CONTRE LE VOTE AUX TERRITORIALES DES 20 et 27 JUIN 2021

Je fais partie des (peu de) gens qui considèrent que la participation au prochain scrutin territorial n’a pas de sens. Bien entendu, la classe politique considère dans sa majorité que cette position est infondée. Quant au pouvoir français, sa propagande nous présente comme des minoritaires irresponsables et des opposants à l démocratie (ce qui est le comble du paradoxe, ce pouvoir ne reconnaissant pas l’existence du peuple martiniquais).

Soit.

 

Je veux dans ces quelques lignes expliciter ma position. Mais aussi, car, objectivement cette élection est un moment politique, analyser celui-ci au travers des listes présentes.

 

Chacun regarde midi à sa porte dit le proverbe (français). Ma porte, c’est que je situe toute mes démarches, tous mes combats quotidiens, à moyen ou long terme, dans la double perspective de faire la Martinique passé d’un statut de territoire dépendant à un territoire souverain pour l’instauration d’une société où le quasi-monopole béké disparaitrait. Voici donc ma boussole. Elle me situe à l’opposé et en contradiction complète avec le pouvoir français que je considère comme colonial et la plupart des forces politiques en Martinique pour lesquels ces objectifs sont combattus ou présentés comme irréalistes (car bien entendu, nous ne serons jamais prêts).

 

J’analyse chaque évènement ou fait avec cette vision des choses. Cela peut paraître psychorigide mais cela a quand même l’avantage de ne pas passer son temps à « zanzoler » tenant compte de l’écume du moment en oubliant la réalité de l’abime où se trouve notre peuple.

 

Dans ce cadre, je souhaiterai qu’on arrive à me convaincre en quoi l’élection territoriale prochaine va changer quoi que ce soit dans le devenir martiniquais. Qui penses sérieusement que la présence de Marie Jeanne, Nilor, Letchimy ou Monplaisir (ensemble ou séparément)  à la tête du conseil Exécutif de la CTM va vraiment changer quoi que ce soit au quotidien des martiniquais ou faire avance d’un iota la cause libératrice martiniquaise.

 

Sur le fond, la CTM a vraiment deux missions. D’une part dépenser des fonds français ou européens prédestinés à mettre en place quelques infrastructures (routes, établissements scolaires etc…), distribuer des subventions (source d’assistanat et de corruption) à d’autres collectivités, à des entreprises ou des particuliers et gérer (la pénurie de) l’aide sociale (là aussi source d’assistanat et de corruption). D’autre part, donner la fausse apparence d’un « pouvoir » martiniquais alors que le vrai pouvoir est concentré (avec la déconcentration) dans les mains d’un préfet (véritable gouverneur) unique et vrai représentant du pouvoir français et européen. La capacité d’intervention de la CTM dans le quotidien des martiniquais se situe à force 1 quand celui du gouverneur de la rue Victor Sévère (vis-à-vis duquel aucun contrôle démocratique n’existe) dépasse la force 100. Qui contrôle la douane, la police, l’armée, la Deal, les autres services étatiques ? La crise sanitaire l’a démontré. Marie Jeanne avec ses (petits) millions et son titre de « président des martiniquais » n’a rien eu à dire quant à l’organisation du pays, de l’économie, de l’entrée et sortie des frontières, etc….

 

Il ne s’agit pas de nier que la CTM (comme les mairies) a un impact relatif sur ce qui se passe en Martinique mais de constater la CTM n’a aucun pouvoir réel et suffisant pour remettre en cause la structure du pouvoir politique et économique de la Martinique ;

Les « patriotes » (ainsi se nommaient-ils !) ont dirigé la Région de 1998 à 2010. Les « progressistes » (en fait les pires conservateurs qui soient !) ont pris la suite de 2010 à 2015. Depuis la dernière élection, un curieux attelage patrio-autono-droitiers a géré le territoire. Prenons donc ces 23 ans de gestion. Qu’est ce qui a changé en Martinique sur cette période ? Le chômage massif, la bétonisation des terres agricoles, la consommation débridée, la non production, la domination de l’économie par une caste de couleur, l’exode des forces vives etc….. Rien, absolument rien. Tout au plus un peu de couleurs locales

 

Il aurait été possible d’imaginer tactiquement que les « patriotes » s’emparent des assemblées pour aiguiser les contradictions avec l’état central, poussent et repoussent jusqu’au bout les limites de ces pseudo-compétences, y compris en utilisant les accords internationaux signés par la France et l’UE. Cela aurait été critiquable mais envisageable mais impliquait une permanente vigilance sur la question de la reconnaissance du peuple martiniquais (cette revendication essentielle pourrait rallier la majorité des forces politiques en Martinique) et donc de la décolonisation. Il y a des expériences comme celles des catalans ou des basques contre le colonialisme castillan, du Groedland contre le Danemark, des valdotains contre Rome etc… qui montrent qu’une telle tactique peut être porteuse d’avancer.

