Un parti de création récente au sein du paysage politique martiniquais organise ce samedi ses "universités". Comme ses alter ego hexagonaux mais "d'été" en moins fort heureusement.
Le thème desdites universités consiste à se poser la question de savoir si "le bonheur des Martiniquais passe par une réforme institutionnelle". Hum ! On ne peut pas ne pas ressentir une certaine gêne, voire un profond étonnement devant un tel intitulé dans une île où la maîtrise de la langue française est la condition sine qua non de l'accession à la notoriété et au pouvoir. En effet, comment les responsables dudit parti peuvent-ils confondre BONHEUR et BIEN-ETRE ? Car enfin le bonheur est une notion individuelle, subjective alors qu'à l'inverse le bien-être est une notion collective et objective.
Le bien-être d'une population consiste à lui assurer un habitat digne, des transports corrects, un système scolaire efficient, de l'eau potable, un système électrique fiable, un réseau routier convenable, des salaires décents etc... C'est en tout cela que consiste le boulot des politiques, des diverses collectivités et de l'Etat. CELA N'A RIEN A VOIR AVEC LE BONHEUR ! Déjà si le bien-être est mesurable (à combien se monte le SMIG, par exemple), le bonheur ne l'est aucunement. Car un pouvoir politique peut fournir à la population qu'il dirige tout le bien-être possible si le ou la conjoint (e) d'untel le/la quitte, si leur bébé décède brutalement, si votre entreprise fait faillite, si vous êtes médecin ou avocat et n'avez pas de patients et de clients, si votre famille vous rejette pour une raison quelconque, si vous êtes musicien ou acteur et que votre carrière ne décolle pas etc..., QUI PEUVENT LES POUVOIRS PUBLICS ? Rien ! Votre bonheur n'est tout simplement pas leur boulot. Leur boulot consiste tout simplement à vous assurer des conditions de vie... vivables. Point !
D'où la perplexité que l'on est en droit d'éprouver devant l'intitulé du thème choisi pour les universités du parti politique en question.
Deuxième étonnement : des universitaires ont été conviés à intervenir lors de tables-rondes et l'on ne comprend pas que pour rattraper le coup, confrontés qu'ils sont à cet intitulé confusionniste, aucun d'eux n'ait proposé d'intervenir sur le concept de Bonheur Intérieur Brut (BNB) inventé par un petit pays d'Asie, le Bouthan, pour contrer celui de Produit Intérieur Brut unanimement adopté à travers le monde. Ce pays est le seul où "Bien-Etre" et "Bonheur" se confondent ou plus exactement le seul dans lequel l'Etat s'est donné pour mission de faire le bonheur de ses citoyens. Pour les souverains (c'est un royaume) du Bouthan, le BNB doit, comme cela est inscrit dans la constitution du pays, "permettre d'évaluer une économie basée sur les valeurs spirituelles du bouddhisme". Religion qui promeut l'ascétisme, la frugalité, le partage etc... et donc toutes choses diamétralement opposées aux valeurs occidentales et à ses succédanés dans les ex-colonies ou colonies. Pour dire les choses crûment, rêver de posséder un 4/4 ou une piscine n'entre pas dans les rêves des citoyens bouthanais. Une conférence sur le sujet du BNB aurait donc pu être intéressante, ne serait-ce que pour montrer l'utopie qui consiste à assimiler bonheur et bien-être. Utopie pour nous, Martiniquais, en tout cas dont la culture, née d'une histoire violente et tragique, est aux antipodes du bouddhisme.
Troisièmement étonnement : comment un parti récemment créé par des gens qui ont été membres d'un autre parti qui depuis trois-quarts de siècle prône l''autonomie peuvent-ils mettre pareille question sur la table ? Cela signifie-t-il que pendant tout ce temps où ils et elles en faisaient partie ces personnes n'y croyaient pas du tout ? Sans même parler du fait que ladite "question institutionnelle" a été réglée depuis longtemps : en 2010, lors de la consultation sur le fameux Article 74 qui aurait pu permettre à la Martinique de disposer d'un tout petit début de commencement d'autonomie et qui fut rejeté par 80% des votants.
Les Martiniquais ont choisi d'être et de rester français jusqu'ad vitam aeternam et n'ont qu'à ASSUMER LEUR CHOIX. Point à la ligne. Et quand à leurs accès de délire ("Je veux que le camembert soit vendu exactement au même prix au Gros-Morne et à Garges-les-Gonesses"), cela ne fait même plus rire vu que les limites de la puérilité sont dépassées.
SOIT LES MARTINIQUAIS RECLAMENT L'INDEPENDANCE SOIT ILS LA FERMENT !
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite
Rien de plus facile que de modifier la constitution. Lire la suite
En droit français actuel PERSONNE ,même pas Macron ne peut "octroyer" l'indépendance à un territo Lire la suite
Commentaires
Pertinent
Popotte
31/08/2024 - 09:52
Ce billet du jour est particulièrement intéressant. J'ose croire qu'il remettra certaines pendules à l'heure.
PEU PROBABLE
Albè
31/08/2024 - 11:21
"Remettre les pendules à l'heure", dites vous. Déjà, faudrait qu'il y ait des pendules dans cette île qui marche sur la tête et où l'on veut tout et le contraire de tout ! Le beurre, l'argent du beurre et le popotin de la fermière.
Vérité
Popotte
02/09/2024 - 09:49
C'est bien vrai! Je rêve éveillée.
On veut tout, en y mettant de l'arrogance en plus. Pô diab!
CESAIRE parlait de...
Albè
02/09/2024 - 11:36
..."mendiants arrogants".
Alors "que faire"?...
Frédéric C.
03/09/2024 - 17:41
...il faudrait fouiller les tenants et les aboutissants du concept de "BNB" au Bouthan: quels critères? Quels items? Est-ce pertinent ou est-ce de la publicité géopolitique? Au 20ème siècle on s'est maintes fois faits avoir par des concepts d'"exotisme politique", et quand tout s'est fissuré ou effondré on en a pris plein la figure (Algérie post-indépendance, surtout après Boumediene; déjà le putsch contre Ben Bella était suspect; Cuba , surtout après 1966; URSS, à laquelle certains ont cru jusqu'à son écroulement définitif; Chine maoïste, etc.)... Tout çà pour dire que pour le BNB je demande à voir, car je n'ai plus confiance en personne, en aucune mise en scène politique. J'exige de voir les coulisses... Pour la Mque, la situation est plutôt mal engagée en terme de décolonisation. Quand on parle de "nation mquaise" à vocation nationale, on est regardé comme un martien. Des gens exigent actuellement la fin de la cherté de la vie, sans poser le pb de ce qui la provoque: la rapacité du lobby capitaliste de l'import-export et de la gde distribution (la pwofitasiyon). Donc il s'agirait de remettre en cause la domination du pays par le couple "Etat français-Bourgeoisie compradore autochtone (békée mais pas seulement!). Donc de remettre en cause le fonctionnement économique ET POLITIQUE de la Mque. Les leaders du mvt actuels font-ils cette analyse allant au-delà de la "cherté de la vie"? Si oui, tant mieux car il faut ébranler le système bien au-delà de 2009. Si non, si bp de Mquais veulent continuer à se vautrer dans le consumérisme abject et le maintien du statu quo politique, autant arrêter tout de suite. La Mque continuera à marcher sur la tête, et si on la lui coupe elle marchera sur ses moignons de bras.... Il y a quelques raisons d'être pessimistes. Konsidiré nou sé on peyi krazé dépi lontan...