La librairie "Présence Kréol" a vu ses demandes de subvention rejetées par la CTM

     Si l'on écoute les médias, la librairie PRESENCE KREOL, sise à côté de la cathédrale de Fort-de-France, va fermer ses portes parce que victime des différents confinements liés à la crise du covid-19 et donc du manque de clientèle.

    N'est-ce pas bizarre quand on sait que les bazars chinois et les magasins de vêtements syro-libanais ont eux aussi été impactés mais qu'aucun n'a été contraint de fermer ses portes ? Rappelons-nous que les librairies furent longtemps classées parmi les "commerces non-essentiels" mais, chose que le grand public ne sait pas, lorsque tout a été rouvert, les réapprovisionnements en livres passaient après toutes les autres marchandises. Car si PRESENCE KREOL a accompli des années durant un formidable travail de promotion de l'écrit caribéen, les ouvrages qu'elle diffuse sont presque tous fabriqués dans... l'Hexagone, voire même dans des pays européens où les coûts d'impression sont plus bas que dans ce dernier tels que l'Espagne. Y compris le livres auto-édités ! Nous avons certes des maisons d'édition locales qui font un travail formidable mais elles impriment leurs ouvrages à l'extérieur, cela non pas par snobisme mais tout simplement parce que cela revient beaucoup moins cher.

   Il s'agit d'abord d'un problème d'étroitesse du marché martiniquais, ensuite parce que le livre est un produit à circulation lente (contrairement aux petits pois ou aux steaks hachés) et enfin parce que le Martiniquais achète assez peu de livres. Ces trois handicaps auraient dû depuis longtemps avoir poussé nos collectivités à mettre en place une politique du livre un tant soit peu sérieuse, chose qu'aucun des partis qui se sont succédés au pouvoir depuis un demi-siècle n'a jamais fait. Ils se sont contentés d'attribuer des aides ponctuelles, peu cohérentes et ont été surtout incapables de créer un Salon du Livre Martiniquais alors que Saint-Martin ou la Guyane beaucoup moins peuplées en possèdent un depuis au moins deux décennies. 

   Car si cela avait été le cas, les librairies Alexandre (Fort-de-France) et La Lézarde (Lamentin) n'auraient pas fermé leurs portes il y a quelques années déjà et aujourd'hui, PRESENCE KREOL ne se serait pas retrouvée dans la même situation. C'est cette absence totale de politique du livre qui explique que suite au covid, cette dernière s'est vue refuser toute subvention par la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique) ! Le mêmes personnes qui exploitent donc sans vergogne l'aura d'Aimé Césaire, qui s'en proclament les héritiers à tout bout de champ, n'ont pas levé le petit doigt pour permettre à PRESENCE KREOL de garder la tête hors de l'eau. 

   L'auteur du Cahier d'un retour au pays natal doit se retourner dans sa tombe.

   NB. Au fait, bazars et magasins de vêtement foyalais ont, par contre, bel et bien été aidés par la Collectivité.

   NB (suite) : C'est '" l'écrit caribéen" et non la seule littérature qui se trouve frappée de plein fouet car contrairement à ce proclament ceux qui ne lisent jamais de livres, ces derniers ne se résument aucunement à la poésie et au roman. A PRESENCE KREOL on pouvait ainsi trouver des ouvrages d'économie, d'histoire, d'anthropologie, de sociologie, de psychologie, de linguistique, de droit, de sciences politiques, de botanique etc...

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