La Guadeloupe devrait bientôt se munir d'un "aspirateur à sargasses" pour lutter contre ces algues brunes qui s'échouent en masse sur les côtes antillaises depuis 2011. Les discussions sont "en bonne voie" et un contrat pourrait être signé ces prochaines semaines pour faire venir en Guadeloupe le système de collecte d'algues par aspiration intitulé Algaclean, a-t-on appris de la Région Guadeloupe. L'archipel, qui n'est pas le seul à lutter contre la prolifération des sargasses, pourrait même devenir, selon son concepteur, "un centre caribéen" à partir duquel cet outil pourrait être déployé vers d'autres pays.
"Pour l’instant, de tous les projets que nous avons vus et nous en avons expertisés pas mal, cela nous parait la solution la plus robuste", a indiqué à l’AFP Sylvie Gustave Di Duflo, vice-présidente de la région Guadeloupe, en charge des questions environnementales. Ce "gros aspirateur" breveté redonne "un peu d’espoir" à l’élue "car on peut arriver à enlever les sargasses très, très vite à terre et en mer".
Capable de pomper jusqu’à 700 m3 par heure
Cyril Thabard, président de la société CDO Innov, constructeur de cette barge en aluminium capable de pomper et stocker les algues "jusqu’à 700 m3 par heure", a rencontré le 4 juillet Stanislas Cazelles, conseiller Outre-mer d’Emmanuel Macron, pour présenter l’outil. Mme Gustave Di Duflo précise en souriant que "tous les maires sont d’accord pour être terre d'expérimentation".
Le ramassage des sargasses par l'Algaclean. © fxgpariscaraibe
La Guadeloupe pourrait devenir "un centre Algaclean caribéen au niveau de la maintenance et de l’exploitation", souligne Cyril Thabard. Suivant le modèle choisi, l’achat de l’Algaclean devrait coûter au moins "1,5 million d’euros", selon la Région Guadeloupe, auxquels il faudra ajouter "des modules" comme le "jacuzzi à désalinisation". Le coût sera réparti entre "l’Etat, la Région et les fonds européens mais le ratio reste à définir". Une réunion entre l'Etat et l’exécutif régional doit finaliser, le 12 juillet 2018, le plan de financement et le type d'exploitation retenus. Dès le feu vert donné, l’Algaclean pourrait être livré d’ici "3-4 mois" selon la Région.
Début juillet, 5 millions d’euros ont été "demandés à l’Europe" en comité de suivi des fonds européens, afin de se procurer des systèmes de récupération d’algues, souligne encore Mme Duflot. Cette somme devrait couvrir d’autres achats d’équipements, car l'Algaclean "ne pourra pas aller sur tous les sites".
Une crise sanitaire et écologique
D'après un rapport du ministère de la Transition écologique et solidaire de mai 2018, "les côtes des Antilles subissent des échouages de sargasses de manière irrégulière depuis 2011" et selon les experts, "un nouvel arrivage massif est en cours sur les Antilles depuis fin février 2018". Ce phénomène est "une calamité", avait déclaré le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.
Un échouage de sargasses en Martinique, en 2014. (Ministère de la Transition écologique et solidaire)
Ces algues, en se dégradant, émettent des gaz toxiques comme de l'ammoniac (NH3) ou de l’hydrogène sulfuré (H2S) peut-on lire dans un avis du Haut Conseil de la santé publique. Outre les odeurs nauséabondes qu'elles engendrent, ces émanations "présentent des risques pour la santé humaine si elles sont inhalées sur une longue durée" prévient le gouvernement. Certains établissements scolaires ont dus être fermés en Guadeloupe. En plus de la population caribéenne, les sargasses menacent la biodiversité des fonds marins puisqu'elles stagnent et finissent par couler. Leur impact économique n'est pas négligeable non plus : leur présence massive pénalise directement le tourisme, les activités de pêche et l’aquaculture.
Une origine anthropique
"Les causes des échouages massifs observés ces dernières années sont complexes, mais la responsabilité de l’action humaine est très probable, explique le communiqué du ministère. L’origine du développement de ces algues échouées est en cours d’étude. Néanmoins, les scientifiques évoquent en particulier l’apport de nutriments au milieu marin qui favoriserait la multiplication des algues. Les grands fleuves équatoriaux (Congo, Amazone, Orénoque), qui se déversent dans la zone intertropicale de l’Atlantique, charrient beaucoup plus de sédiments chargés d’éléments nutritifs que par le passé. En cause, l’érosion des sols et la destruction des mangroves due à la déforestation." Le réchauffement climatique jouerait aussi un rôle. L'élévation de la température des eaux marines est favorable au développement des algues et "influence les courants marins, facilitant le déplacement des sargasses". Nicolas Hulot avait annoncé le 11 juin 2018 en Guadeloupe un plan de 10 millions d'euros contre les sargasses.
Post-scriptum:
Algaclean, l'aspirateur à sargasses FXGPARISCARAIBE
Albè, quelqu'un a-t-il jamais nié l'existence d'un racisme anti-noir dans le monde arabe ? Lire la suite
Merci Frédéric...
Lire la suite... "Nuit noire" et Albè. MAIS DEUX POINTS À RAPPELER. Lire la suite
Un lapsus s'est glissé dans mon commentaire ci-dessus: Lire :..les Palestiniens de Gaza et non . Lire la suite
1) Comme vous le dites vous-même: " étant les premiers concernés" par le "racisme anti-noir" des Lire la suite