Martinique : les sauts de cabri d'une classe politique et syndicale discréditée

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   Il y a quelque chose de pathétique dans le comportement d'une classe politique et syndicale désemparée au possible face au mouvement des Aligneurs de prix sur "la Métropole".

   Toutes tendances confondues, elle est tout simplement groggy, K.O. même.

   Commençons par les moins représentés dans le paysage politique à savoir la Droite assimilationniste. Elle a, en effet, 0 député, 0 sénateur, 0 président de collectivité ou d'agglomération et à peine 6 maires sur 34 communes. Et ça, depuis au moins quatre décennies ! C'est dire qu'elle aurait dû être ravie du mouvement en cours et claironner que l'alignement des prix n'est que le nouveau nom de "la continuité territoriale". Autrement dit l'abolition des 8.000kms séparant la Martinique de la "Mère-patrie" ! En effet, aucune revendication politique (autonomie, indépendance ou souveraineté) n'a jailli lors des nombreuses manifestations durant les mois de septembre et octobre. Tout juste a-t-on entendu, vaguement, un cri réclamant "l'autonomie totale" sans que ledit concept ne soit aucunement explicité. Bref, nos révoltés actuels disent ou plutôt clament qu'ils veulent vivre comme des Français à part entière, qu'il ne doit plus y avoir la moindre différence entre vivre à Basse-Pointe et vivre à Bayonne. Normalement, pareil discours aurait dû être du pain béni pour notre vieille Droite assimilationniste, or elle s'est montrée incapable de surfer dessus, ce qui aurait été un moyen pour elle de refaire surface dans le paysage politique. C'est dire son état de délabrement. 

   Notre gauche "autonomiste", quant elle, qui dirige la CTM, a pris de plein fouet le mouvement des Aligneurs de prix et s'est montrée pitoyable en tentant de l'amadouer. Exemple ahurissant : la municipalité de Fort-de-France qui "négocie" le nettoyage de l'avenue Maurice Bishop, encombrée de poteaux électriques abattus et de voitures calcinées, en acceptant que la police (pourtant majoritairement composée de Negs) ne soit pas présente sur les lieux. "Négocie" avec qui exactement ? On ne le sait toujours pas à la date d'aujourd'hui. Autre exemple : alors qu'un président de Région de l'Hexagone ne reçoit pas les leaders d'un mouvement quel qu'il soit au pied levé, non seulement celui de la Martinique s'est exécuté le doigt sur la coutûre du pantalon mais s'est fait publiquement (Tik Tokement, en fait) humilier par ceux qui s'étaient imposés à lui alors que ces derniers n'ont aucun mandat populaire (parvenir à rassembler 2.000 personnes dans les rues n'a rien d'un exploit quand on sait qu'en février 2009, plus de 20.000 manifestèrent régulièrement dans les rues de Fort-de-France).

   Il faut s'arrêter un moment sur cette gauche "autonomiste" qui se partage le pouvoir avec les "indépendantistes", cela à tour de rôle depuis 4 décennies. Et il faut remonter loin ! Il faut remonter à l'idéologie "noiriste" propagée à coups de festivals culturels alors même que le noirisme est une déviation de la Négritude (comme le stalinisme est un dévoiement du communisme, comme le djihadisme est un dévoiement de l'islam, comme le sionisme est un dévoiement du judaïsme, comme "Tous Créoles" est un dévoiement de la Créolité). En Haïti, cela fait des lustres que tout le monde sait cela comme en témoigne cet ouvrage publié en... 1976 :

 

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   Noirisme des "Autonomistes" même pas cohérent en plus puisqu'ils vony planter "le Courbaril de la Réconciliation" avec le plus riche Béké martiniquais sans exiger de ce dernier qu'au préalable une Rue Cases-Nègres et un cachot d'esclaves y soit reconstruits. Résultat : le touriste qui visite l'Habitation ne voit que la belle villa de l'ancien maître. Noirisme inconséquent encore lorsqu'on appelle anbafey, lors de la consultation de janvier 2010 à voter "NON" contre un tout petit début de commencement d'autonomie, ce qui aurait pu permettre de desserrer l'étreinte du "Blanc". Sans même évoquer bien avant cela l'inconséquence du fameux "Moratoire" décrété par Aimé Césaire, terme qui signifie l'arrêt de toute revendication...autonomiste. Le résultat de tout cela, au fil du temps, est la diffusion d'un noirisme compensatoire qui aboutit à l'appellation "Afro-Caribéens" bruyamment mise en avant par les Aligneurs de prix lesquels, ce faisant sont eux aussi inconséquents puisque le premier terme "Afro" aurait dû conduire à demander le soutien des pays d'Afrique noire et le second terme "Caribéens" celui des pays caribéens indépendants. Or, rien de tout cela ! On veut "manger" comme les Français de France. Point à la ligne.

