Le PPM a fini par se prendre les pieds dans son propre piège. En effet, depuis sa création en 1958, il a eu comme mot d'ordre principal l'autonomie et n'en a jamais varié, hormis pendant la période du "Moratoire" décrété en 1981 par Aimé Césaire.
Or, ce parti n'a jamais clairement défini ce qu'il entendait par là et le même Césaire, dans ses harangues électorales, faisait épisodiquement allusion aux "landers allemands" et aux "régions autonomes italiennes", mais sans plus ! Certes, Serge Letchimy a publié un ouvrage intitulé Discours sur l'autonomie en 2002, mais ce dernier ne semble pas avoir servi de boussole au PPM et est vite tombé dans l'oubli. Outre, l'absence de définition de ce que pourrait être, chiffres à l'appui, une définition de cette autonomie, il y a eu, plus tard, un grave oubli : le parti n'a pas pris le terme "moratoire" au pied de la lettre. Il signifierait, selon ce qu'en avait dit A. Césaire en 1981, une "suspension temporaire". Traduire donc : suspension temporaire de la revendication d'autonomie. Or, depuis lors, le temporaire dure, il se prolonge, s'éternise et nul n'en a en tout cas sonné la fin.
Le PPM a par conséquent fini par sombrer dans une sorte de flou idéologique qui l'a conduit à des retentissantes défaites électorales comme celle de 2015 quand le GRAN SANBLE POU BA PEYI-A AN CHANS l'avait distancé de 15.000 voix. Et il n'a dû sa squelettique victoire (3.247 voix) sur le même GRAN SANBLE en 2021 que pour une seule et unique raison : parce la coalition conduite par le MIM et Alfred Marie-Jeanne avait entre-temps volé en éclats. Elle avait implosé : le RDM ruait dans les brancards à la moindre (futile) occasion, des dissidents du MIM étaient partis créer leur propre mouvement (PEYI-A) et BA PEYI-A AN CHANS, la droite conduite par Yan Monplaisir, avait fini par retirer ses billes.
Sans cette implosion du GSPBAC, jamais le PPM n'aurait remporté les deuxièmes élections territoriales. Au soir du deuxième tour du scrutin, quand les résultats de toutes les communes était déjà connus mais pas ceux de Fort-de-France, le GSPBAC, en dépit de l'affaiblissement dû à son implosion, le devançait partout ! C'est donc Foyal qui a sauvé la mise au PPM, fort petitement comme déjà indiqué, ainsi que l'abstention beaucoup plus importante qu'en décembre 2015.
C'est que le parti de Césaire, en tenant compte de la définition publiquement donnée par Césaire ("suspension temporaire") aurait dû avoir sonné depuis longtemps la fin du Moratoire. Il a disposé de presqu'un demi-siècle pour le faire, très exactement 44 ans (1981-2015). Mais il n'en a rien fait ! Il a louvoyé, tergiversé, temporisé, cessé même de mettre en avant le terme d'autonomie, remplacé par le terme à la fois vague et loufoque d'"interdépendance", coquetterie intellectualiste qui passe par-dessus la tête du citoyen moyen. Car, s'il est vrai que, mondialisation oblige, toutes les économies du monde sont désormais interdépendantes, il n'en demeure pas moins que les nations veillent jalousement sur leur...indépendance. Et celles qui sont encore sous tutelle cherchent par tous les moyens à s'émanciper et à se doter d'un état à eux : Catalogne, Kurdistan, Corse, Tahiti, Kanaky, Ecosse, Pays basque, Casamance, Sahara occidental etc... Certaines y ont réussi : le Timor s'est séparé de l'Indonésie, l'Erythrée de l'Ethiopie, le Soudan du Sud du Soudan du Nord etc...
On peut, certes, déplorer le déchaînement des nationalismes mais il est l'expression d'une volonté d'exister par soi-même. Quand l'URSS s'est effondrée, le Kazakhstan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan, la Georgie, l'Azerbaïdjan etc...se sont empressées de prendre ou de reprendre leur indépendance. Ces exemples démontrent que l'idée d'"interdépendance" brandie à longueur d'articles par certaines têtes pensantes du PPM ne tient pas la route. Elle se fracasse sur la réalité ! En abandonnant (sans l'avouer) la revendication d'autonomie pour celle d'interdépendance, le PPM s'est donc tiré une balle dans les pieds.
Et puis, brusquement, au cours des deux dernières années, le parti de Césaire s'est comme réveillé de son long sommeil de près d'un demi-siècle (1981-2015) : on a vu fleurir les déclarations les plus abracadabrantes qui ont fini de brouiller son message. Exemple : la Martinique n'a pas besoin de préfet ; le Ministère de l'Outremer ne doit plus se trouver rue Oudinot car il fut le siège du ministère des Colonies etc... Toutes choses qui, dans l'esprit du grand public, a ruiné les décisions plus positives comme la Déclaration de Fort-de-France ou la co-officialisation du créole et du français. Tel jour, on sort une déclaration farfelue, tel autre jour, une déclaration sensée ! Sauf que le farfelu finit toujours par s'imposer face au sensé. Surtout dans un pays déboussolé comme la Martinique...
