Il a été nommé Chevalier des Arts et des Lettres

   Bon, pour un chevalier chevaucher un cheval en bois, c'est pas très glamour d'autant que le bougre aurait quand même pu enfourcher un chouval-bwa. Ca aurait fait plus natif-natal, plus authentiquement insulaire. 

   D'aucuns s'indigneront de cette haute distinction décernée par l'Amère-patrie à un amuseur public pour qui célébrer le zizi est un gagne-pain. Ces personnes se trompent sur toute la ligne. Le vrai problème, jamais mis sur la table, est l'arrimage des "Arts" et des "Lettres", choses qui en réalité n'ont pas grand chose en commun. 

   Pourquoi ?

   Parce que les "Lettres", la littérature si l'on préfère, n'est pas un "Art". Pas au sens vrai du terme ! Un Art c'est la musique, la peinture, le cinéma, la danse etc...tandis que la littérature fait partie des "Sciences". N'ouvrez pas grand les yeux ! Elle fait partie des Sciences humaines et sociales avant tout. Si 'on veut comprendre l'ascension de la bourgeoisie en France au 19è siècle, par exemple, il faut se plonger dans les romans de Zola et de Balzac. Si l'on veut comprendre les rouages su stalinisme, il faut ouvrir les livres de Soljénitsine. Si l'on veut comprendre "la société d'habitation", on lit Joseph Zobel. 

   Autant dire que ce que l'on appelle la littérature est un mélange dethnologie, de sociologie, d'histoire, de psychologie, d'économie, de psychanalyse etc... et invoquer "le style" pour la différencier de ces Sciences humaines et sociales n'a aucun sens. L'anthropologue Lévi-Strauss, le sociologue Pierre Bourdieu ou encore le psychanalyste Jacques Lacan ont dix fois plus de "style" que tous ces écrivaillons qui sont persuadés que la littérature c'est de l'art. Chez eux, c'est plus lard (et du cochon) à vrai dire...

   Le "style" qu'on prête aux écrivains disparaît d'ailleurs quand la langue dans laquelle ils écrivent meure et comme chacun sait toutes les langues sont mortelles même si elles conservent le même nom pendant des siècles. Un Grec d'aujourd'hui ne pourrait pas discuter avec Platon ni un Français avec François Villon. Conclusion : le fameux "style" disparaît avec la langue. Reste le contenu, la consistance de l'oeuvre. Et les meilleures traductions du monde n'y peuvent rien : quand on traduit Les Bucoliques du poète latin Virgile en français, anglais ou allemand, il est impossible de reproduire son "style".

   Traduttore, Traditore (Tout traducteur est un traitre) dit-on avec raison en italien...

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