Fin du mois ou fin du monde, il faudra bientôt choisir

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   Pendant que les habitants de la Planète bleue s'étripent un peu partout (Russie/Ukraine, Israël/Palestine) ou menacent de s'étriper (Corée du Nord/Corée du Sud, Iran/Arabie Saoudite) ou se livrent à des guerres intestines (Birmanie, Yémen, Ethiopie) ou encore à des joutes électorales risibles au regard du danger qui menace l'humanité entière (Etats-Unis, France), la température monte. Monte, monte...

   Il a ainsi fait 56° pendant plusieurs jours en Inde, notamment dans sa capitale, New-Dehli. Cela avec des pointes à 60° en milieu de journée ! On a dû mal à y croire mais les images terribles de populations, surtout les plus pauvres, se retrouvant dans une détresse absolue sont sans appel : le fameux "réchauffement climatique", dont beaucoup de brillants esprits continuent de douter, est bel et bien là. Il est vrai que peu d'entre nous savent que la température moyenne du globe est de...15°.

   Le responsable est pourtant parfaitement identifié : le capitalisme. Pas seulement le capitalisme libéral (Occident) mais tout autant le capitalisme autoritaire (Chine, Russie). Tous deux reposent sur une exploitation forcenée de la nature à partir d'une véritable obsession : la "croissance", le "développement", la "modernisation" etc... C'était déjà aussi le cas du communisme avant l'effondrement du bloc soviétique avec l'image emblématique de ce mineur de fond, Stakhanov, qui extrayait trois fois plus de charbon par jour que ses camarades de travail et qui fut érigé en véritable héros, donnant naissance alors au néologisme "stakhanoviste". Sans même parler du barrage des Trois-Gorges, en Chine, monstrueuse construction qui a ralenti, réussi l'exploit de ralentir plus exactement, la vitesse de rotation de la Terre. Certes, de 0000,1 milliseconde, mais tout de même ! Il suffirait de construire cinq ou six barrages du même type dans d'autres pays, cela au nom du "développement", pour que ce ne soit plus la vie humaine, animale et végétale qui soit menacée comme c'est présentement le cas, mais carrément la planète elle-même.  

   Face au capitalisme libéral et à son frère siamois le capitalisme autocratique, les partisans d'une "société de la sobriété", couramment dénommés "écologistes", sont en bien piètre position. Ils ont été longtemps pris pour de doux rêveurs, voire des loufoques, des sortes de néo-Amish jusqu'à ce qu'on finisse par leur concéder des strapontins dans les gouvernements capitalistes (libéraux et autoritaires). Cela a fini par les cantonner à la défense des oiseaux et des tortues, chose éminemment louable, mais qui est vite devenu un hochet. Les ministères de l'écologie sont, en fait, des plaisanteries ! Pourquoi ? Parce que c'est l'ensemble de nos sociétés qui doivent être "écologisées" : le transport, l'aménagement du territoire, la pêche, l'agriculture, l'industrie etc...L'ensemble !

   Le problème est que les deux capitalismes nous ont habitués à ce que l'on appelle "le toujours plus". Evidemment, un ouvrier américain ou russe en reçoit mille fois moins qu'un milliardaire yankee ou un oligarque moscovite, mais il rêve de pouvoir, lui aussi, grapiller une part de cette manne. Ce "rêve" est entretenu par la publicité massive, non seulement à la télévision et sur l'Internet, mais aussi dans... la rue. En permanence. Nuit et jour. Si on vous parachutait dans une grande ville inconnue de vous, vous mettriez du temps à savoir si vous êtes à Los Angeles (capitalisme libéral) ou à Shanghai (capitalisme autoritaire). Le capitalisme a uniformisé le monde entier. 

   Les "rêveurs" prolétaires ne sont évidemment pas en cause. Ceux qui le sont ont pour nom : milliardaires, oligarques, monarques et autres satrapes. Car le prolétaire, lui, il pense d'abord à la fin du mois avant de penser à la fin du monde. Il pense à son modeste salaire qui fond avant le quinze du mois, à son frigo qui se vide, à son loyer, ses factures, à toutes les charges qui pèsent sur lui. Et là surgit un problème, un gros problème, que n'ont pas encore réussi à résoudre les écologistes : trouver une adéquation entre défense de la planète et justice sociale. Cela n'est pas chose facile du tout. Le prolétaire, qui vit déjà plus que sobrement, se méfie de ceux qui prônent une société de sobriété et cela est parfaitement compréhensible.  Exemple : il est pointé du doigt parce qu'il roule au gasoil beaucoup plus polluant que le sans-plomb. Sauf que le gasoil coûte mois cher (avant la guerre en Ukraine en tout cas) et qu'il est contraint de l'utiliser, ne pouvant s'offrir une Tesla.

   Des penseurs de l'écologie ont depuis quelques années déjà posé les bases d'une adéquation entre défense de l'environnement et justice sociale mais leurs propositions sont demeurées au stade de la théorie jusqu'à présent faute de pouvoir les mettre en oeuvre. Un (e) ministre de l'écologie, lorsqu'il faut faire un arbitrage sur un sujet quelconque, ne pèse d'aucun poids devant un ministre de l'industrie ou de l'agriculture, chose qu'a très vite comprise un Nicolas Hulot. 

   Pendant ce temps, la planète brûle...

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