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Pour la plupart d’entre nous, le parlement, Assemblée nationale et Sénat, sont des institutions dans lesquels des gens comme il faut, habillés comme il faut, parlant comme il faut, votent les lois.
Les débats se tiennent dans des lieux où tout est moquettes et tapis, voilages et tentures, lustres, dorures et meubles cirés. On parle à ce propos des ors de la République.
Mais comme toujours, il y a le décors, fastueux il est vrai et l’envers du décor, beaucoup moins reluisant.
Pour ce dernier édito je vais donc vous citer in extenso les propos tenus par François Ruffin, député de la première circonscription de la Somme, décrivant le travail des petites mains, de ces femmes qui, dans les palais de la République et notamment au Palais Bourbon, siège de l’Assemblée nationale, ont la charge de son entretien, dans des conditions que je vous laisse découvrir.
C’est François Ruffin qui parle de la tribune de l’Assemblée nationale s’adressant au ministre et aux députés, écoutez bien :
« Ce matin, on a tapauté à la porte de ma chambre-bureau, j’étais encore au lit et je n’ai pas réagi. La porte s’est ouverte et j’ai grogné un « je suis la » et la porte s’est refermée avec un « Oh pardon » !
Comme j’étais réveillé, je suis descendu au petit déjeuner. Quand je suis remonté le tapis de douche ne trainait plus dans la salle de bain, la cuvette des toilettes était récurée, les serviettes changées, les poubelles vidées.
Le même miracle de reproduit tous les jours.
Ce n’est pas l’œuvre d’une fée, non, mais de femmes.
J’ai échangé avec elles, rapidement, dans les couloirs.
Elles arrivent à 6h, elles repartent à 10h. Assez tôt pour ne pas déranger le travail des députés. Du lundi au vendredi, ça leur fait une vingtaine d’heure par semaine.
A raison de 9€ de l’heure, leur paie s’élève à 600€ et quelques par mois.
Bénéficient-elles de tickets-repas ? NON ! Ont-elles un treizième mois ? Non !
Des primes de panier ? De salissure ? Non !
Seulement 50% de réduction sur le pass Navigo. Et tant mieux, parce qu’elles ont une petite heure de transport à l’aller et autant au retour.
Ce pupitre ciré ici, c’est elles. Les cuivres lustrés, c’est encore elles. Les marbres luisants, c’est toujours elles. Elles sont partout et pourtant elles sont absentes ? C’est le propre de la propreté, elle ne laisse pas de traces. Leur travail est invisible.
D’autant qu’on s’applique à les rendre, elles aussi, invisibles. Elles viennent ici tôt le matin, en horaire décalés. Pour nous éviter de les croiser. Et peut-être pour nous épargner la honte.
Car comment n’aurions-nous pas honte ? Honte de ce fossé ? Sous le même toit, dans la même maison, elles sont payées dix fois moins, avec toutes des temps partiels contraints, toutes sous le salaire minimum, toutes sous le seuil de pauvreté.
Notre Parlement, plein de raisonnement et de bons sentiments s’accommode de cette injustice de proximité.
Je mentionne ça parce que c’est sous nos pieds, sous notre nez. Je le mentionne également parce que c’est à l’image de la France.
Toutes les entreprises, toutes les institutions, les universités, les Régions, les lycées, maintenant les collèges, bientôt les hôpitaux, les gares « externalisent » leur entretien.
Ça fait moderne « externaliser » ça fait des économies surtout. Cela signifie que silencieusement, au fil des décennies, des milliers de femmes et à vrai dire des centaines de milliers de femmes, ont été poussées vars la précarité, vers des horaires coupés, vers des paies au rabais.
Je le mentionne enfin parce que ça vaut pour le ménage mais au-delà aussi. Ça marche pareil pour les AVS, auxiliaires de vie sociale et auxiliaires de vie scolaire, pour les assistantes maternelles, pour les emplois à domicile en tout genre.
