Il y a des films qui ne cherchent pas à raconter une histoire, mais à délier des strates enfouies, à fissurer le langage des apparences pour mieux en exhumer les murmures. Le "Fanon" d’Abdenour Zahzah ne s’installe pas dans le récit, il s’installe dans le trouble. Il ne donne pas la parole à Frantz Fanon comme on érige une statue ; il le fait revenir à l’écran comme on rouvre une archive que le feu n’a pas consumée. Non pas tant pour l’interroger, mais pour entendre à travers lui une époque malade, un hôpital comme métaphore d’un pays en convulsion, et une voix — peut-être — pour recoudre les deux.
Je l’avais vu une première fois aux 19e Rencontres Cinématographiques De Béjaia, en septembre 2024. Il y a des projections qui laissent des traînées de cendre : le feu n’a pas pris, pas vraiment, mais quelque chose avait charbonné en moi. Ça n’avait qu’à moitié fonctionné, et pourtant, le film s’était logé dans une zone grise, entre la gêne et la fascination, une zone d’où il n’a plus bougé. Je ne me suis jamais senti proche du cinéma de Zahzah. Trop trop appliqué, trop raide peut-être. Mais là, il se passait quelque chose. Une faille. Une forme d’obstination. Une lenteur qui n’était plus du style mais du travail.
À l’occasion de la sortie du film ce 23 juillet, je l’ai revu. Et là, comme souvent, c’est en y revenant que j’ai compris. Zahzah est allé très loin. Pas trop loin — non — mais suffisamment loin pour me faire fermer ma gueule. Suffisamment loin pour que je me taise enfin et que je consacre le temps qu’il faut à questionner ce film, très beau, austère, minéral. Un film qui, comme Fanon lui-même, ne cherche pas à convaincre mais à déplacer.
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