Pour une "information équilibrée" en Martinique

Rubrique

   Nous nous voyons contraints de relever le manque d'efforts d'objectivité journalistique de la part de certains (es) journalistes professionnels de certains médias martiniquais.

   D'abord, au sein du quotidien FRANCE-ANTILLES, ensuite au sein de MARTINIQUE la 1è, pourtant chaine publique et donc vivant des impôts des citoyens. En effet, la couverture des événements sociaux qui se déroulent depuis le 1er septembre dernier ne montre aucun EFFORT d'objectivité journalistique de la part de certains d'entre les journalistes de ces deux médias. Nous avons mis le mot "Effort" en lettres capitales car nous savons bien que la fameuse "objectivité journalistique" n'existe pas. Cependant, dans toutes les écoles de journalisme, on apprend aux étudiants à tendre vers une information "équilibrée" et à éviter de mêler autant que faire se peut leurs convictions personnelles avec l'information qu'ils sont payés pour délivrer au grand public. 

   Autant un journal appartenant à un parti politique, un syndicat, une association, un regroupement religieux etc... a tout à fait le droit d'avoir une ligne et donc de traduire l'actualité à sa manière, autant des organes qui prétendent s'adresser au grand public n'en ont pas le droit. S'ils passent outre, cela a un nom : la manipulation de l'opinion publique. Par exemple, nous pouvons examiner les pratiques de notre propre site-web (journal en ligne), FONDAS KREYOL. Ce dernier n'appartenant à aucun parti, syndicat, association etc... se fait un devoir d'ouvrir ses colonnes à toutes les opinions qui composent notre paysage politique local : droite assimilationniste, autonomistes, indépendantistes, souverainistes, écologistes et autres. La diversité de nos chroniqueurs reflètent l'EFFORT que nous nous imposons de donner une vision équlibrée, non-partisane, de la vie pas seulement politique mais aussi syndicale, associative, culturelle etc...de notre pays. 

   Ajoutons à cela que nous avons toujours refusé de nous appuyer sur la publicité capitaliste afin d'avoir les mains complètement libres, cela tant au cours des 15 ans d'existence de notre premier site-web, MONTRAY KREYOL, qu'au cours des 4 ans de son successeur, FONDAS KREYOL. Nos dépenses sont financées grâce à des côtisations mensuelles d'un certain nombre de personnes de toutes opinions politiques, cela par le biais d'une association de Loi 1901 dénommée l'AAMK à laquelle tout un chacun peut adhérer en nous contactant à l'adresse-mail suivante : montraykreyol@gmail.com.

   Pour en revenir au manque d'efforts d'objectivité journalistique de certains (es) journalistes des deux médias évoqués plus haut, nous préférons mettre cela sur le compte de la jeunesse de ceux-ci et parfois sur leur manque de connaissances historiques. Un exemple ? nous demandera-t-on. Le voici : quand tel ou tel écrit ou dit à l'antenne que la revendication contre la vie chère est "nouvelle", ce ou cette journaliste soit est ignorant (e) soit trompe ses lecteurs. Pourquoi ? Parce que cette problématique date de... 1953 (il y a donc trois-quarts de siècle) quand l'Etat français avait jugé que le coût de la vie était beaucoup trop élevé pour les fonctionnaires "métros" et leur avait attribué une "prime de vie chère" mensuele de 40% sur leur salaire. Très vite, les fonctionnaires martiniquais s'étaient révoltés et avaient fait trois mois de grève pour pouvoir obtenir le même avantage.

   "Prime de vie chère" que cela s'appelait officiellement (l'expression "les 40%" étant venue bien après), donc dire ou écrire que "la revendication contre la vie chère" est quelque chose de "nouveau" revient à faire preuve soit d'ignorance crasse soit d'une volonté de manipuler le lectorat ou l'auditorat.

   On peut d'ailleurs prendre un deuxième exemple : lorsque tel ou tel journaliste dit ou écrit que les événements actuels sont "sans précédent", c'est tout autant erroné. En effet, lors de la grève générale de Février 2009 qui dura 1 mois, il y eut régulièrement entre 10.000 et 20.000 personnes dans les rues de Fort-de-France. Pas 2.000 ou 3.000 comme c'est le cas du Mouvement qui cherche à Aligner les Prix sur ceux de la "Métropole". Pourtant, ceux qui luttaient contre "la vie chère" en 2009 ne disposaient pas de live Tik Tok ! 

   La seule différence entre les mouvements contre la vie chère d'autrefois et celui d'aujourd'hui est que ce dernier a tétanisé la classe politique et syndicale, les leaders dudit mouvement ayant déclaré urbi et orbi qu'ils ne voulaient avoir affaire à aucun des partis et syndicats traditionnels. Pareil rejet ne s'était jamais produit dans l'histoire politique post-esclavagiste de la Martinique ! Cette sorte de tabula rasa idéologique est, oui, complètement inédite et c'est ce que nos journalistes auraient dû analyser au lieu de tenter de faire passer leurs opinions personnelles en contrebande. Ensuite, ils auraient dû analyser l'expression "Afro-caribéen" au lieu de le considérer comme une évidence car elle n'avait jamais été utilisée auparavant dans le champ politique martiniquais. On ne la trouvait jusque-là que dans des études universitaires d'affiliation afrocentriste mais Ti-Sonson ne l'avait jamais entendue. Le troisième élément qui aurait dû interpeller nos journalistes est l'utilisation des réseaux sociaux d'autant plus que ladite utilisation a ringardisé un temps les journaux, radios et chaînes de télé. Avec un minimum de culture politique, ils et elles auraient dû rappeller à leurs lecteurs que le fameux "Printemps arabe" (2011) avait été le premier mouvement de revendication à s'être appuyé sur ce nouvel outil dit "numérique" etc...etc...