Pour toutes celles, des femmes le plus souvent, pour toutes celles qui s’occupent de nos enfants, des personnes âgées ou handicapées. Quand ce travail n’est pas tout simplement gratuit dans la sphère familiale, compté pour 0 dans un PIB aveugle.
J’entends volontiers parler, dans cet hémicycle et ailleurs, d’une « société de service » et chaque fois, ça nous est vanté avec gourmandise, comme une promesse de bonheur. Forcément, nous sommes du côté des servis.
Servis ici à l’Assemblée et aux petits ognons, servis dans les hôtels, servis dans les superettes, servis jusque chez nous par des nounous. Méfions-nous, méfions-nous que cette société de service ne soit pas une société de servitude, avec le retour ses serfs et des servantes, des bonniches, mais sous un nouveau visage, sous un autre nom, plus moderne, plus acceptable, et qui nous laisse à nous la conscience en paix.
Avec en prime, en plus de la chemise repassée, de la moquette aspirée, des chèques Emploi Service défiscalisés. Notre confort est assis sur cette main d’œuvre bon marché.
Alors, depuis cette semaine, l’ambition présidentielle est partout martelée : à travail égal, salaire égal. Fort bien !
Mais ça ne suffit pas. Vous devez, nous devons revaloriser les métiers largement occupés par des femmes, leur bâtir de réels statuts, leur garantir des revenus. D’autant qu’ils sont, ces métiers, bien souvent, les plus utiles.
Virez les publicitaires, vire les traders, virez les nuisibles ! Mais payez comme il faut les aides-soignantes, les infirmières, les auxiliaires de puériculture.
Avant de légiférer pour le pays, qu’on me permette de démarrer plus petit : puisque se mène, nous dit-on, une grande réforme de notre assemblée, qu’on ne les néglige pas, ces femmes de ménage. Qu’on les intègre au personnel ! Qu’elles bénéficient de temps complets, de primes et de treizième mois. Qu’elles ne touchent pas, sans doute, nos salaires de parlementaires mais qu’elles gagnent un revenu décent, digne d’elles et digne de nous. Qu’elles passent au-dessus du SMIC et du seuil de pauvreté
Monsieur le Ministre, Mme la rapporteur, mes chers collègues, j’espère vraiment que, pour une fois, mon vœu sera exaucé. Je compte sur vous.
Ou alors, je vois une autre option.
Dans « Tenue de Soirée », Jean-Pierre Marielle demande : « Vous savez à quoi on reconnait un riche ? »
« C’est quelqu’un qui ne nettoie pas ses toilettes lui-même ! ».
Une alternative alors, c’est que les députés et leurs équipes nettoient leurs toilettes eux-mêmes et qu’avec une telle mesure, cette tâche ne soit plus attachée à un genre et que l’on compte, parmi nous, des hommes de ménages et des hommes pipi ».
Rappelez-vous bien du nom de ce courageux député à qui j’ai simplement prêté ma voix : Il s’agit de François Ruffin, sans doute futur candidat à la présidence de la République française, en tout cas, je le souhaite, vous l’aurez compris.
Un regret quand même : avec une situation sociale bien pire dans notre pays, la Martinique, quand donc s’élèvera, des travées de l’hémicycle de la CTM, une voix qui prendra fait et cause pour ceux que la naissance, la vie, le sort, la rapacité de quelques profiteurs, la méconnaissance et le manque d’intérêt de nos représentants, parfois leur égoïsme a laissé et laisse, depuis si longtemps, sur le bord de la route ?
Votre arabophobie et vos changements incessants de pseudos pour pouvoir poster vos commentaires s Lire la suite
Je suis frappée par le peu d'enthousiasme que manifestent les media martiniquais (en général, si Lire la suite
Cette situation n'est absolument pas étonnante :au delà de cet exemple pris en France, il ne faut Lire la suite
En deux occasions, j'ai eu un sentiment ressemblant, mais heureusement de façon fugace. Lire la suite
..tu fais ce genre de confusion :même un mauvais élève de sixième ne confondrait pas Non-Blancs e Lire la suite