Compagnie Théâtre Créole, tout un déploiement de programme pour ses dix ans au Canada

Propos recueillis par Claude Bernard Sérant

Pour ses dix ans au Canada, la Compagnie Théâtre Créole veut marquer l’esprit de la communauté haïtienne. Tout un déploiement de programme pour les mois de juillet et d'août autour du thème « DiXversité, dix ans de théâtre, dix ans de repère ». Entretien avec le PDG de la Compagnie Ralph Civil.

Le Nouvelliste : La Compagnie Théâtre Créole, cette troupe qui a tant marqué le public haïtien, n’est plus en Haïti, mais en terre étrangère. Cette année, le prolongement de cette troupe célèbre ses dix ans au Canada.

Ralph Civil : Cette compagnie, définitivement, est une institution. Elle dure à travers le temps et l’espace. Elle a débuté en Haïti et a marqué le public, comme vous le soulignez. En 1999, la Compagnie Théâtre Créole commence à se manifester sur les planches. En 2022, le prolongement de la compagnie, au Canada, célèbre ses dix ans. Pour marquer cet évènement, tout un programme va se déployer les 15, 16, 17 et 18 juillet pour culminer jusqu’au 14 août 2022.

DiXversité

Le Nouvelliste : Quel thème la compagnie a-t-elle retenu pour marquer ces dix années ?

Ral[h Civil :  Le thème retenu : « DiXversité, dix ans de théâtre, dix ans de repère ». Nous aurons toute une gamme d’activités : témoignages-causerie, exposition, projection en salle, théâtre, bal de l’art, gala, soirée littéraire virtuelle, remise de plaques d’honneur et un concert de clôture le 14 août, à la salle Mirella et Lino Saputo, à compter de 19 heures, avec le concert du fameux pianiste haïtien et son groupe, Réginald Policard.

Le Nouvellste : Et pour le mois de juillet ?

Ralph Civil :  La projection d’œuvres artistiques sera au rendez-vous les 15, 16, 17 et 18 juillet à la salle d’activité de la Bibliothèque de Saint-Léonard. À ce programme : En attendant Godot, le texte de Samuel Beckett que j’ai mis en scène. Nous aurons «Le bien et le mal», mis en scène par Daniel Marcelin; : «Kilomètre 30» de Nde Mu Fopina, mis en scène de Billy Désir; «Les Monologues du vagin» d'Eve Ensler, mis en scène par Jean Marc Voltaire.

Cheminement

Le Nouvelliste : La compagnie a fait du chemin. Dix ans d’existence. Qu’est-ce que ce parcours représente pour vous ?

Ralph Civil : Dix ans d’existence dans un pays qui n’est pas le tien à faire du théâtre sans subvention est d’abord pour moi un exploit. Subsister avec les faibles moyens de vos collaborateurs pour offrir du beau à une communauté qui ne consomme pas le théâtre des siens, pour ne pas dire le service en général, n’est pas chose facile.

Le Nouvelliste : Quel poste occupez-vous dans cette compagnie ?

Ralph Civil :  Je suis président directeur général de la Compagnie, mais je joue également le rôle de directeur artistique pour ses multiples réalisations, les festivals et autres activités ponctuelles.

Le Nouvelliste : Quel rôle jouez-vous dans cet évènement ?

Ralph Civil : Pour les dix ans, je reste dans mon rôle de directeur artistique à côté de Nerlande Gaetan qui fait office de chargée de mission pour la coordination et la réalisation des évènements.

Le Nouvelliste : Parlons de repères. Citez-nous quelques évènements mémorables qui ont marqué la compagnie.

Ralph Civil : On en a pas mal, malgré nos maigres moyens : Deux festivals (Festithéâtre créole-Fethécomnoirs), quatre éditions à chacun, une soirée littéraire virtuelle chaque dernier jeudi du mois (Je dis à la maison) avec une reprise chaque jeudi ; Absolument femmes ; Regards ailleurs ; Bouillon poésie ; C’est son mot ; l’Art pour tous ; une activité de formation périodiquement ouverte à tous et à toutes, des créations (Montage de textes, lecture scénique, théâtre), des soirées d’hommage, etc. Mon coup de cœur a été porté sur la création : En attendant Godot de Samuel Beckett et la soirée d’hommage à Anthony Phelps. Mais à parler franc, tout ce que nous réalisons durant notre existence nous tient à cœur, même si quelquefois on se tape sur les doigts.

Ce qui marque ; ce qu’on retient

Le Nouvelliste : Y a-t-il des acteurs dans cette compagnie qui vous ont marqué ?

Ralph Civil :  Riché Kenskoff et Jeff Cherry. Deux générations différentes, mais qui se ressemblent dans leurs jeux. Ils se démarquent facilement de leurs pairs de par leur présence scénique.

Le Nouvelliste : Quel est le spectacle qui vous a le plus marqué ?

Ralph Civil : Justement, en parlant de Riché et Jeff, j’ai encore le souvenir de ces deux-là, dans « Defile », une pièce de Gary Victor. Comme je l’ai déjà dit, j’aime toutes mes créations.

Le Nouvelliste : Est-ce que la communauté haïtienne supporte cette compagnie ?

Ralph Civil :  C’est un grand mot (Communauté haïtienne) à mon humble avis, les Haïtiens ne vivent pas en communauté nulle part à l’extérieur d’Haïti. Je suis désolé de le dire. Pas besoin d’entrer dans les détails puisque ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui. Mais je peux dire pour répondre à la question, oui, les Haïtiens nous supportent et adorent tout ce que nous faisons actuellement dans la diversité montréalaise.  

Le Nouvelliste : Quelles sont donc les institutions qui vous accompagnent dans cette grande fête pour les dix ans ?

Ralph Civil :  Dommage que nous n’ayons pas de supports financiers, mais nous pouvons citer la collaboration incontournable de : CIDHICA, nos partenaires : Alter Action Jeunesse (AAJ), un organisme à but non lucratif, qui travaille dans le service d’encadrement des jeunes et Com C’est Nous, un autre organisme qui offre un service de soutien en communication, qui eux aussi vont faire leur première présentation en présentiel, au grand public montréalais.

Vivre sa passion

Le Nouvelliste : Ralph Civil ne vit-il que du théâtre ?

Ralph Civil :  Malheureusement non. Présentement, je travaille dans un hôtel comme équipier pour pouvoir payer le luxe de ma folie. Mais je n’en démords pas, j’espère voir le bout du tunnel bientôt.

Le Nouvelliste : En dix ans, quoi de neuf ?

Ralph Civil :  Je suis en train d’assister au cheminement de ma folie qui prend corps dans la compagnie théâtre qui faisait uniquement des créations, à compagnie qui fait la promotion et la vulgarisation d’autres institutions dans le domaine de la création. Dès lors, je peux respirer une bouffée d’oxygène en disant : il y a du nouveau.

On suit à la lettre notre plan stratégique, très ambitieux. Présentement, on travaille sur un projet d’acquisition de notre propre salle de théâtre pour pouvoir desservir dignement la communauté des Noirs à l’est de Montréal.

Le Nouvelliste : La compagnie a-t-elle une adresse au Canada ?

Ralph Civil :  Oui, on a un bureau à Saint-Léonard, au 8891, rue de l’aiglon, qui loge aussi notre studio pour les captations et montage de notre rubrique : Je dis à la maison.

Propos recueillis par Claude Bernard Sérant

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