 

Non, nos élus martiniquais, patriotes ou non, dans ce cadre colonial sont des enfants sages du colonialisme. Ils font ce qui leur est permis et seulement cela. Ils n’utilisent pas leurs positions pour faire avancer une cause mais pour montrer qu’ils ont de bons gestionnaires faisant bien le travail qu’on accepte qu’il fasse.

 

Je prends l’exemple de Nadeau qui a mis en cause comme maire la question des pesticides. Certes, la rébellion était petite et une répétition de ce qui avait déjà été fait en France par de nombreux maires. Néanmoins, elle a eu le mérite d’exister. Elle a suscité les moqueries de ses opposants car pour eux il faut respecter la loi française, même injuste.

 

Dans ce combat électoral, il y a un quasi-aspect schizophrénique. Les importantes questions qui intéressent les martiniquais, même aliénés, mêmes assimilés, sont absents des débats de nos 14 listes. Ainsi, sur le chlordécone qui a mobilisé près de 15000 personnes à la fin du mois de février 2021, que peuvent en dire nos têtes de liste ? Paroles, paroles, paroles car ils n’auront aucun pouvoir réel sur ce point !!!!

 

Le GRS a poussé jusqu’au bout cette absurde contradiction. Quatre mois avant le scrutin, ne voilà-t-il pas qu’on nous annonce une candidature du « mouvement social » (lequel ?). En fait, certes en raclant les fonds de tiroirs et en débauchant, nous avons une liste n’ayant rien à voir avec un mouvement social, pour l’essentiel mené par les militants de ce parti. Et un programme politique minimal où le mouvement social ne peut se retrouver.

 

Si la démocratie est la mise en place d’une politique entérinée par le peuple après un débat à armes égales, il ne fait aucun doute que le scrutin du 20 et 27 juin n’a rien à y voir. Ca ressemble à la démocratie comme la publicité du « canada dry » mais cela n’a rien à y voir. Cela reste un moment politique de façade qui a autant sinon moins de pertinence que les actions des militants RVN.

 

Examiner les 14 listes électorales en présence est intéressant car cela confirme mon sentiment que nous sommes en présence d’un faux choix ;

 

 

Déjà, notons cette évidence qui démontre bien que même pour les plus assimilés, la situation politique martiniquaise, même dépendante de la France, n’a rien à avoir avec le paysage politique français. On ne retrouve dans nos 14 listes aucune des grandes forces politiques françaises.

 

Pas une ne se réclame de LREM, le parti du président français. Simplement une ancienne référente se retrouve au PPM et le premier maire macronien de l’ile est passé avec armes et bagages chez Marie Jeanne. Pas plus de liste LR, son secrétaire étant parti tout seul faire alliance avec une sénatrice socialiste (à Paris) dans une liste dite centriste ! Pas une liste RN faute de troupes, ce qui fait que certains sont allés se camoufler dans les mêmes deux listes citées ci-dessus. Il n’y a pas plus de liste écologiste, le Modemas ayant sombré entre Nou Pep La (NPL) et Péyi-A (P-A) et Martinique Ecologie maintenant son compagnonnage avec Marie Jeanne.

 

Bref, il est à méditer que les trois principales forces politiques françaises soient incapables de se présenter en tant que tel dans l’arc politique martiniquais.

 

Deuxième observation d’ensemble, aucune liste ne dénonce le fait colonial ou ne le remet en cause. Pas une ne prononce le mot indépendance. Même les trois listes dites d’extrême gauche sont silencieuses là-dessus, celle du GRS se contentant de dire qu’elle est pour une assemblée constituante. Quant à la liste dite AKM (signe du carnaval ?), elle n’ose même pas trop se réclamer du drapeau RVN de peur d’effrayer. Il fut une époque lointaine où Bérisson, en créant Mun, disait vouloir faire de la politique autrement. L’électoralisme reste sa constante.

 

Pas une liste ne dit aussi un mot sur l’autonomie. Le PCM est noyé la liste du MIM sans aucun apport politique. Même le PPM qui a pourtant prétendu reprendre ce mot d’ordre à Rivière Blanche en 2016) n’en parle pas. Le gag du début de campagne restera quand même le maire du Saint Esprit annonçant qu’il considère que notre pays est déjà autonome !

