être supérieur.
Ainsi, CNews a récemment écopé d'une amende car l'un de ses chroniqueurs a déclaré que l'antisémitisme dans les facultés résulte (selon lui) de l'immigration arabo-musulmane.
Le motif de l'amende n'est pas le suprémacisme, qu'on peine à discerner. C'est que les propos tenus "imputent des faits et comportements graves à un groupe de population dans son ensemble", ce qui peut "encourager des comportements discriminatoires" à l'égard de ce groupe, "en raison de son origine ou de sa religion".
Autre cas : un Marseillais, responsable d'un club nautique, a dit récemment : "Y en a marre des Arabes", sans se poser en être supérieur. Il considérait que la coupe était pleine, que trop c'était trop. Eh bien, il a suscité l'indignation des autorités. SOS racisme est monté au créneau. Je dis bien SOS "racisme". L'intéressé a dû démissionner de son club.
Or quand on entend "Mort aux Blancs" dans la bouche de certains en Nouvelle-Calédonie, sans trop solliciter les mots, on peut quand même y déceler comme une sorte d'encouragement à un comportement quelque peu discriminatoire et violent à l'égard des Blancs, ce qui ressemble au racisme.
Idem quand en Martinique, on écrit "Fwansé Déwo" au bord des routes.
Certes, l'article laisse entendre, qu'en fait, ni les Blancs, ni les "Fwansé" ne sont visés. Mais le colonialisme. Dire alors "Mort au colonialisme" serait bienvenu.
RACISME/RACIALISME
Albè
26/05/2024 - 12:58
A quoi a-t-il servi que l'auteur de l'article fasse un distinguo entre "racisme" et "racialisme" si c'est pour que vous tentiez de noyer le poisson. Pour reprendre votre exemple, le Marseillais qui dit "Y'en a marre des Arabes !" fait bien preuve de racisme et se croit supérieur à ces derniers alors que le Kanak qui dit "Mort aux Blancs !" se se croit aucunement supérieur à un Blanc. Il fait preuve de racialisme, pas de racisme. Parce qu'il ne supporte plus le racisme et la domination coloniale.
RACISME OU SUPREMACISME ?
F. GUEYE EX A.DIALLO
26/05/2024 - 15:43
On constate depuis qq temps une confusion entre les termes de racisme et de suprémacisme.Cette confusion concerne plusieurs médias.Or les deux termes ne sont absolument pas interchangeables ,quoique proches.Beaucoup de sociologues ou d'anthropologues vous diront qu'il y a plusieurs types de racismes.Certains se rapprochent évidemment du suprémacisme (Afrique du sud de l'apartheid ,Martinique esclavagiste et coloniale etc..),d'autres pas. Exemples : Qq'un dit "Je déteste les Chinois et les Asiatiques en général car je n'aime pas leurs crânes plats et leurs yeux bridés" C'est un propos évidemment raciste, mais pas suprémaciste car il n'établit pas de HIERARCHIE STRICTE entre les Asiatique et le groupe auquel appartient celui qui s'exprime.D'ailleurs vous remarquerez qu'on n'a pas besoin de savoir à quel groupe ethnique appartient celui qui s'exprime pour identifier une telle phrase comme raciste.Par contre on ne peut la qualifier de suprémaciste car pour la considérer comme instituant une HIERARCHIE, il faudrait avoir un élément dont on ne dispose pas :l'origine raciale de celui l'ayant prononcée.
Alors pourquoi le terme de suprémacisme tend-il à remplacer dans certains discours celui de racisme? .Très simple :c'est pour des raisons politiques .Le terme de "suprémaciste" étant (à juste titre !!!!) extrèmement offensant ,on l'utilise abusivement parfois quand il s'agit de déconsidérer des adversaires politiques.Cela n'est pas nécessaire : le racisme est en soi une chose suffisamment dégueulasse pour qu'on se croit obligé de lui substituer un terme différent.Le suprémacisme et le racisme sont deux réalités abjectes .Inutile de les confondre.