   Bref, il y avait nombre de points à analyser au lieu de répéter aveuglément le discours des activistes ou de chercher à le faire subrepticement avaliser par les lecteurs, auditeurs et télespectateurs. Ou de répéter le discours de la Préfecture.

   Qu'on nous comprenne bien : chacun a le droit d'avoir ses opinions personnelles mais dès l'instant où l'on exerce au sein d'un média GRAND PUBLIC, on se doit de donner à ce dernier une "information équilibrée". En tout cas, c'est ce que nous nous efforçons, malgré nos faibles moyens, de faire sur notre site-web, FONDAS KREYOL. Ne pas s'astreindre à cette (certes difficile) discipline, c'est paver la voie à des lendemains qui déchantent. 

   NB. Outre l'effort visant à diffuser une information équilibrée, nos journalistes professionnels gagneraient également à ne pas "mentir sur la vérité" comme on dit en créole c'est-à-dire à "mentir par omission". Exemple : si des compagnies de CRS ont bien été récemment envoyées chez nous (après leur départ suite aux événements de décembre 1959), il est très exagéré de dire ou d'écrire qu'elles ont utilisé "la violence coloniale". L'Etat français n'a plus utilisé la force brutale, létale plus exactement, contre les mouvements sociaux martiniquais depuis la grève des ouvriers de la banane en... février 1974. C'est-à-dire depuis presqu'un demi-siècle ! En 1974, des gardes-mobiles avaient mitraillé de sang froid des grévistes à Chalvet, dans la commune du Lorrain. Après cette date, l'Etat français a utilisé d'autres moyens, certes tout aussi condamnables, contre les révoltes populaires mais sans utiliser la violence dont elle a fait usage encore récemment contre les Gilets Jaunes ou la révolte des banlieues suite à l'assassinat du jeune Nahel. Nos journalistes auraient dû questionner le fait que les tirs à balles réelles des "lumpen", qui ont profité de la situation pour s'agréger au Mouvement, ont été dirigés contre la police (majoritairement constituée de Negs), qui a compté 19 blessés dans ses rangs, et non contre les CRS (majoritairement composés de "Métros"). Ce n'est pas du tout par mollesse que l'Etat français et son préfet n'ont pas utilisé la force brute contre les activistes, c'est tout simplement parce qu'ils ont été tout autant surpris et tétanisés que nos politiques et syndicalistes par un Mouvement qui semblait avoir surgi de nulle part. Et là, encore une question qui aurait du faire cogiter nos journalistes professionnels : comment un tel mouvement a-t-il pu surgir dans la seule Martinique et non en Guadeloupe ou en Guyane lesquelles ont pourtant un revenu par tête d'habitant inférieur à celui de la Martinique ? Et aussi pourquoi le mouvement martiniquais n'a pas fait tache d'huile alors que celui de Février 2009 avait d'abord commencé en Guadeloupe avant de s'étendre à la Martinique ?

   Pratiquer un journalisme sérieux revient à se poser des questions et non à répéter comme des "jako-répet" des slogans entendus dans la rue ou à l'inverse le discours du Pouvoir et donc de l'Etat français. 

 

Connexion utilisateur

Commentaires récents

  • Des migrants marocains réduits à l’esclavage moderne en France

    Rectificatif

    Nuit noire

    24/12/2024 - 20:02

    Un lapsus s'est glissé dans mon commentaire ci-dessus: Lire :..les Palestiniens de Gaza et non . Lire la suite

  • Des migrants marocains réduits à l’esclavage moderne en France

    Je vous prends au mot ...

    Nuit noire

    24/12/2024 - 16:51

    1) Comme vous le dites vous-même: " étant les premiers concernés" par le "racisme anti-noir" des Lire la suite

  • Des migrants marocains réduits à l’esclavage moderne en France

    DE TRAVERS...

    Albè

    23/12/2024 - 19:19

    Soit vous comprenez tout de travers soit vous déformez tout ! Lire la suite

  • Des migrants marocains réduits à l’esclavage moderne en France

    Vous vous contredites vous-même (pardon du pléonasme ..)

    Nuit noire

    23/12/2024 - 11:47

    Si on vous suit bien l'Afrique du Sud NE DEVRAIT donc PAS condamner Israel puisqu'elle n'est ni Lire la suite

  • Des migrants marocains réduits à l’esclavage moderne en France

    FUITE...

    Albè

    23/12/2024 - 10:52

    Ne prenez pas les gens pour des imbéciles avec vos habituels commentaires deux fois plus longs qu Lire la suite