Saint-Pierre (21 mai) : marche des "Flammes de la Liberté"

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     La ville de Saint-Pierre a cette année célébré l'abolition de l'esclavage de façon originale. En effet, le 21 mai, veille de la date d'Abolition, a été organisée une Marche des "Flammes de la Liberté". Y participaient, outre de nombreux Pierrotins, une délégation de Saône-et-Loire conduite par Christiane Mathos qui est à l'origine du "Parcours mémoriel des villes abolitionnistes" de cette région, Dominique Taffin, directrice de la Fondation pour la Mémoire de l'Esclavage et de ses Abolitions ainsi qu'Aïssata Seck, responsable du Programme "Citoyenneté, Jeunesse et Territoire" de cette même Fondation. 

   Le maire de Saint-Pierre, Christian Rapha, et ces différentes délégations ont ensuite déposé une gerbe au pied du tableau de la Libération, sur la fresque réalisée par Hector Charpentier. Le premier édile a alors prononcé une allocution avant un beau concert de Max Télèphe. Allocution qu'on trouvera ci-après.

***

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

 

Je vous souhaite à toutes et tous la bienvenue à Saint-Pierre et vous remercie de votre présence à nos cotés en ce soir si particulier pour nous, Pierrotins et Martiniquais.

Je veux saluer tout particulièrement des invités qui sont avec nous pour l’occasion : Christiane Mathos et les membres de son association Les Amis des Antilles, et les élus qui nous viennent de Saöne et Loire.

Je veux saluer également Madame Dominique Taffin, Directrice de la FME, dont la ville de St Pierre est membre fondateur, ainsi que Madame Aïssata Seck, responsable du Programme citoyenneté, Jeunesse et Territoire de la FME.

Chers amis, Le mois de mai à Saint-Pierre est jalonné de dates symboliques, le 6 mai, le 8 mai, et le 22 n’est pas la moindre.

 

Cette fresque allégorique d’Hector Charpentier retrace, entre abstraction et figuratif, le long chemin des esclaves, depuis l’arrachement à leur terre natale africaine jusqu’à leur libération et à l’avènement d’un Homme nouveau.

 

Cette fresque se situe dans un périmètre que nous avons voulu, dans la cohérence, dédier à la mémoire des esclaves, à leurs luttes et à l’abolition.

 

Nous sommes en effet sur la Place de la Libération du 22 mai 1848, point de départ de la Rue de l’esclave Romain, toutes deux baptisées, le 21 mai 2018, à l’occasion du 170ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage.

 

Cette fresque fait face au collège Louis Delgrès, autre illustre Pierrotin, qui a porté loin et haut les valeurs de Liberté et d’égalité, mort à Matouba en 1802, il y a 220 ans, pour combattre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe.

 

Le 28 mai, place Réné Bramban, nous dévoilerons une statut dédiée à la mémoire de son sacrifice pour notre liberté,.

Dans l’enceinte de ce collège Louis Delgrès qui est entourée de la Rue de L’abbé Grégoire, de la rue Pérrinon, illustres abolitionnistes, et de la rue de l’esclave Romain, se trouve l’Escalier de l’ex-Intendance, où le Gouverneur Rostolan a proclamé l’abolition dans la nuit du 22 au 23 mai, avant l’arrivée du décret du 27 avril 1848.

 

C’est pour cela que, j’ai coutume de dire que nous nous trouvons, ici, au carrefour de la Résistance.

 

J’ai demandé à ce que ce fameux Escalier de l’Intendance soit classé à l’inventaire des Monuments historiques. La demande est en cours d’examen par le Ministère de la Culture. 

 

Pas à pas, petit à petit, au prix des efforts et de la mobilisation de mon équipe municipale et administrative, avec le soutien de nos partenaires privés et publics, nous construisons un Saint-Pierre qui met en valeur son histoire, son patrimoine matériel et immatériel, qui sont en réalité ceux de tous les Martiniquais.

 

Nous souhaitons que l’histoire de Saint-Pierre, soit connue du plus grand nombre.

 

Cette histoire, au-delà de la catastrophe du 8 mai 1902, est aussi celle de l’esclavage, des révoltes qui ont balisées son histoire et de son abolition.

 

Dans les rues de cette ville, le sang a coulé à maintes reprises pour que la liberté devienne la réalité des hommes et des femmes qui ont accéléré le cours de l’histoire et donné par leurs actions, un vrai sens aux valeurs républicaines.

 

J’aime rappeler que Saint-Pierre, a toujours été à l’avant-garde des révoltes !

 

  • 30 août 1789, 1822 : des révoltes sont réprimées dans le sang.

 

  • 1823 : c’est l’affaire Bissette qui agite Saint-Pierre, en décembre.

 

  • Février 1831 : un quartier de Saint-Pierre brûle. L’état de siège est décrété.

 

  • 19 mai 1831 : 23 insurgés sont exécutés.

 

Puis arrive mai 1848.  

 

L’incarcération de l’esclave Romain. La colère et la révolte du peuple qui veut le faire libérer.

 

Le premier adjoint de Saint-Pierre, chargé de la sécurité, Pierre-Marie Pory-Papy, fils d’un mulâtre et d’une affranchie, ordonne la libération de Romain.

 

Convoqué par le maire Pierre Hervé, qui veut réprimander Pory-Papy, le conseil municipal de Saint-Pierre fait tout le contraire. Il vote l’abolition de l’esclavage.

 

La foule prend alors possession de la ville.

 

Le Gouverneur Rostolan plie et décrète l’abolition le 23 mai 1948.

 

C’est l’Histoire. L’Histoire avec un grand H. C’est notre Histoire !

 

Saint-Pierre a fait l’histoire de la Martinique.

 

Saint-Pierre a fait aussi l’histoire de la France.

 

L’émancipation a été gagnée de haute lutte par les esclaves insurgés, qui depuis toujours, depuis la cale du bateau négrier, avec plus ou moins d’intensité ont ébranlent régulièrement le système, veulent renverser l’ordre établi, jusqu’à ce point de non-retour. Ce point atteint en ce mois de mai 1848.

 

Saint-Pierre est dans l’histoire avec ces révoltes.

 

Elle l’est aussi à travers le courant abolitionniste local qui, en synergie avec le long combat des abolitionistes de la Métropole de l’époque, finit par triompher avec la République.

 

Je veux saluer le formidable travail de Mémoire de Christiane Mathos (circuit des villes abolitionistes de Saône et Loire) et de la FME Présidée par JM Ayraud représentée ici ce soir par sa Directrice Madame Dominique TAFFIN accompagnée de Aïssata SECK.

 

Pour conclure, je voudrais dire que l’histoire de nos aïeux doit être célébrée aussi en signe de compassion à l’égard de toutes celles et de tous ceux qui, encore aujourd’hui dans le monde, continuent d’être victimes de ces pratiques inhumaines de l’esclavage dit « moderne ».

 

Ces commémorations marquent notre engagement à défendre les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité et notre volonté de les faire triompher ici, maintenant, partout et toujours.

 

Je vous remercie.

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