Cela semble devenir une nouvelle tradition coloniale « made in France ».
Depuis décembre 2019, en suite de l’affaire dite de l’Océanis, la gendarmerie (ou des policiers ou des gardes mobiles) arrive au petit matin pour arrêter une flopée de militants.
L’effet est certain. Hommes (femme aussi) noirs casqués bottés, déguisés en ninja, vociférant, criant, avec leurs armes menaçantes, franchissent les barrières, pénètrent dans les domiciles, écrasent les portes, violent les intimités, arrêtent, menottent, insultent, rabrouent, exhibent leur gibier à tout le quartier. Pour chaque interpellés, c’est bien une bonne vingtaine de ces militaires ou policiers, hommes ou femmes, déchainés et agissant avec d’autant de résolution que pour le moment ils ne risquent pas grand chose.
Pour faire bonne mesure, tout le quartier est en émoi. Les enfants pleurent. Les vieillards se pâment.
En 2020 et 2021, cela s’est fait une dizaine de fois. Au moins deux fois depuis le début de cette année 2022.
Ce qui s’est passé le mardi 3 mai avec la rafle visant de plusieurs militants soit-disant impliqués dans les destructions de statues est un nouvel exemple de cet exercice d’une « justice » spectaculaire répressive expéditive. Déploiement absurde et inutile sur le plan de l’efficacité policière ou judiciaire. Mais déploiement utile pour humilier, stigmatiser, désigner du doigt, montrer au voisin que ce sont des criminels.
Evidente absurdité. Le juge ayant ordonné cette rafle est en charge du dossier depuis plusieurs mois. Il aurait suffi de convoquer les personnes. D’autant que certains des militants ont déjà été convoqués et entendus. Mais, il faut humilier et faire peur (aux autres).
Evidente provocation car il ne s’agit ni plus ou moins que de sanctionner la mise à bas de symboles coloniaux. Cela illustre la volonté de cet état, de ses juges de soutenir le colonialisme, le racisme et les discriminations.
En fait, cette opération est une piqure de rappel : Macron est toujours là avec ses policiers, ses gendarmes, se matraques, ses humiliations, sa répression, son préfet, ses juges, etc… Nul doute que dans le cadre de sa double déroute électorale en Martinique, les chiens de garde veulent rappeler qu’ils savent mordre.
En 2021, c’est plusieurs mois de prison qui ont été infligés à de nombreux militants ou pour l’exercice du droit de manifester ou pour avoir dénoncer l’apologie de l’esclavage, etc…
Depuis le début de l’année, en moins de six mois, nous avons plus d’une dizaine de gardes à vue, deux procès, plusieurs poursuites judiciaires.
A chaque grève, le patronat ne négocie plus. Il saisit le tribunal et des magistrats leur donnent gain de cause en condamnant militants syndicalistes à d’énormes astreintes. Le droit de grève est piétiné sauf à ne l’exercer que chez soi dans son salon et jamais devant l’entreprise concernée.
Rajoutons, un tribunal administratif qui donne toujours raison à l’Etat. Même à la CCIM qui a demandé et obtenu qu’un village de tentes ne gênant personne créé et occupé par l’Intersyndicale de la santé soit démantelé.
On va plus loin, allant jusqu’à priver à des militants le droit de travailler. C’est tout l’objectif des suspensions au CHUM et des poursuites contre des agents hospitaliers pour violences.
Dans ce contexte, on comprend mieux la condamnation de Montray Kreyol à disparaitre.
On poursuit des avocats car ils défendent des militants.
On nous annonce le procès d’un responsable syndical pour vendredi 6 mai, on programme des arrestations de militants de l’Assaupamar, etc…
Rappelons que depuis 11 mois, il y a un jeune martiniquais de 21 ans qui est à Ducos en dépit de toutes ses garanties de représentation. Son crime : il est accusé d’avoir brûlé les biens de M. HAYOT. La méchanceté (ou la bêtise) humaine fait que même pour voir son fils né quand il était à Ducos, cela est un long chemin de croix.
Rappelons qu’il est établi et avoué par cette « justice » indigne que les militants indépendantistes (et même autonomistes) sont fichés en Martinique du fait de leur simple opinion.
Nous sommes face à une offensive répressive que la Martinique n’a pas connue depuis le début des années soixante de l’autre siècle.
Bien entendu, l’état colonial, ses fonctionnaires et ses juges prétendent respecter la loi. Leur loi. « Au nom de la loi, au nom de la force, au nom de la France/ Au nom de la force de la loi qui vient de France » comme l’écrivait Georges GRATIANT en mars 1961 devant les trois cercueils des fusillés du Lamentin.
Leur loi qui refuse de reconnaitre l’existence du peuple martiniquais. Leur « justice » qui préserve et protège les empoisonneurs. Leur justice qui « protège » les dominants, contre les dominés, les policiers et gendarmes qui frappent et agressent. Une « justice » viole le droit d’assister à un procès, de manifester, d’avoir accès à un juge équitable etc…
Nous sommes en l’état dans une logique d’affrontement. L’état veut écraser toutes résistances et toute contestation qui ne s’inscrit pas dans le cadre colonial. Plus on lui résiste et plus il prend des méthodes coercitives. Cela signifie que face aux résistances de cette digne jeunesse en révolte, il va être obligé d’aller plus loin et d’élargir ses cibles.
Il est souhaitable que tout un chacun comprenne que demain cela peut arriver à chacun d’entre nous.
Raphaël CONSTANT
Albè, quelqu'un a-t-il jamais nié l'existence d'un racisme anti-noir dans le monde arabe ? Lire la suite
Merci Frédéric...
Lire la suite... "Nuit noire" et Albè. MAIS DEUX POINTS À RAPPELER. Lire la suite
Un lapsus s'est glissé dans mon commentaire ci-dessus: Lire :..les Palestiniens de Gaza et non . Lire la suite
1) Comme vous le dites vous-même: " étant les premiers concernés" par le "racisme anti-noir" des Lire la suite