LES JUGES DE PARIS REFUSENT D’ENTENDRE LES OUVRIERS ET EXPLOITANTS AGRICOLEs CAR ELLES ONT PEUR DE LA VERITE.

Raphaël Constant

Il ne fait plus de doute que vaille que vaille, contre l’évidence, l’histoire et même le droit, les deux juges d’instruction de Paris vont, avec le soutien de leur hiérarchie, vers le prononcé d’un non-lieu.

Les avocats de d'Ecologie Urbaine avaient déposé en juillet dernier deux demandes d’actes visant d’une part à ce que des exploitants et ouvrier agricoles soient entendus (environs une quinzaine) et d’autre part qu’une expertise soient ordonnée pour tenter de déterminer le pourcentage de morts dans le milieu agricole depuis le début des années 1990.

Pour appuyer ces demandes, les avocats avaient produit des attestations écrites d’ouvriers agricoles indiquant que sur telles ou telle habitation ils avaient utilisé du curlone et d’autres pesticides jusqu’en 2004. Des exploitants agricoles avaient aussi témoigné en précisant l’obligation qu’ils avaient d’utiliser du curlone pour recevoir des subventions et près de qui ils se fournissaient. J’insiste sur le courage de ces hommes et femmes qui ont accepté de parler et dire la vérité, dans un climat de pression et de peur. Entre temps, un des témoins est mort d’un cancer issu de l’usage du poison ! 

Ces témoignages posaient manifestement un problème à l’orientation de l’enquête et de l’instruction.

En effet, étant bien établi dans les faits qu’au début des années quatre vingt dix de l’autre siècle, plus de 1500 tonnes de curlone avaient été livrés en Guadeloupe et Martinique, il se posait la question de savoir jusqu’à quand ils avaient été utilisés.

Ces témoins soutenaient que cette utilisation a été faite jusqu’en 2004, au moins en Maartinique sur certaines habitations.

Si ceci était confirmé, cela balayait la thèse reprise par les juges et le Parquet de Paris que le point de départ de la prescription était 1993. Cela posait d’autant des ordres à utiliser ce poison en toute connaissance de cause de sa dangerosité ! Cela mettait à mal l’architecture du dossier d’instruction.

Face à cette demande d’audition d’hommes et de femmes aujourd’hui malades et pour certains en fin de vie, avec indignité (je pèse mes mots), ces juges d’instruction ont résolu la question en décidant de refuser d’entendre ces témoins ou qu’ils soient entendus par les enquêteurs

Il est vrai qu’en cassant le thermomètre, le malade n’a plus de fièvre. Le malade est mort.

La défense avait donc fait appel.

Le président de la Chambre de l’Instruction vient de rendre deux ordonnances disant qu’il n’y a même pas lieu à discuter devant sa juridiction des décisions de refus de ces collègues.

Une succession de dénis de justice où le droit de témoigner ou de plaider est même interdit aux victimes !

Pour expliquer ce refus, les magistrats français expliquent que les témoignages écrits ne sont pas précis, qu’on ne sait pas si c’est du Curlone ou d’autres pesticides qui ont été utilisés. Motivation purement fallacieuse car si vraiment (ce que nous contestons) les témoignages n’étaient pas assez précis, il suffisait que les témoins soient entendus par les juges ou des enquêteurs pour préciser, amender, ajouter à leurs écrits.

En fait, ni le pouvoir, ni les grands exploitants agricoles ne veulent ces auditions qui amèneraient à mettre en cause des nantis encore vivants !

En fait, on ne veut pas entendre les victimes de cette catacombe sanitaire car on ne veut pas rechercher la vérité. Plus précisément, on connait la vérité mais on ne veut pas qu’elle devienne vérité judiciaire. Donc on la camoufle avec des motivations pseudo-juridiques.

La preuve est rapportée de cette duperie !

Voici donc des magistrats qui veulent enterrer un scandale environnemental sans avoir jamais mis les pieds sur les lieux des délits et crimes et sans avoir jamais entendu un ouvrier ou un petit exploitant agricole. Est-ce acceptable ?

Preuve encore de ce mépris et de cette arrogance, l’’expertise sur les conséquences de l’utilisation du curlone a été refusée au motif qu’elle n’était pas motivée. Depuis quand une victime, d’habitude si choyée par le juge français, doit-elle démontrer l’utilité qu’un expert détermine l’étendue de son préjudice ?

Même pour savoir le nombre de morts et de malades résultant de cet empoisonnement, cela est interdit.

On se moque de nous. Nous publierons bientôt ces décisions qui resteront comme le sommet du mépris et de l’arrogance.

Il n’y a pas de doute que nous ne sommes plus en présence de juges mais bien de fonctionnaires ayant la mission d’enterrer ce dossier.

Il reste qu’il n’est pas certain que les peuples martiniquais et guadeloupéen laisseront faire cette ignominie.

Raphaël CONSTANT

Avocat et Militant

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