...aujourd'hui partout, si tout ce que la Martinique compte comme municipalités, associations, groupes culturels, médias etc...célèbrent notre langue, organisent des "dikté kréyol", des "jounen kréyol" etc... c'est parce que dans les années 80 du siècle dernier__il y a donc 40 ans déjà !__des défenseurs de la langue s'étaient mobilisés.
Linguistes, écrivains, militants culturels, journalistes, artistes etc..., chacun dans son domaine s'est employé à lutter pour que le créole ne soit plus considéré comme un vulgaire patois et relégué à l'expression des injures et des blagues. Ce combat de 40 fut extrêmement difficile car les pro-créole faisaient face à trois adversaires : l'indifférence de la majorité des Martiniquais ; l'hostilité virulente de certains de ces derniers ; l'Etat français jacobin dans l'âme comme l'on sait. Ce combat a failli être perdu car même au sein du mouvement dit "nationaliste" ou "indépendantiste", beaucoup ne comprenaient toujours pas qu'il ne s'agissait pas tant de "parler" le créole que de l'"écrire" c'est-à-dire de le transformer en langue de plein exercice. Jusqu'à aujourd'hui d'ailleurs, cette idée pourtant simple ne s'est toujours pas imposée.
Au début des années 80, il a donc fallu doter le créole d'une graphie propre et le mérite en revient à feu Jean Bernabé. Cette graphie en rupture avec l'orthographe du français avait immédiatement suscité railleries et rejet de la part du camp assimilationniste et de la petite bourgeoisie. Il a fallu ensuite publier des grammaires, des dictionnaires etc..., ce à quoi s'employa le GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créole) sous la houlette du même Jean Bernabé. Du côté des militants apparut le premier journal entièrement en créole, Grif An Tè, qui dura quatre ans (1979-1983), publia 52 numéros et dont le directeur de publication était le sociologue Serge Domi. S'agissant des écrivains, recueils de poèmes, pièces de théâtre, romans en créole etc... surgirent sous la plume de Raphaël Confiant, Daniel Boukman, Georges Mauvois, Térez Léotin, Jid (Jude Duranty), Georges-Henri Léotin, Monchoachi, Jala, Serge Restog, Eriz Pezo, Jean-François Liénafa, José Alpha, Fernand Fortuné et tant d'autres. Au niveau de la musique, les groupes de bèlè et Kassav firent rayonner le créole non seulement en Martinique mais un peu partout à travers le monde. Enfin, après la libération des ondes, apparurent des radios-libres comme RLDM et RADIO-APAL dont la langue principale était le créole.
Sinon, il a fallu se battre pour créer une Licence, un Master et un Doctorat d'Etudes Créoles à l'Université des Antilles, puis amener le Ministère de l'Education Nationale a créer un CAPES de créole (2000) puis une Agrégation de créole (2020). Tout cela fut encore l'oeuvre du GEREC au sein duquel oeuvrèrent, aux côtés de Jean Bernabé, les universitaires Robert Damoiseau, Jean-Charles Hilaire, Jacques Coursil, Raphaël Confiant, Marijosé Saint-Louis, Raymond Relouzat, Elisabeth Vilayleck, Gerry L'Etang etc...pour la Martinique et Danik Zandronis, Donald Colat-Jolivière, Robert Fontès etc...pour la Guadeloupe.
Un jour, il faudra bien qu'on écrive l'histoire de ce combat de 40 ans en faveur du créole dont on peut voir les fruits aujourd'hui puisque comme dit le proverbe : Neg pa ni mémwè...
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite