Le Robert : forum de Martinique-Ecologie sur la question des sargasses

   Ce samedi 11 mars, MARTINIQUE-ECOLOGIE a organisé, au quartier Pontaléry (ville du Robert), un forum-citoyen à propos de l'invasion des algues sargasses qui affecte gravement les côtes Nord-Atlantique de la Martinique. 

 

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   Nous reviendrons plus en détail dans un prochain article sur cette rencontre entre experts, politiques et citoyens robertins qui a rassemblé un public naturellement inquiet puisque directement impacté dans sa vie quotidienne par les effets néfastes de l'accumulation de sargasses à quelques encablures des habitations. 

   Le forum-citoyen a été ouvert par Serge Capgras qui d'emblée a brossé un sombre tableau : depuis la Floride et le Mexique au Nord jusqu'au Brésil en passant par tout l'arc caraïbe, notre région se trouve envahie depuis le nouveau millénaire par des algues sargasses directement issues des fleuves amazoniens. La cause en a été découverte par les scientifiques : la déforestation massive au Brésil afin de planter du soja sur des exploitations parfois plus vastes que la Martinique, cela en faisant une utilisation massive d'engrais azotés. Ces derniers s'écoulent dans les fleuves qui les amènent à la mer d'où elles remontent vers l'archipel des Caraïbes à cause des courants. Il s'agit donc d'un problème global et pas seulement martiniquais. Nous y reviendrons dans un prochain article.

 

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   Prenant la parole à son tour, Louis Boutrin, président de Martinique-Ecologie, qui fut en charge de l'économie bleue à la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique) et qui participa en 2019 à un important colloque en Guadeloupe sur la question des sargasses, mit en lumière, s'agissant plus particulièrement, de la Martinique et de la Guadeloupe, les principales raisons de notre impuissance à prendre le problème à bras le corps : l'absence de compétence des communes, EPCI et de la CTM sur l'espace maritime lequel relève de l'Etat français ; l'immobilisme et parfois la duplicité de ce même Etat qui ne prend pas ses responsabilités ; la difficulté de trouver des financements tant étatiques qu'européens etc... Il souligna aussi le fait que lors du colloque de Guadeloupe des préconisations furent adoptées mais qu'elles ne purent être concrétisées à cause de l'arrivée de l'épidémie de covid-19. Préconisations toujours valides et qu'il faudrait commencer à concrétiser. Nous y reviendrons.

 

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   Ce fut au tour de François TOURNIER, gérant du CNM (Chantier Naval de Martinique), installé depuis quarante-deux ans en Martinique de prendre la parole et d’expliquer les énormes difficultés rencontrées par ses collègues depuis l'arrivée massive des sargasses alors qu'avant celle-ci, la pêche martiniquaise, quoique loin de couvrir les besoins locaux, ramenait autour de 7.000 tonnes de poisson par an contre environ 1.000 aujourd'hui. Il a également souligné la diminution par quatre du nombre de marins-pêcheurs et a plaidé pour la construction d'un bateau de type nouveau qui permettrait d'aller plus loin en Atlantique, la pêche sur le plateau des Guyanes et surtout au large du Venezuela étant devenue compliquée pour des raisons politiques.

 

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   Ensuite, ce fut au tour d'Alain Linise, expert maritime bien connu, d'esquisser un certain nombre de solutions possibles sachant que le problème global ne pourra être vraiment résolu que lorsque le Brésil cessera de déforester à tout-va et de mettre en exploitation des cultures exigeant des engrais azotés. L'une de ces solutions serait la "double activité" : celle de marin-pêcheur et celle d'agent touristique (faire découvrir aux touristes les fonds marins, les cétacés nombreux dans notre région etc.). Or, problème : la loi l'interdit. Soit on est marin-pêcheur soit on exerce en tant que professionnel du tourisme. Il faudrait donc trouver le moyen de modifier les choses de façon à arrêter l'érosion du nombre de pêcheurs. Alain Linise a aussi rappelé une vérité assez peu connue et qui fait mal : 90% du poisson qui est vendu dans les restaurants de la Martinique est du poisson congelé venu d'ailleurs et non du poisson frais pêché au large de notre île. Nous y reviendrons également.

 

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   D'autres intervenants apportèrent des précisions s'agissant des différents problèmes évoqués et un débat avec le public clôtura ce forum-citoyen. Outre la question économique (le devenir de la pêche), écologique (envahissement de nos mangroves, qui sont le berceau des poissons, par les sargasses), matériel (destruction par les émanations de gaz toxiques des appareils ménagers, ordinateurs etc.), il y a le grave problème sanitaire. En effet, outre l'odeur pestilentielle qui se dégage des échouements de sargasses, les gaz qui en émanent sont la cause d'affections sévères chez les habitants du littoral.

   A tout cela s'ajoute la pollution de nos rivages atlantiques par l'usage inconsidéré durant une trentaine d'années de ce redoutable pesticide organochloré qu'est le chlordécone. Sorte de double peine pour les populations concernées que nos collectivités locales sont incapables de prendre à bras le corps faute de disposer de compétences et des financements nécessaires et faute d'un investissement sérieux de la part de l'Etat français qui ne cesse de ruser avec ses principes sur ce qui constitue deux catastrophes majeures.

 

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