C'est tout cet embrouillamini idéologique qui a permis aux assimilationnistes de tous bords de redresser la tête alors même qu'ils avaient été quasiment éliminés du paysage politique martiniquais depuis au moins quatre décennies. D'où la lettre ouverte de certains d'entre eux qui circule ces jours-ci sur le Net, lettre dans laquelle ces personnes demandent à S. Letchimy de dire s'il est pour l'indépendance ou pas. Ces malhonnêtes oublient ou feignent d'oublier que le PPM s'était opposé, même si ce fut anbafey, à l'Article 74 lors de la consultation de janvier 2010 qui avait vu la victoire du "NON" à 80%. "NON" à ce qui aurait pu être un tout petit début de tizizing d'autonomie. Une poussière d'autonomie, quoi !
Le PPM avait dit "NON" à un début d'autonomie en 2010. C'est un fait ! Comment donc aujourd'hui pourrait-il, sournoisement, chercher à obtenir...l'indépendance ? Les rédacteurs de cette lettre ouverte prennent donc les Martiniquais pour des cons. Entre parenthèses, on n'a jamais lu de la part de ces mêmes personnes la moindre lettre ouverte demandant des comptes pour l'empoisonnement de notre pays par le chlordécone lequel pays détient le record du monde de cancer de la prostate ? Ils n'ont rien dit bien avant cela lors du scandale du CREDIT MARTINIQUAIS, banque qui fut littéralement pillée par certains Békés qui s'octroyaient des prêts à 2% que parfois ils ne remboursaient même pas, cela grâce aux dépôts de milliers de fonctionnaires martiniquais qui y avaient leurs comptes et donc leurs économies, persuadés qu'ils étaient d'avoir affaire à une banque martiniquaise. Ils ont gardé la bouche fermée lors du scandale du CEREGMIA qui a vu la volatilisation de fonds européens à hauteur de 12 millions d'euros dans la comptabilité de notre université, chose qui a valu aux principaux responsables de cette structure d'avoir 5 mises en examen sur le dos, notamment le "détournements de fonds en bande organisée au détriment de l'Union Européenne". Ils se sont aussi soigneusement tus, ces rédacteurs de lettre ouverte, devant le scandale de la SODEM, du SMTVD, de CARENANTILLES, de la COLAS et bien d'autres alors même que certains membres ou sympathisants du PPM étaient impliqués dans tel ou tel de ces scandales. Ils auraient pu en profiter pour attaquer le PPM et dénoncer la corruption mais, visiblement, cette dernière ne les dérange pas. Une seule chose les dérange à lire leur lettre : l'autonomie.
La Départementalisation-Régionalisation-Territorialisation ne les dérange pas tant que la Martinique demeure entre les bras de Maman la France. Que sévissent le népotisme, le clientélisme, les détournements de fonds publics, les délits de favoritisme ou les faux en écritures publiques, ce n'est pas un problème pour eux car autrefois, quand la Droite était forte elle s'y livrait joyeusement jusqu'à ce qu'elle soit évincée de la scène politique et que les "autonomistes" fassent EXACTEMENT PAREIL. Et si jamais un jour la Droite revient au pouvoir, rien ne changera.
Mais quid des Martiniquais, du peuple martiniquais, dans tout cela, demanderait un observateur étranger ? Au vu de l'abstention massive à toutes les élections, on pourrait penser qu'il s'en fout alors qu'en réalité, il est tout simplement écoeuré et impuissant tout à la fois. Et cela face à tous nos partis politiques, tous quels qu'ils soient et donc y compris les indépendantistes. Car oublie-t-on que ces derniers furent par deux fois à la tête de l'ex-Conseil Régional et une fois à la CTM ? Ils ont géré, bien géré (sans corruption en tout cas) le système en place mais n'ont pas fait avancer l'idée d'indépendance d'un seul millimètre. En fait, le mal qui frappe nos indépendantistes, les institutionnels qui se présentent aux élections comme les non-institutionnels qui refusent ces dernières, relève d'une illusion : le désir de voir advenir une Martinique marxisto-castristo-fanoniste. Chose que notre grand voisin du nord, les USA n'accepteront jamais comme le prouvent la quinzaine d'interventions militaires yankees dans la Caraïbe tant continentale qu'insulaire et le blocus infame qu'ils infligent à Cuba et au Venezuela.
L'accession à l'indépendance de la Martinique ne peut se faire que sous le mode barbadien (mauricien, seychellois), celle de micro-états obligés de composer avec l'impérialisme.
Or, ceux qui sont les mieux placés pour comprendre cela à savoir les Békés et la Droite préfèrent que la Martinique périclite inexorablement, ne serait-ce déjà que démographiquement, et que la goutte de café martiniquaise finisse un jour par se dissoudre dans les cent-mille hectolitres de lait franco-européen. Quant à ceux qui pourraient le comprendre, à savoir les autonomistes et les indépendantistes, ils sont enfermés dans des schémas passéistes et ressassent des slogans désormais vides de sens car apparus avant la chute de l'Union Soviétique, avant la Mondialisation, avant l'Internet, avant le réchauffement climatique, avant la crise migratoire. Leurs cerveaux sont comme restés bloqués dans les années 70 du siècle dernier.
Tout cela pour dire que notre Martinique ne commencera à voir devant elle que du jour où des Martiniquais de tous bords abandonneront leurs obsessions franco-centrées pour les uns ou cubano-centrées pour les autres afin de créer un parti barbado-centré. Ou seychello-centré ou encore mauriciano-centré. Ceci sans racisme anti-Blanc, sans haine de la France, sans "noirisme" imbécile. Sereinement....
On en est loin, très-très loin. Hélas...
NB. Jetons un oeil au graphique ci-après : sans pétrole ni uranium ni manganèse ni cuivre ni diamants, ls Seychelles sont n°1 et l'île Maurice n° 4.
Si on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite