Martinique : assiste-t-on à un génocide par vieillissement ?

   La Martinique n'a jamais eu aucun ministre dans les différents gouvernements français ni aucune Miss France et ses champions olympiques se comptent sur le doigt d'une main comparativement à la Guadeloupe, mais elle détient un record.

   Un bien affligeant record : celui de la région française qui détient le plus grand nombre de personnes âgées.

   On en connait les causes et il est inutile de s'y appesantir. Or, nos élus (es), de quelque bord qu'ils soient, ont-ils/elles jamais émis la moindre proposition ou mis en œuvre la moindre mesure qui aurait pu permettre de limiter les dégâts de ce qu'il faut bien appeler un "génocide par vieillissement", mille fois plus dangereux que le fameux "génocide par substitution" césairien ? NON ! ZERO PROPOSITION NI MESURE A LA DATE D'AUJOURD'HUI. La raison de cette inaction est d'abord politique : les électeurs (-trices) martiniquais (-aises) ayant refusé un minimum d'autonomie (Article 74) par 80% des votants en 2010, nos élus (es) continuent à ne disposer que de pouvoir très limités et de marges de manœuvre quasi-nulles. La seconde raison est notre xénophobie (à l'encontre des immigrés caribéens) d'une part et notre racialisme (pas le racisme !) à l'encontre des "Métros" tout en souhaitant ardemment, voire violemment, que les prix des produits alimentaires soient identiques au Robert et à Rueil-Malmaison. 

   Or, c'est grâce à l'immigration caribéenne (Haïtiens, Saint-Luciens, Dominiquais etc...) que nombre d'écoles maternelles et primaires n'ont pas encore fermé leurs portes à Fort-de-France, Schoelcher et au Lamentin, communes qui à elles trois comportent quasiment la moitié de la population de la Martinique. C'est grâce aux immigrés caribéens que la culture de la banane ne s'est pas effondrée, faute de bras, dans le Nord-Atlantique, ce qui avait poussé, en 2023, la Préfecture à régulariser d'un seul coup... 400 travailleurs de plantation haïtiens (à la demande pressante des Békés on suppose). Quoique moins nombreux, des professionnels (africains sub-sahariens, nord-africains, chinois, vénézuéliens etc...) ont également apporté leur pierre au maintien de la structure sociale martiniquaise : médecins, architectes, commerçants et...

   S'agissant des "Métros", évalués à 20.000 personnes, on voit mal comment ils pourraient "génocider" 340.000 Martiniquais d'autant que nombre d'entre eux ne sont que de passage, fonctionnaires dont la durée de service ne dépasse pas quatre ans tandis que d'autres sont des retraités venus finir leurs vieux jours au soleil et donc incapables de "lactifier" la population martiniquaise. De plus, il faut savoir ce que nous voulons ! On ne peut pas refuser un tout petit début de commencement d'autonomie ou exiger que les prix des marchandises soient identiques à ceux de la "Métropole" et en même temps protester au motif qu'il y aurait "trop de Blancs en Martinique". Il faut être logique de temps en temps, non ? 

   A ce propos, il faudra bien faire un sort à ce slogan débile qui a fleuri lors des manifestations depuis début octobre à savoir : Nou lakay-nou isiya !/On est chez nous ici ! En effet, comment peut-on clamer cela tout en luttant pour que le coût de la vie soit le même ICI et LA-BAS ? Entre parenthèses, nos arrière-grands-parents ne disaient jamais "la France". JAMAIS ! Encore moins "la France hexagonale" ou "la Métropole". Ils disaient "LA-BAS"/LABA-A" c'est-à-dire "Tout au loin" alors mêmes qu'assez peu scolarisés, ils ne savaient pas que la distance entre ICI et LA-BAS dépasse les 7.500kms. Fermons la parenthèse ! Ah oui, ils disaient aussi, ces arrière-grands-parents, Lot bò-a, ce qui veut dire En l'autre bord. L'autre bord de ce vaste océan qu'est l'Atlantique.

