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Il était malheureusement inévitable que la situation explose en Kanaky. Cela est la conséquence des choix de M. MACRON et de son gouvernement pris à la mi 2021, choix qui ont révolté le camp indépendantiste. Pour bien comprendre les enjeux actuels, un petit retour en arrière.
En 1983, les kanaks ont accepté le principe de partager leur droit à l’autodétermination avec les communautés arrivées après la colonisation.
En septembre 1984, l’ensemble des partis indépendantistes créent le FLNKS. En décembre de la même année, il boycotte les élections territoriales car aucune des demandes et revendications indépendantistes n’avaient et prises en compte en dépit de leurs engagements de 1983. On se souvient de cette image de Eloi MACHORO qui casse une urne avec une hache. Il serait d’ailleurs assassiné quelques mois plus tard par le GIGN. Ces évènements violents vont entraîner près de 100 morts dont une grande majorité de kanaks. Ils ne prennent fin qu’en 1988 avec les Accords de Matignon.
Ces accords créent de nouvelles collectivités sur le territoire permettant à ce que des régions à majorité kanak apparaissent. Ces collectivités ont de nouveaux pouvoirs et sont chapeautés par un Congrès. Surtout, ces accords reconnaissent le fait colonial et la volonté d’aller vers une décolonisation ou émancipation. Le peuple kanak est reconnu en tant que tel et il lui est reconnu le droit à séparation.
En 1998, vont se signer les accords de Nouméa qui détaillent le processus de décolonisation en prévoyant dans un premier temps trois consultations référendaires dans le cadre d’un corps électoral restreint aux présents dans le Territoire avant 1988.
En 2018 a lieu le premier référendum. Les caldoches et le pouvoir pensaient rassembler 70% de vote contre l’indépendance. Le NON plafonne à 57%. C’est un choix car la perspective de l’indépendance devient crédible. En 2020, second référendum et le OUI à l’indépendance dépassent les 47%. Le camp colonial est en panique.
Cette panique est fondée. Entre les Kanaks qui sont indépendantistes à plus de 90% et représentent 40% de la population et les caldoches majoritairement anti-indépendantistes qui sont environs 30% du fait de la colonisation de peuplement mise en place à compter de 1972 par le gouvernement MESSMER. Politiquement, ces deux groupes sont figés. Ce qui change, c’est les 30% restants. Mélanésiens, wallisiens, asiatiques, cette composante, naguère pro-française, est de plus en plus proche des idées indépendantistes. En 2019, un nouveau parti apparait, l’Éveil Océanien. Il obtient près de 9% aux élections territoriales. Les élus de ce parti font basculer la majorité du Congrès qui élit pour la première fois un indépendantiste à sa présidence.
Cela augmente la panique chez les caldoches et le pouvoir parisien.
Les Accords de Matignon et de Nouméa ont deux règles non écrites. D’une part, ils sont considérés comme tripartites. Le gouvernement, les anti-indépendantistes (divisés entre macronistes, droite et Lepénistes) et le FNLKS (qui lui aussi n’est pas monolithique). Dans ce triptyque, le gouvernement est censé se situer à égale distance des deux autres et permettre le dialogue. D’autre part, c’est, dans la suite de Rocard et Jospin, le Premier Ministre qui est maître du dossier calédonien. Le poids politique de l’occupant de Matignon est censé donner de l’allant aux accords et leur application.
Cela sera le cas jusqu’à Edouard PHILIPPE qui quitte son poste en 2020. Son successeur Jean CASTEX va être dépossédé du dossier calédonien par le président de la République MACRON. Dans un premier temps, il va être géré par LECORNU, ministre des colonies. Puis, il va passer aux mains de DARMANIN, le ministre de l’intérieur.
Pour bien comprendre l’ampleur du changement la loi concernant le “dégel électoral” qui a été adopté par le Parlement, elle a regroupé exactement la même majorité qui a adopté en décembre 2023 la loi sur l’immigration. Dans les deux cas, c’est DARMANIN qui a manœuvré et dans les deux cas, cela a mal fini.
Manifestement, ce changement intervient dans le cadre de la préparation du 3ème référendum qui est craint par Paris et par les caldoches. En effet, sur le terrain le rapprochement entre Kanaks et les communautés océaniennes s’approfondit même si dans le même temps qu’une coupure apparait entre le PALIKA et l’UNION CALEDONIENNE.
En juin 2021, sous les auspices directs de MACRON, le gouvernement établit un document de quatre pages dont trois sont consacrés à critiquer la revendication d’indépendance. MACRON voyage sur place et commence à critiquer la supposée “influence chinoise”, etc...Jamais depuis 1988, Paris ne s’était engagé aussi clairement d’un coté d’une des parties, en totale violation des accords de MATINGON et de NOUMEA.
Autre difficulté, la crise du COVID provoque une vague de morts chez les Kanaks, environs 300. Tenant compte du temps des deuils, le FNLKS demande à suspendre la campagne référendaire et à renvoyer le vote en 2022.
Refus sec des caldoches et de MACRON, espérant profiter de la situation pour gagner le référendum. Le FNLKS appelle donc à ne pas voter. Le taux d’abstention dépassera 55%.
Le OUI obtient 96%. Les indépendantistes refusent de reconnaitre ce référendum. MACRON voyage sur le “caillou” et vient célébrer la victoire de son camp.
Les Accords de NOUMEA prévoyait trois consultations. Les colons et MACRON refusent d’envisager de refaire le troisième référendum. Blocage
Mais les accords de NOUMEA prévoyaient aussi qu’en cas d’échec des référendums, il devrait y avoir des négociations pour définir le chemin de la fameuse “émancipation”. Là aussi, la situation est bloquée.
Pour les indépendantistes, il faut laisser la situation en l’état. Il faut arrêter le “processus” car il rend l’avenir incertain et cela empêche les investissements disent les caldoches soutenus par Paris.
DARMANIN va faire une proposition écrite qui reste un véritable torchon.
C’est dans ces conditions qu’avec l’unique soutien des anti-indépendantistes, il va décider de se passer d’accords politiques pour “dégeler” le corps électoral. En fait, il s’agit d’y intégrer plusieurs milliers de français installés en Nouvelle Calédonie depuis 1988 pour qu’ils votent aux élections territoriales. Bien entendu, tout cela est empaqueté dans un supposé discours universaliste où les colons n’hésite pas à reprendre le mot d’ordre contre l’apartheid, “un homme, un vote”.
En fait, ce corps électoral gelé tient compte de l’histoire et des accords de 1983, 1988 et 1998: les Kanaks ont accepté de partager le droit à l’autodétermination mais avec ceux qui ont vécu dans le pays assez longtemps pour y avoir des attaches réelles. En remettant en causse ce principe, MACRON et DARMANIN dynamitent quarante ans de dialogue et d’accord. Tout cela pour imposer une solution à un peuple qui a déjà connu maints martyrs.
C’est une permanence d’attaques du pouvoir contre les kanaks.
En réalité, depuis juin 2021, le pouvoir français fait tout à l’inverse de la lettre et de l’esprit des accords de MATIGNON et de NOUMEA.
Le pouvoir a été averti par des chercheurs, d’anciens ministres ou conseillers qu’il jouait avec le feu. MACRON est allé à désigner au gouvernement une extrémiste anti-indépendantiste comme secrétaire d’état (elle a dû démissionner après sa défaite aux sénatoriales). Elle vient d’envoyer une lettre absolument indigne pour un ancien ministre. De même, le rapporteur à l’assemblée nationale de la loi de dégel est un caldoche connu pour ses déclarations injurieuse contre les kanaks.
Voici les clés de ce qui se passe en Nouvelle Calédonie.
A cela se rajoute que depuis 1988, les inégalités se sont renforcées au détriment de ceux qui ne sont pas caldoches. La pauvreté a augmenté. L’économie est dans un état préoccupant.
Actuellement, nous sommes plus que jamais dans la répression, l’injure et le mépris. MACRON ordonne l’état d’urgence, arsenal juridique issu de la guerre contre le peuple algérien (Tout un programme!)! DARMANIN traite l’organisation CCAT (organisation de jeunesses des partis indépendantistes) de “mafieuse” et de “terroriste”. MACRON et ATTAL annoncent qu’il faut rétablir l’ordre. DUPONT MORETTI rédige une circulaire pour plus de répression.
Il y a eu cinq morts : trois kanaks qui ont été, semble-t-il tués, par des milices caldoches. On peut faussement espérer que l’appareil judiciaire tentera de faire la lumière sur ces meurtres. Deux gendarmes dont l’un a été tué par un collègue.
Il y a près de 200 arrestations, en grande majorité de jeunes kanaks des quartiers populaires.
La presse française se déchaine de manière caricaturale avec d’un coté les sauvages qui usent de violence et ne veulent pas que tout le monde vote et les gentils colons dont on pille les biens.
L’Elysée a annoncé qu’il serait à nouveau pour le dialogue mais veut imposer une date limite aux négociateurs. Là encore, rien à voir avec une volonté de régler la crise mais toujours de passer en force.
Dans un tel contexte, la reprise du dialogue sera difficile car les Kanaks n’ont plus aucune confiance dans MACRON et ses hommes.
Deux pistes possibles ?
La déclaration de François ROUX, avocat honoraire du FNLKS appelant à une médiation de l’ONU a tout son sens et peut être une voie réelle. D’’autant que la 78ème session de l’Assemblée Générale avait lancé un appel à négocier dans “le cadre des accords de NOUMEA” de 1998.
Ou bien recommencer comme en 1988. Michel ROCARD avait envoyé une mission dont les membres avaient été soigneusement choisis. On y trouvait des religieux dont l’Église Réformée et de nombreux hiérarques francs-maçons. Deux courants de pensée bien influents sur le “caillou”. Cela avait permis de calmer les choses.
Mais il semble que MACRON soit plutôt dans ces rêves de grandeurs d’une France forte dans l’Océan que de respecter le droit international.
Voici des gens qui veulent supprimer à Mayotte le droit du sol mais l’imposer à Nouméa pour rendre encore plus minoritaire les Kanaks chez eux. Décidément la France Coloniale est aveugle.
En attendant deux petite leçons.
Il faut être solidairement du peuple kanak. Ce peuple de quelques dizaines de milliers (111 mille pour être précis) d’hommes et de femmes continue depuis près de deux siècles de se battre pour vivre et exister.
Il est extraordinaire que des “élus” martiniquais aient pu penser qu’il était possible de négocier un nouveau statut avec un individu dangereux comme DARMANIN!
Le 17 mai 2024
Raphaël CONSTANT
Président du Cercle Fanon
Avocat et Militant
Votre arabophobie et vos changements incessants de pseudos pour pouvoir poster vos commentaires s Lire la suite
Je suis frappée par le peu d'enthousiasme que manifestent les media martiniquais (en général, si Lire la suite
Cette situation n'est absolument pas étonnante :au delà de cet exemple pris en France, il ne faut Lire la suite
En deux occasions, j'ai eu un sentiment ressemblant, mais heureusement de façon fugace. Lire la suite
..tu fais ce genre de confusion :même un mauvais élève de sixième ne confondrait pas Non-Blancs e Lire la suite