1. Gel immédiat de toutes les terres contaminées.
2. Assurer la potabilité de l’eau desservie à la population
3. Traçabilité des aliments mis sur le marché – labellisation – Laboratoire d’Analyse.
4. Suppression des LMR pour le Chlordécone
5. Procédures urgentes d’indemnisation des agriculteurs, des aquaculteurs, pisciculteurs et autres professionnels
6. Recensement de tous les ouvriers agricoles en contact avec le Chlordécone - Bilan médical complet. Etude épidémiologique spécifique pour cette population en Martinique.
7. Etudes épidémiologiques portant sur l’ensemble de la population
8. Tables rondes et Congrès des élus sur l’avenir de l’agriculture : « Quelle politique agricole pour les Antilles ? »
9. Création d’une usine de bioéthanol en Martinique
10. Dépollution des sols contaminés
11. Suivi du volet judiciaire.
12. Mise en place d’un plan de Communication – Transparence.
***
Chronique d'un empoisonnement annoncé.
Le scandale du Chlordécone aux Antilles françaises
(1972 – 2002)
Editions L'Harmattan – Février 2007
Février 2007. Que n'avons-nous pas entendu à la sortie de notre livre !
Contraints et forcés de nous justifier, y compris sur le titre et le sous-titre de l'ouvrage, nous avons essuyé les pires critiques, des plus constructives aux plus stupides, des plus mesquines aux plus stériles.
Conscients des enjeux de la situation, malgré le remue-ménage provoqué au sein même de l'administration étatique et de multiples pressions, nous n'avons pas transigé sur cette affaire. En aucun cas, nous ne pouvions déroger aux principes ni renier les valeurs qui nous ont conduit à écrire cet ouvrage.
Pour faire face à cette dure loi de l'Omertà que l'on nous imposait, nous avons pris notre bâton de pèlerin pour diffuser l'…information. Des travées de l'Assemblée Nationale en passant par l'amphithéâtre de Fouillole en Guadeloupe, l'hémicycle du Conseil régional de la Martinique, l'Atrium, les salles communales (Morne Rouge, Lorrain, Carbet, Trinité etc.), nous avons multiplié les forum-citoyens pour tenter de faire éclater au grand jour la vérité. Mais, c'était mal évaluer les réseaux d'influence et leur poids sur la diffusion de l'information sous nos latitudes. En dépit de quelques fuites tardives et de l'émotion suscitée dans la rue ou sur les ondes-radio, peu de véritables réactions de la part des autorités. Silencieuse, la préfecture attendait que passe l'orage du Chlordécone.
La classe politique locale, elle-même, à quelques rares exceptions, est restée quasiment muette pour, près de six mois après la parution de notre livre voter, au Conseil général de la Martinique, une délibération demandant à ce que plainte soit portée contre…X. Comme si les responsables en chef de cet empoisonnement étaient de parfaits inconnus ! Quant aux autres organisations écologiques, elles se sont lancées dans une compétition imbécile avec nous pour tenter de démontrer qu'elles furent les premières à dénoncer le scandale du chlordécone comme s'il l'on pouvait tirer de ce drame humain un quelconque fonds de commerce. Sans parler d'une certaine presse, d'orientation soi-disant nationaliste, qui, elle aussi, a cherché à gagner le championnat du premier dénonciateur, tout en ouvrant largement ses colonnes au préfet en poste à la Martinique à l'époque et à l'association-bidon, « Machann Foyal » que ses services avaient concoctée à la hâte, trois jours avant une manifestation programmée par l'ANC (Association Non au Chlordécone).
Septembre 2007, Interview du Pr Dominique Belpomme dans le quotidien, Le Parisien . Il a fallu d'un pavé dans la mare lancé par ce très médiatique cancérologue depuis les berges de la Seine pour qu'enfin, le scandale du Chlordécone éclate. Un rapport qui ne faisait que reprendre quelques bribes de ce que nous dénoncions, ici même, sur les rives de la Pointe-des-Nègres. Rappelons qu'une grande partie de notre ouvrage repose sur des traductions de travaux scientifiques réalisés aux USA suite à l'interdiction définitive du chlordécone dans ce pays en 1979, ainsi que sur diverses publications de l' « American Cancer Institute », le plus grand centre de cancérologie du monde. Nul n'est donc prophète en son pays ! A notre tour, nous l'apprenions à nos dépends.
