Renforcer le contrôle des frontières, certes...

   Avec l'augmentation des crimes par armes à feu à la Martinique ces derniers temps, on a vu certains mouvements politiques surfer sur la vague d'indignation et de colère des Martiniquais. Aux dernières législatives, par exemple, un mouvement, pourtant classé à la gauche de la gauche, avait défini 4 axes dans sa profession de foi et le premier, le tout premier, concernait la sécurité. On y demandait des renforts de police, de gendarmes et même des patrouilleurs autour de nos côtes ! Bref, une véritable armada qui, forcément, viendrait de France, cela au moment même où les forces de l'ordre déjà présentes "harcèlent les militants rouge-vert-noir" aux dires de cette même gauche de la gauche. Comprenne qui pourra !

   Si l'accent mis sur la sécurité permet de gagner des élections en flattant le lepénisme rampant de certains Martiniquais qui n'hésitent pas à attribuer, vols, braquages ou crimes aux seuls immigrés caribéens, ces mêmes Martiniquais qui ont été 73.000 à voter pour la Dame Le Pen aux présidentielles, si la venue de renforts policiers et de gendarmerie pourrait avoir un effet dissuasif sur les délinquants, s'il est nécessaire de combattre le trafic de drogue et le commerce des armes, il faut éviter de se boucher les yeux et de toujours pointer L'AUTRE du doigt. Non, la délinquance qui flambe en Martinique n'est pas le seul fait des Saint-Luciens, Dominiquais et encore moins Haïtiens. Oui, 80% des personnes incarcérées à la prison de Ducos sont des Martiniquais. Faire donc croire que si notre île était cernée par des patrouilleurs comme au Temps de l'Amiral Robert, la délinquance disparaîtrait d'une Martinique désormais protégée de la contamination caribéenne est au mieux une fumisterie, au pire une "vakabonnagerie" électoraliste.

   De toutes façons, il est impossible de mettre un gendarme sur nos 400kms de côte, dans chaque anse ou crique. Impossible ! En fait, la meilleure réponse à la délinquance devrait être double : d'abord, lutter contre les causes de la délinquance interne (martinico-martiniquaise) à savoir le chômage massif des jeunes, la déscolarisation, la détresse monoparentale, la surconsommation, le mépris de classe, la corruption en col blanc etc... ; ensuite lutter contre les causes externes de la délinquance à savoir casser les liens entre malfrats martiniquais et malfrats caribéens, liens établis de longue date contrairement à ce que l'on peut croire. 

   Arrêtons donc de mettre la délinquance sur le dos de nos seuls voisins caribéens !

Commentaires

Intégrer la sécurité.

OuiNon

08/07/2022 - 13:32

Voilà une évidence rarement énoncée : si les Martiniquais ne se droguaient pas, il n'y aurait pas de trafic de drogue en Martinique !
Partant, il n'y aurait pas les règlements de compte liés à ce trafic, ni les vols avec violence commis pour se procurer l'argent nécessaire à l'achat de drogues, ni la déscolarisation due à l'argent pseudo-facile des trafics, etc.
Comme chacun le sait, le trafic et la consommation de drogues en Martinique ont commencé il y a longtemps, dans les milieux bourgeois. Vers les années 1980, je connaissais des trafiquants fonctionnaires, dont l'un qui s'est fait prendre par les douanes à cause de ses signes extérieurs de richesse.
S'il ne faut pas imputer aux seuls étrangers le trafic de drogues et les violences qui l'accompagnent, il ne faut pas non plus les réduire aux "classes défavorisées". La plupart des gens modestes, dans des situations difficiles, ne se droguent pas et n'agressent personne ! Comme les hommes en manque de sexe n’agressent pas forcément les femmes, alors que des recordmen en la matière ne s’en privent pas.
Dans une société à la bienveillance mal placée, qui considère qu'il faut "comprendre" les délinquants, le terrain est favorable à la violence, quelle qu’elle soit. On s'étonne des fusillades, des rackets aux giratoires, des agressions de soignants, on ne devrait pas.
La sécurité, c'est comme l'écologie. On ne construit pas une usine n'importe comment et puis vouloir lui ajouter de l'écologie pour la rendre vertueuse. Il faut intégrer l'écologie dès qu'on bâtit l'usine. De même, on ne peut pas faire n'importe quoi et croire que des "marches blanches" ou des gendarmes supplémentaires vont pacifier les choses. Il faut intégrer la sécurité dans son comportement quotidien, qui qu’on soit : étranger comme Martiniquais, jeune ou vieux, pauvre ou riche.

A Ouinon :Déscolarisation.

Rose

08/07/2022 - 18:19

Ce n'est pas l'argent facile qui entraine la déscolarisation mais l'inverse :c'est PARCE QU''ils sont en échec scolaire puis déscolarisés que des milliers de nos jeunes tombent dans le piège de l'argent facile de la drogue.

Rose : Je comprends...

OuiNon

08/07/2022 - 20:27

Je comprends de votre raisonnement qu'échec scolaire et déscolarisation, en limitant les perspectives professionnelles, conduiraient les jeunes au piège de l'argent facile de la drogue. C'est cohérent et ça explique certains cas, bien sûr.
Mais le principe revient à imputer le trafic de drogue surtout à ceux qui ne réussissent pas à l'école, perçus comme victimes du système. Ce qui n’est pas une généralité.
Aux niveaux supérieurs, on trouve des gens qui ont réussi leurs études (hommes d'affaires et juristes) pour lesquels la drogue est un juteux business.
A des niveaux plus modestes, j’ai personnellement connu des gens inquiétés par la justice pour des affaires de drogue, lesquels étaient diplômés et exerçaient des professions très convenables (c’est par leur profession que les avais connus).
A la base, si les revenus sont très différents de l'un à l'autre, certains dealers gagnent beaucoup. Ce qui rend dérisoire (à leurs yeux) le bénéfice du travail scolaire. Le trafic les déscolarise.
Enfin, la plupart des dealers sont eux-mêmes consommateurs. Ils trafiquent pour s'approvisionner. Or leur addiction n'est pas forcément conditionnée par l'échec scolaire. Dans nombre de cas, c'est l'addiction, l’enfermement dans la drogue, qui provoque leur échec scolaire. Même si l’inverse existe aussi. Disons que ce n’est pas si simple.
Victor Hugo pensait : "Ouvrir une école, c’est fermer une prison". Ce n'est pas faux. Mais d'un autre côté, il n'y a jamais eu autant d'écoles (avec 85% de réussite au bac !) et les prisons débordent...

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