 

Le I du MIM est simplement devenu une lettre inutile et son leader va de temps en temps parler de « prérogatives » à obtenir. Pas plus. On aurait pu croire ou espérer que Nilor aurait porté sa critique sur le recul du MIM (rappelons quand même qu’un moratoire a été signé en 2015 pour sceller l’alliance avec la droite et qu’en 2017 le leader du Mim est allé ostensiblement voter Macron aux présidentielles françaises) sur ce point. Non, pour lui, la question du statut n’est pas une « priorité », même si les 6 ( ?) « urgences » qu’il annonce ne sont pour aucune de la compétence de la CTM !

 

Pas de remise en cause du statut colonial. Ce n’est pas tout.

 

Rien (mis à part les deux listes de CO (avec des revendications plus syndicales que politiques) et du GRS dont c’est la seule originalité mais qui restent dans les généralités sans programme précis) contre le néo-libéralisme, rien sur l’actuelle structure économique en Martinique. Rien sur la position ultra-dominante d’une caste dans l’économie. Rien de sérieux pour une remise en cause structurelle sur les inégalités et l’expansion de la pauvreté (sinon le renforcement de la charité qu’on appelle « aide sociale »). S’il est donc vrai que certaines listes (d’évidence pour Letchimy et Conconne) sont proches ou sous la coupe des békées, aucun ne s’oppose sérieusement et programatiquement à la domination de la caste.

 

Tout cela démontre que quelque soit l’élu ou les élus, il n’y aura donc aucune remise en cause du système économique de dépendance et de la présence française en Martinique.

 

L’examen des principales listes permet aussi de tirer quelques enseignements.

 

Curieusement, le ministère français de l’intérieur annonce deux listes de droite : Ferdinand et Yann Monplaisir. On ne va pas ergoter sur la première sinon pour dire que c’est un magnifique coup de pub. Pour Monplaisir, il reste que sa liste est un pari perdu. Si sous la mandature précédente, il a réalisé son rêve d’avoir enfin un ancrage municipal, sa liste est son échec.

 

La prétention, quasiment réussie en 2015, d’être le fédérateur de la droite martiniquaise a volé en éclat. Car, dans cette élection, la droite est partout et nulle part. Le secrétaire des Républicains (LR) est allé faire une alliance avec Conconne ; le seul maire dit ex-démocrate-chrétien (PDC) a décidé de faire sa liste toute seule quitte à ce que son score soit confidentiel. Le président des FMP soutient Letchimy qui a gardé sur sa liste la maire Dulys du fantomatique Osons Oser. On retrouve Laventure (FMP) chez Marie Jeanne mais aussi Gémieux et Pamphile et même une avocate, ancienne candidate de droite (PDC) qui s’est convertie à l’écologie ; Beaunol de Rivière Pilote qui a tenté une alliance avec Dulys soutient finalement Nilor, etc…

Une chatte n’y retrouverait pas ses petits !

 

Yann Monplaisir a donc perdu son pari. Il n’a su unir ni sa famille (même parentale) et encore moins sa famille politique. Sa carte reste qu’il se présente comme un chef d’entreprise qui a réussi (les mauvaises langues rappellent régulièrement les dettes sociales de ses entreprises et ses problématiques demandes de subvention) mais il y a de la concurrence sur ce créneau avec l’arrivée de Jock. Sur le plan politicien, il a du mal à prévoir avec qui il devra s’allier pour un second tour pour rester dans l’apparence du pouvoir.

 

Peu de listes (officiellement) de droite mais une flopée de listes dites centristes. Se dire centriste, cela a un avantage, c’est ne pas se positionner sur les questions fondamentales et se présenter comme unitaire pour tout le monde. Politiquement, c’est comme le triangle des Bermudes. On s’y perd.

 

Nous avons nos centristes français patinés de couleurs locales, Petit et Orville qui tentent séparément (sans qu’on sache pourquoi) de percer électoralement depuis des années. Cela en devient si pathétique qu’on en arrive à les plaindre.

 

Mais à coté de nos historiques, voici donc nos centristes « locaux » (ils seraient vexés à être dit « nationaux »), Ralph Monplaisir, Conconne et Jock. Il existe peu sinon pas du tout d’explication rationnelle et avouée à ce que Ralph ne soutienne pas Yann et que Conconne ait quitté le PPM.