Mais, quels que soient les reproches que l'on pourrait adresser au Pr. Dominique BELPOMME (en particulier le fait qu'il semble ignorer que les populations du Sud de la Martinique ont bu, pendant 30 ans, exactement la même eau contaminée que les populations du Nord, cette région étant le château d'eau de la Martinique), la médiatisation de son grain de sel dans ce scandale du Chlordécone a eu un effet tout à fait salvateur. La France entière s'est réveillée avec cette terrible nouvelle d'un empoisonnement de la population antillaise par la faute d'un redoutable pesticide. Médusés et surpris par l'ampleur de la déferlante médiatique, nos gouvernants, jusqu'ici immobiles, se sont empressés de monter au créneau et tenter d'éteindre le feu. Plusieurs ministres se sont succédés à la télévision pour expliquer à l'opinion française en deux jours ce que les services de l'Etat ont caché à la population antillaise durant trois décennies à savoir : « Un désastre écologique entraînant une contamination de la population » . Une vérité que nous avons eue, à la sortie de notre livre, toutes les peines à faire admettre. Ce qui a de plus pathétique dans cette affaire, c'est qu'une fois de plus, ce sont nos propres élus, nos propres concitoyens, qui lamentablement viennent au secours des pompiers pyromanes en tentant de minimiser l'étendue de la catastrophe ou de disculper les responsables au motif qu'il « faut éviter de faire du catastrophisme ». Comme si la catastrophe n'était pas déjà là et bien là !
En réalité, cette effervescence médiatique n'est ni plus ni moins que le résultat d'une faillite supplémentaire des services de l'Etat, incapables de gérer aux Antilles une catastrophe écologique doublée d'une crise sanitaire grave.
Et, quelles que soient les explications données aujourd'hui pour justifier la situation, le fait est que le Chlordécone et d'autres pesticides tout aussi dangereux ont été répandus dans la sole bananière et qu'ils ont contaminé durablement les terres agricoles, les eaux de rivières, les nappes phréatiques, l'eau desservie au robinet et les bandes côtières. Les dernières analyses pratiquées par le GREPHY, après avoir pointé du doigt les seuls « légumes-racine », nous révèlent aujourd'hui que d'autres cultures, notamment hors-sols, sont concernées avec des incidences graves sur la chaîne alimentaire et la santé de nos concitoyens.
C'est là une vérité qui dérange les pouvoirs publics mais que nous ne pouvions passer sous silence .
Héritiers de la terre de nos ancêtres, qu'ils ont fécondée de leur sueur et de leur sang, nous avions une obligation morale de faire l'historique et l'état des lieux de la contamination. Nous avions une impérieuse obligation de révéler la chronologie de cet empoisonnement de la population. Et, pour que l'histoire ne se renouvelle plus, nous avions aussi l'obligation de désigner les responsables.
Car, plus que jamais, quand l'esprit de responsabilité vient à manquer, quand les postures médiatiques camouflent mal les reniements politiques, quand les attitudes complaisantes vis à vis des coupables deviennent de plus en plus insupportables, les victimes ont besoin d'être informées et défendues pour que leurs droits élémentaires ne soient pas, une fois de plus, bafoués.
Ce sont ces motivations là,
C'est cet esprit de responsabilité qui nous a toujours animés dans cette scandaleuse affaire qui aujourd'hui, nous conduisent à formuler 12 propositions urgentes.
Après une gestion maladroite et calamiteuse de cette crise sanitaire sans précédent par les services de l'Etat, le moment est venu d'apporter une nouvelle contribution citoyenne afin de gérer la sortie de crise du Chlordécone.
Il en va de l'avenir de notre pays.
Il en va de l'avenir des générations futures.
Louis BOUTRIN
Raphaël CONFIANT
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