Quand Didier perd la guerre

   Il avait déjà été enchaîné au pied de sa mairie, le bâtiment architecturalement le plus horrible de Foyal soit dit en passant, par une hystérique noiriste il y a deux ans de cela. La dame reprochait vertement au SERMAC (Service Municipal d'Action Culturelle) de "ne recruter que des Milats", donnant même le nom de la fille d'une notable PPM. Spectacle pitoyable qui avait le tour du Net et provoqué un torrent de moqueries à l'égard de Didier. 

   Cette fois, il se fait défier, lui le premier édile d'une ville de 80.000 habitants, la plus peuplée de la Martinique, par une poignée d'autres kémito-révolutionnaires qui se sont emparés de la question du chlordécone avec l'arrogance de ceux qui auraient inventé l'eau chaude. Chacun sait que leur village du non-lieu ne changera rien à la situation de non-pouvoir dans laquelle vit la Martinique. Car le seul problème qu'a notre pays c'est l'absence de pouvoir réel et le premier d'entre eux est celui de pouvoir exercer ce que l'on appelle "la violence légitime". Dans tous les régimes politiques, capitalistes, marxiste, mixtes etc..., il y a des forces de police et elle sont chargées d'exercer cette violence légitime quand le besoin se fait sentir. Or, les policiers municipaux de Foyal n'ont pas les moyens de jouer ce rôle ! C'est pourquoi quand ils sont venus fermer le petit parc de l'ancien palais de justice, baptisé "Lakou non-lieu" par les découvreurs du chlordécone, ils ont été tout simplement incapables d'exécuter l'arrêté de fermeture pris par leur employeur à savoir la mairie de Foyal et donc son chef, Didier. 

   La honte, serait-on tenté de dire ! Mais non, en Martinique, il n'y pas de vrai pouvoir local et les "lois mawon" ou le "marronnage institutionnel" que certains politiciens dits autonomistes prétendent mettre en oeuvre sont sévèrement encadrés par l'Etat français. Quant aux indépendantistes, leur soumission aux desiderata de ce qu'ils appellent "le peuple" ne vaut pas mieux. Soit ils gèrent l'existant pour ceux qui se présentent aux élections lorsqu'il leur arrive d'être élus soit ils marinent dans un discours marxisant quand ils refusent les urnes alors que même Ti Sonson sait que jamais les Etats-Unis ne permettront la création d'un deuxième Cuba dans ce qu'ils considèrent comme leur arrière-cour à savoir la Caraïbe. Maurice Bishop (Grenade) et Hugo Chavez (Venezuela) ont été payés pour le savoir sans même parler de Jacobo Arbez (Guatemala) et  Juan Bosch  (Santo-Domingo). 

   Sinon le békéisme a de beaux jours devant lui et est de toute façon ravi de toute cette cacophonie dont il sait très bien qu'elle ne peut conduire à aucun changement radical. La scélératesse békée nourrit d'ailleurs le pathétique obscurantisme noiriste. Une sorte de cinéma-sans-payer qui, quand on l'observe à l'extérieur du microcosme martiniquais, mériterait l'oscar de la bouffonnerie. Ils ont dû rire, ces Békés, en lisant le dernier communiqué de Didier faisant la liste des courriers qu'il a adressé à X ou à Y pour dénoncer le chlordécone. Déjà que c'est faux en plus ! En 2007, lorsque les écologistes L Boutrin et R. Confiant avaient publié leur ouvrage "Chronique d'un empoisonnement annoncé", la municipalité de Foyal, dont le maire était Serge Letchimy à l'époque, avait hâtivement rassemblé les revendeuses des différents marchés de la ville dans une association appelée Machann Foyal et celles-ci avaient défilé dans les rues, conspuant ceux qui cherchaient "à leur ôter le pain de la bouche" en écrivant que leurs légumes étaient chlordéconés. Plus récemment, le même Letchimy s'était trouvé à la tête d'une commission d'enquête parlementaire sur le chordécone dont les dés étaient pipés au départ, chose que le député qu'il était ne pouvait ignorer. En effet, l'enquête sur le chlordécone étant encore en cours d'instruction, le pouvoir politique ne pouvait interférer dans une affaire judiciaire selon le principe de la séparation des pouvoirs. D'ailleurs, le rapport de ladite commission a fini dans les archives du Tribunal de Paris où l'affaire du chlordécone avait été délocalisée.

    Donc, ce n'est que tout récemment que le PPM s'est rallié à la lutte contre le chlordécone alors que cette dernière avait commencé dès...février 1974 quand les ouvriers de la banane, lors de leur grève historique, avaient dénoncé l'usage des pesticides, notamment celui du Curlone, désignation commerciale du chlordécone. Ensuite, l'écologiste Pierre Davidas dans le journal ANTILLA, les associations écologistes ASSAUPAMAR et POUR UNE ECOLOGIE URBAINE avaient amplifié le combat, portant plainte en justice contre l'Etat français pour empoisonnement. Enfin, des comités d'ouvriers et anciens ouvriers de la banane se sont constitué et ont ferraillé sans relâche. Dans ce difficile combat, on n'a jamais vu le bout du nez du PPM !

    Conclusion : non seulement Didier a perdu la guerre de "Lakou non-lieu" mais la non-implication du PPM dans le combat cotre le chlordécone pendant des décennies a joué un rôle dans l'ignoble décision prise par la justice de fermer définitivement le dossier. 

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Commentaires récents

  • Tou-a éti nou anni chapé-tonbé adan'y lan

    FOSSOYEURS ?

    Albè

    05/05/2024 - 21:11

    Ils ont creusé leur propre tombe ou quoi ? C'est qui les croque-morts là dedans ?

    Lire la suite
  • L'arrière-grand-père maternel de Joan Bardella était...algérien

    On ne change pas les règles durant la partie.

    MAMDIARRA DIAWARA

    04/05/2024 - 21:12

    Dans un précédent commentaire intitulé “Vu le nbre de...”il avait été question des femmes chefs d Lire la suite

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    OSS117

    Albè

    04/05/2024 - 16:46

    Arrête de te fantasmer en agent secret ! Lire la suite

  • Manuel Valls, le facho islamophobe, est de retour

    Écrasez l’infâme !

    oss07

    04/05/2024 - 11:36

    Voltaire utilisait souvent ce mot d’ordre au bas de ses lettres (sous la forme "Ecrlinf") pour ra Lire la suite

  • Descendants d'Indiens et d'Africains, ils expulsent des migrants

    Il semble qu'on puisse dire n'importe quoi sur les gens...

    oss07

    04/05/2024 - 09:26

    Sans rien en connaître, Albè décrit certains commentateurs avachis devant "Touche pas à mon poste Lire la suite