 

Ralph se dit différent de Yann et semble considérer cela suffisant pour présenter une liste aux élections territoriales. Soit. Sauf que son programme réussit l’exploit d’une vacuité encore plus plate que ceux des autres.

 

Est-ce le principe qu’il ne peut y avoir « deux mal crabes » dans le même baril qui explique que Conconne ait démissionné du PPM alors qu’elle vouait à son « président » une admiration sans borne ? Est-ce que même Letchimy ait trouvé que son ancienne vice-présidente cumulait un peu trop de casseroles ? Est-ce que Conconne a eu peur de se retrouver sans emploi après son mandat de sénatrice ? Tout cela reste mystérieux (on pourra me rétorquer que les causes du départ de Nilor du MIM ne sont pas plus claires).

 

En tous les cas, Conconne dont on dit qu’elle serait devenue la carte politique d’une partie de la caste békée a mis en place un attelage pour le moins particulier. Voici donc une sénatrice encore inscrite (sauf démission récente) au groupe socialiste qui fait alliance avec deux maires dits de droite. Le choix de Tirault et Rapha (qui initialement était un des bras droits de Chantal Maignan quand elle avait quitté l’Ump pour créer un parti régionaliste de droite qui a disparu sans crier gare) semble plus se fonder sur un abandon d’avoir une chance d’être élu par leur propre camp pour s’être lancé dans cette aventure qui reste ouverte sur le pire ou le meilleur. Là encore, pas plus de programme qu’ailleurs sinon des sempiternelles promesses qui n’engagent que ceux qui les croient.

 

Jock a fait le choix de plonger dans le marigot politique, après avoir présidé le Medef puis la Chambre de Commerce. Il a longtemps espéré que sa carte de visite allait lui attirer les grâces gouvernementales en obtenant un strapontin gouvernemental. Il n’a même pas réussi à obtenir un poste du comité économique social. Il tente donc de se créer une implantation politique dite « locale », éventuellement négociable après 2022. On peut craindre pour lui que même chez les personnes participant aux élections, sa carte de visite de technocrate n’émeuve guère. Mais là aussi une vacuité du programme.

 

Droite, centre, passons à gauche.

 

Déjà, le couple Bellay (FSM)/Robin (ex-PPM), seule alliance d’avant scrutin, qui présente un beau casting mais se trouve plutôt dans un mode survie.

 

Le PPM, le pilier le plus sûr de la présence française en Martinique, montre une fois de plus sa capacité d’unir la plupart des notables du pays. Peu importe le désastreux bilan de 2015 teinté d’une propension à privilégier les intérêts personnels à celui de l’intérêt général, peu importe la gestion catastrophique de Fort de France (les simples règles de l’éthique sinon des lois françaises auraient dû contraindre Laguerre à démissionner comme ce fut le cas pour Bangou à Pointe à Pitre), peu importe les mauvais résultats des dernières municipales, Letchimy persiste et signe. Aucun programme, un gout de la revanche sinon de la vengeance prononcée, il reste à ne pas enterrer le PPM. Il a le soutien du pouvoir français et la caste békée le considère comme un élément de stabilisation de la situation politique. Il est en état de rallier à lui bon nombre de politique des divers camps sous la promesse de retours et d’avantages bien compris. Ce n’est pas un hasard que les trois présidents des communautés d’agglomération le soutiennent. Il a réussi l’exploit à obtenir le ralliement du maire de Sainte Luce qui paraissait pourtant un des seuls édiles prêt à se battre contre la corruption.

 

Si on aurait tort d’enterrer le parti anciennement césairiste, il reste à Letchimy un défi à relever, comment trouver d’autres et de nouveaux alliés pour franchir en vainqueur le second tour. Sauf à espérer une triangulaire, faudra-t-il une réconciliation avec Conconne ou une unité avec Jock (les deux ayant pour seule ambition d’être élus ?

 

Voyons donc enfin ce que les normes politiques françaises appellent les listes régionalistes menées par Marie Jeanne et Nilor.

 

Sur le plan politique, le discours du leader du MIM n’a rien de bien fondamentalement nouveau. Son programme est simple : Il a bien géré le territoire et il mérite de continuer, et ceci quel que soit son âge et les trahisons (cela est même présenté comme une motivation à continuer !). Même si le bilan est pour le moins atténué, il nous est expliqué que cela est dû à la dette laissés par le PPM mais que pour la prochaine étape on va voir ce qu’on va voir. Mais, honnêtement, on voit peu. On voit d’autant peu que Marie Jeanne (qu’on n’appelle plus que « Président » !) s’attribue un bilan qui reste commun à la majorité de 2015 (On ne voit pas en quoi et pourquoi Monplaisir ou Nilor ne pourrait s’en réclamer).

 

Mais sur le plan politique, le vide caractérise le projet du leader du Mim. Sa réponse aux critiques sur « sa » dictature est à l’image de sa démarche politique. Aux reproches de Lise d’avoir abusé du statut prépondérant du Conseil Exécutif contre celui de l’Assemblée, il répond que la loi française est ainsi faite et qu’il se borne à l’exécuter. Or, non seulement cela n’est pas vrai mais en outre cette soumission à la loi française du leader du MIM semble bien opportuniste.

 

Elle explique que sur le plan politique, rien n’annonce même une simple interrogation sur la question du statut. Marie Jeanne semble traumatisé par le vote de 2010 (qui était une claque politique de l’électorat populaire à celui qui avait sciemment saboté la grève au bénéfice des possédants du pays) et reste sur son « moratoire » signé en 2015 pour sacrer son alliance avec la droite des FMP et de Monplaisir.

 

Sur le plan plus politicien, Marie Jeanne a la réputation d’un sens politique aigu lui faisant établir des listes de candidats quasi-idéales. Il est possible que cette réputation soit usurpée. Depuis 2015, aucun candidat (dans quelques élections que ce soit) soutenu par le « Président des martiniquais » n’a été élu. On en est arrivé à cette situation baroque où même à Rivière Pilote un candidat de droite a été élu !!! En tous les cas, pour remplacer les départs de ce qu’on appelle les « niloristes » et autres traites du RDM, Marie Jeanne a fait des choix assez clairs, à savoir à droite toute. Tous les nouveaux candidats viennent de sa droite ou de la droite, d’Edmond Mariette à Pamphile, premier maire macronien de Martinique en passant par Gémieux et Mirande. Tout cela inaugure de futurs « sillacs ». On peut plaindre Carole avec son drapeau RVN d’un tel compagnonnage lors des réunions des têtes de listes !

 

Le plus inquiétant de tout cela est que l’essentiel de la propagande de la liste est de s’appuyer sur la personne de Marie Jeanne, bardé de toutes les vertus, y compris celle de la promesse d’une victoire au premier tour avec 62% des voix (entendus de nombreuses fois dur Rldm !). Il risque d’y avoir des réveils douloureux au soir de ce premier tour.

 

Finissons avec notre autre « régionaliste » Nilor. Il avait un boulevard devant lui mais le député du sud a fait le choix d’emprunter une impasse. Déjà, être tête de liste est en soi un aveu d’impuissance à assumer une relève. Finalement, Nilor semble non pas vouloir changer la donne politique en Martinique mais simplement prendre la place de Marie Jeanne.

 

Sur le plan politique, rien, rien sinon une ode à la démocratie (ce doit être le leg de Lise) et celle (habituelle et éculée) sur l’unité (de qui, avec qui, pour quoi faire ?) qui atteint des proportions sidérantes. Il faut lire une interview de son bras droit Nadeau qui regrette que l’unité n’ait pu être faite avec Conconne ou Jock ! Il n’y a pas donc de classes sociales, de contradictions antagoniques. Tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil. Ce discours lénifiant et totalement est inquiétant pour l’avenir. Mais, pour le député du sud, ce non-discours lui permet d’envisager toutes les alliances possibles pour le second tour.

 

En résumé, nous ne sommes pas en présence des programmes politiques divergents et contradictoires permettant un vrai débat politique. On assiste plutôt à des querelles de personnalités dont les opinions sont, sommes toutes, pas trop éloignées et pas du tout antagoniques. Cela risque d’entraîner en cas d’absence de victoire au premier tour des alliances et contre-alliances pour le moins particulières !

 

Ceci doit s’expliquer par l’absence de réels pouvoirs de la CTM mais aussi par une volonté des leaders de liste à être de bons et sages gestionnaires de l’institution coloniale. Il y a donc une certaine logique dans leur discours et choix politique. La gestion de la CTM des 5 prochaines années ne variera pas fondamentalement quel que soit l’élu et ne sera pas foncièrement différente de celle menées de 2015 à 2021.

 

La certitude est que ce ne sera pas dans ce cadre qu’il sera possible de bâtir une alternative nationale à la situation politique et sociale de la Martinique.

 

 

Raphaël CONSTANT

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    Albè

    24/11/2024 - 08:31

    Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite

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    Albè , mon cher, peut-on mettre...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 23:38

    ...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite

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