   Pour en revenir à notre sujet, l'immigration caribéenne a été et continue d'être une forme de bénédiction pour nous même si nombre d'entre nous lui voue un certain mépris tandis que la présence des "Métros" se justifie par la loi, par le fait que la Martinique est "un lambeau de France sous d'autres cieux", selon l'expression (douteusement poétique) du Général De Gaulle. Il faut savoir ce que l'on veut : il n'y a pas de préfet anglais à Sainte-Lucie ou à Barbade et l'Union Jack ne flotte pas sur leurs bâtiments publics. Arrêtons de toujours chercher à jouer sur les deux tableaux ! A nous asseoir constamment entre deux chaises, on finit inéluctablement à se retrouver l'arrière-train par terre.

   Donc, pris dans le carcan de l'Article 73 lequel nous tient au corps exactement comme la Normandie ou la Lozère, ne faudrait-il pas chercher à enfin concrétiser le fameux "marronnage institutionnel" cher à nos élus autonomistes depuis trois décennies ? Certes, "marronage" et "institutionnel" sont deux termes tout à fait antinomiques, complètement opposés, mais si c'est tout ce que nous sommes capables de faire pour l'instant, pourquoi ne pas l'essayer en matière d'immigration ? Cela ne pourrait-il pas devenir un moyen de juguler le "génocide par vieillissement" ? Au lieu de se déguiser, par exemple, en Africains (es), ne pourrions-nous pas proposer au gouvernement français d'accueillir des migrants africains chez nous au lieu de les parquer dans des camps de rétention en "Métropole" ou vouloir les expédier dans des camps, comme souhaite le nouveau ministre de l'intérieur, cela dans des pays aussi improbables que le... Khazakstan ? Si une telle demande émanait de la CTM, on voit mal comment le gouvernement français pourrait la refuser, lui qui fait face à l'hostilité de nombre de régions françaises opposées à l'installation de migrants chez elles. En tant que Région française, nous sommes tout à fait en droit de réclamer l'installation de migrants chez nous, non ? Et pas seulement de migrants africains mais aussi, en moins grand nombre certes, de migrants moyen-orientaux puisque l'une des composante de notre société, la Syro-libanaise, serait ravie d'accueillir ses lointains cousins (Nos Syriens sont arrivés en Martinique en 1880) tout comme nous autres, nous serions ravis d'accueillir nos (très) lointains cousins africains.

   D'aucuns évoqueront sans doute le coût du voyage, la cherté du billet d'avions etc..., sauf que la CTM pourrait parfaitement, "marronnage institutionnel" oblige, créer une ligne budgétaire "Migration" qui permettrait d'assurer, dans un premier temps, le transport de 10.000 migrants africains et 2.000 migrants moyen-orientaux chez nous. Ces migrants sont quasiment tous des jeunes personnes entre 15 et 35 ans et accepteraient sans nul doute de travailler à leur intégration dans la société martiniquaise (bon, arrêtons l’hypocrisie ! disons de faire les boulots que nous, Martiniquais, ne voulons plus faire). Les 11 millions de Français qui ont voté pour Marine Le Pen et le Rassemblement National + les quelques millions qui ont voté pour les Républicains n'y verraient absolument aucun inconvénient d'autant que dans quelques mois Emmanuel Macron sera à nouveau obligé de dissoudre l'Assemblée Nationale et que l'on passera immanquablement à 12 ou 14 millions de votants pour le RN. Il n'y a qu'un (bien improbable) gouvernement du Nouveau Front Populaire qui pourrait s'opposer à l'envoi de migrants chez nous.

   On imagine déjà les réactions à la lecture du présent article : irréaliste, farfelu, loufoque etc... SAUF Qu'A LA DATE D'AUJOURD'HUI, NOS ELUS (ES) N'ONT JAMAIS PROPOSE DE MESURE SERIEUSE POUR LUTTER CONTRE LE "GENOCIDE PAR VIELLISSEMENT" ! Or, la Martinique perd 10.000 (dix-mille) habitants chaque année parmi lesquels 4.000 jeunes.

   Désormais, le nombre de décès annuel dépasse le nombre de naissances...

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