   La gauche autonomiste a d'ailleurs payé cash ce noirisme imbécile puisqu'un député, de lointaine ascendance syrienne, a été battu aux dernières législatives et a dénoncé sur Martinique la 1è le racisme dont il avait été victime lors de la campagne électorale. Or, ce député a été l'un des rares députés martiniquais a avoir vraiment bossé au sein de l'Assemblée nationale française en publiant un rapport conséquent sur la... vie chère et les monopoles békés, s'attirant du même coup les foudres de ces derniers. Au soir du deuxième tour, tous les députés martiniquais, eux qui sont pour la plupart des intermittents du spectacle, avaient félicité leur collègue pour ce gros travail, y compris celle qui venait de lui ravir son poste ! Loin de dire "Je l'ai battu parce qu'il ne fichait rien", cette dernière avait déclaré crânement vouloir "continuer le travail commencé" par le vaincu. Interdit de rire ! La Martinique est un "pays" surréaliste.

   Venons-en aux "Indépendantistes" à présent ! 

   Ils se partagent, rappelons-le, à tour de rôle le pouvoir politique avec les "Autonomistes" depuis plus de 4 décennies, du moins les "Indépendantistes" qui acceptent de participer au jeu électoral. Faisons d'ailleurs une brève parenthèse pour évoquer ceux qui refusent d'y participer ! Démagogiquement, yo ka pousé difé anbafey, dans l'espoir pour le moins chimérique, que l'alignement des prix sur la "Métropole" conduira au Grand Soir c'est-à-dire à la Révolution prolétarienne. C'est tellement risible que cela ne vaut pas la peine de s'y attarder. Revenons donc aux "Indépendantistes" qui acceptent le jeu électoral ! Eux aussi ont été mis K.O par le mouvement des Aligneurs de prix lequel n'a jamais cherché à obtenir l'appui de l'... Azerbaïdjan. Ce mouvement veut que les Martiniquais vivent comme tous les Français et non pas que la Martinique soit inscrite sur la liste des pays à décoloniser de l'ONU. Nos "Indépendantistes" élus se sont d'abord tus devant la revendication des Aligneurs de prix, complètement pris de cours, groggys même, cela pendant les deux mois qui viennent de s'écouler avant de se rassembler hâtivement autour de la signature d'une "Charte" qui reprend les rengaines habituelles, notamment celle qui dit que "Nous proposons, le peuple dispose". Apparemment, ils ne savent pas ou feignent de ne pas savoir que si en 1960, un référendum sur l'indépendance avait été organisé dans les colonies françaises d'Afrique noire, il n'est pas sûr du tout que le "OUI" l'aurait emporté. Même dans l'Algérie de 1962 ! Car chacun sait que ce sont les avant-gardes (qualifiées de "minorités agissantes" par ceux qui leur sont hostiles) qui sont en mesure de changer le cours de l'Histoire. Se réfugier derrière la seule et unique volonté du peuple revient à fuir ses responsabilités.

   Récemment ces "Indépendantistes" se sont réunis autour de la signature de cette charte, ne rassemblant que... 150 personnes aux dires des médias. Or, quand on additionne les partis + les mouvements communaux qui l'ont approuvée, on se rend compte qu'on n'est pas loin de la douzaine, ce qui, arithmétiquement fait, que lors de ce rassemblement il y a eu une quinzaine de militants par parti/mouvement communal. Or, les Aligneurs de prix rassemblent 2.000 personnes en un claquement de doigt alors qu'ils sont une seule organisation. Cela montre la déroute du camp "indépendantiste" ! Ce qui aurait dû en bonne logique les amener à faire leur auto-critique, terme apparemment inconnu de ce camp alors qu'il provient du... maoïsme. 

   Tout ceci montre qu'il y a, dans le charivari actuel, la place pour qu'émerge un mouvement politique complètement nouveau. Un mouvement qui, tout en rejetant le noirisme, le racialisme anti-Blanc et la haine de la France, aspire à une émancipation totale de la Martinique. Un mouvement pro-barbadien (ou pro-mauricien, pro-seychellois) et non plus pro-cubain. Pour ce faire, il aurait été nécessaire que des personnes de toutes les classes sociales, de toutes les appartenances ethniques, aient le courage de se rassembler et mettent les Martiniquais face à leurs responsabilités au lieu de les caresser dans le sens du poil pour des raisons électoralistes. Le discours à tenir est simple : "Si nous restons dans la France et l'Europe, nous les 350.000 Martiniquais nous finirons par disparaitre au sein des 350 millions d'Européens. Nous finirons comme Hawaï ! Cela ne signifie pas que nous somme hostiles à la France et à l'Europe mais que nous souhaitons persévérer dans notre être et vivre comme nos voisins caribéens. Vivre surtout par nos propres moyens et avec nos propres ressources. Ce n'est pas seulement une question de dignité ou de protection de notre identité, mais simplement, banalement même, UNE QUESTION DE SURVIE".

   Fanon disait : "A la Martinique, il y a plus de pantalons que d'hommes !"

   Faisons-le mentir ! Pour une fois... 

 

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