Sommé par la justice de publier ses comptes consolidés, le Groupe Bernard Hayot (GBH) a franchi le pas en publiant ses rapports de gestion de 2019 à 2023. On y apprend que le groupe martiniquais a réalisé plus de 4,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023, un record. Surtout, on constate que la Réunion est bel et bien la locomotive du groupe puisque 36% de son chiffre d'affaires y est réalisé
Fin janvier se jouait une audience devant le tribunal de commerce de Fort-de-France entre GBH (Groupe Bernard Hayot) et plusieurs plaignants qui exigeaient la publication des comptes du groupe. Une audience reportée, car GBH avait annoncé avoir publié juste avant l'audience ses comptes consolidés. Des comptes que nous avons pu consulter et qui éclairent un peu plus sur la puissance financière du groupe martiniquais, surtout ses très bons résultats à La Réunion.
Cette publication survient alors que GBH se trouve également dans le collimateur du ministre des Outre-mer Manuel Valls. Dans un courrier envoyé récemment au directeur général du groupe, Stéphane Hayot, et révélé par Libération, l’ancien Premier ministre accuse l’entreprise d’exercer "parfois un rôle d’étouffement de l’économie et, à travers elle, des populations". Une accusation à laquelle GBH avait répondu dénonçant une "campagne de déstabilisation d’une ampleur sans précédent" et réfutant "toutes les accusations de pratiques anticoncurrentielles".
Les nouveaux éléments chiffrés dévoilés confirment la capacité de GBH à générer d’importants bénéfices. Pour l'exercice 2023, le chiffre d'affaires du groupe s'élève à 4,945 milliards d'euros contre 4,57 milliards d'euros en 2022, soit une progression de 8,2%. En 2023, le groupe, dirigé par Stéphane Hayot, a ainsi enregistré un bénéfice de 228 millions d’euros, soit 11 % de plus qu’en 2022. Un résultat net qualifié « d'historique » dans le rapport réalisé par KPMG.
Quid de La Réunion ? On y apprend que le chiffre d'affaires représente 36% de l'ensemble du groupe. C'est loin d'être record puisqu'en 2020, ce pourcentage atteignait 39%. Effet logique qui découlait du rachat par GBH (enseigne Carrefour) du groupe Vindemia (Jumbo et Score) pour 219 millions d'euros. En termes de chiffre d'affaires, GBH réalise 1,764 milliard d'euros à La Réunion.
Le reste de la répartition du chiffre d'affaires dans le groupe : 33% pour l'international, 16% en Martinique et 15% en Guadeloupe. Dans le détail et sur l'ensemble du périmètre du groupe, la grande distribution représente 52 % des revenus, le secteur automobile 37 %, le reste (11 %) provenant notamment de la production de rhum, de bananes et de chocolat, sans oublier des activités diversifiées comme le BTP, la restauration rapide ou la cosmétique.
Pour la première fois, le groupe, qui emploie près de 18.000 collaborateurs, donne également des précisions sur certaines de ses marges. Depuis plusieurs mois, il est pointé du doigt pour sa responsabilité présumée dans la hausse des prix alimentaires aux Antilles ou encore à La Réunion, particulièrement en Martinique (16 % de son chiffre d’affaires), où les tarifs moyens seraient supérieurs de 40 % à ceux de l’Hexagone, selon une étude de l’Insee parue en 2023. A La Réunion, ce chiffre grimpe à 37% en moyenne.
Souvent montré du doigt pour appliquer des marges excessives, on apprend que GBH réalise une marge commerciale sur son groupe de l'ordre de 34,4% (1,701 milliard d'euros), tandis que son taux de marge d’excédent brut d’exploitation (EBE) s’élève à 11,2 %. "Secteur par secteur, notre marge d’EBE est comparable à celle d’autres groupes du même domaine, explique GBH à La Lettre A. Elle reste en dessous de 6 % dans la grande distribution, mais dépasse les 15 % dans les activités comme les spiritueux ou l’agroalimentaire". L’entreprise conteste donc toute pratique abusive et précise que sa marge nette après impôts s’élève à 4 % sur les cinq dernières années. GBH affiche un excédent brut d'exploitation en progression de 41 millions d'euros pour atteindre 553 millions d'euros (+7,9%) et un résultat d'exploitation en hausse de 9,7% (342 millions d'euros).
Sur ce dernier point, l'IEDOM avait publié une très large enquête sur les performances économiques des grandes surfaces à La Réunion. Une étude qui remonte à 2020. "La grande distribution alimentaire réunionnaise affiche des performances commerciales supérieures à celles observées en France hexagonale ou dans les autres DOM, avec un taux de marge commerciale médian de 21,4 % à La Réunion contre 19,1 % en France métropolitaine." En moyenne, le taux d'excédent brut d'exploitation des GSA (grande surface alimentaire) réunionnaises, indicateur qui permet de connaître la rentabilité réelle d'une entreprise, était deux fois plus élevé qu'en métropole : 4,8% contre 2,1%.
Ah ça c'est drôle ! Mais elle vous ferait une réponse cinglante. Lire la suite
Ah ça c'est drôle ! Mais elle vous ferait une réponse cinglante. Lire la suite
...ça n'intéressera personne ! Lire la suite
Tous les goûts sont dans la nature. Lire la suite
Merci de ce rappel émouvant.Il m'a replongé 40 ans en arrière lorsque mes amis arabes et moi écou Lire la suite