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Plusieurs familiers de Facebook et de WhatsApp ont été étonnés et choqués au constat que le Festival entènasyonal literati kreyòl avait reproduit aveuglément, le 14 mai 2025, une circulaire du ministère de l’Éducation nationale d’Haïti datée du 21 février 2024 et relative à une prétendue « Créolophonie scientifique » qui aurait, semble-t-il, été lancée par ce ministère.
Nombre de familiers de Facebook et de WhatsApp ont été d’autant plus stupéfaits et offusqués que le Festival entènasyonal literati kreyòl, depuis sa création en 2019 et jusqu’à aujourd’hui, n’avait manifesté aucune complaisance ni aucun aveuglement volontaire vis-à-vis le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste dans le domaine de l’éducation ou dans celui de la culture… Il y a lieu de rappeler que le Festival entènasyonal literati kreyòl --soutenu par des institutions telles que la Fondation Maurice Sixto et l’OMDAC (l’Organisation martiniquaise pour le développement des arts et de la culture)--, est une structure d’intervention culturelle basée à Port-au-Prince et dont l’action s’étend à plusieurs villes de province. Le Festival entènasyonal literati kreyòl entend devenir « une plateforme majeure pour la promotion de la langue et de la littérature créoles » dans la perspective de « valoriser, promouvoir et diffuser des œuvres littéraires écrites en créole [afin d’impulser] le renforcement d’une identité linguistique ». La sixième édition de ce festival s’est tenue en Haïti du 21 au 26 janvier 2025 et le thème retenu cette année était « Pou yon kreyolofoni syantifik ak yon kreyolofi literè fètefouni ». L’édition de 2025 a mis à l’honneur Michel Ducasse de l’Île Maurice, Serge Madhère et Lyonel Desmarattes d’Haïti. NOTE -- Sur invitation du Festival entènasyonal literati kreyòl, le linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol a donné via Zoom/Faceboook, le 7 décembre 2023, une conférence sur la lexicographie créole avec la participation de l’APKA (Asosyasyon pwofesè kreyòl ayisyen).
Il est question de « Créolophonie scientifique » prétendument mise en route par l’Éducation nationale d’Haïti le 21 février 2024, mais l’observation de terrain, en toute rigueur, atteste qu’un tel dispositif « scientifique » n’a aucune réalité mesurable ni dans l’École haïtienne ni dans les universités du pays. Cette soi-disant « Créolophonie scientifique » est inexistante parmi les enseignants, les directeurs d’écoles, les didacticiens, les pédagogues et les rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires. Dès lors comment faut-il comprendre l’étonnante et aveugle dérive du Festival entènasyonal literati kreyòl dans ce qui s’apparente –au motif de la promotion de la « Créolophonie scientifique »--, à un soudain appui public à la frauduleuse propagande du PHTK néo-duvaliériste dans le vaste champ de l’éducation nationale où sont scolarisés environ 3 millions d’enfants ?
Dans un pays livré à la fureur des bandes armées, le chaos insécuritaire provoque depuis plusieurs mois l’exil intérieur forcé de milliers de personnes délaissant les quartiers populaires et se réfugiant en diverses régions du pays. Dans un tel contexte, comment faut-il comprendre l’étonnante et aveugle dérive du Festival entènasyonal literati kreyòl alors même qu’« Au cours du seul mois de janvier 2025, 47 écoles ont été détruites par des groupes armés dans la capitale haïtienne. Avec 284 écoles détruites en 2024, les attaques incessantes contre l’éducation s’accélèrent, laissant des centaines de milliers d’enfants privés de lieu d’apprentissage » (source : « Haïti : l'éducation attaquée », UNICEF, Genève, 28 février 2025 ; voir aussi « Haïti : la violence armée contre les écoles multipliée par neuf en un an, selon l’UNICEF », ONU Info, 9 février 2023 ; voir également l’étude amplement documentée et fort éclairante d’Audyl Corgelas, « Le système éducatif haïtien face à la violence armée et à l’instabilité sociopolitique », Revue internationale d’éducation de Sèvres, numéro 96, septembre 2024).
À l’aune de la promotion de la « Créolophonie scientifique », comment faut-il comprendre l’étonnante et aveugle dérive du Festival entènasyonal literati kreyòl alors même que dans de nombreuses communes du pays, y compris dans le Département du Nord --par exemple à l’École nationale de Bel Air du Cap-Haïtien--, les élèves, dépourvus de bancs et assis par terre, suivent l’enseignement d’un instituteur démotivé et absentéiste auquel le ministère de l’Éducation nationale n’a versé aucun salaire depuis 3,4,5,6 mois ? NOTE -- Les 17 000 enseignants du secteur public détenteurs d’une lettre de nomination sont rémunérés par le ministère de l’Éducation nationale à même les ressources financières provenant du Fonds national de l’éducation. Le salaire net de ces enseignants varie selon leur statut : il est de 18 426 Gourdes pour un professeur à chaire simple, soit moins de 150 $US par mois, et de 39 203 Gourdes pour un professeur à temps plein, soit moins de 300 $US par mois (Jean Brière Cadet : « Condition enseignante misérable en Haïti », Xaragua Magazine, 9 février 2025). De sources concordantes l’on estime à 88 000 le nombre total d’enseignants en poste dans les secteurs privé et public du système éducatif national.
De sa création en 2019 et jusqu’à récemment, le Festival entènasyonal literati kreyòl s’est bâti une solide réputation, celle d’une institution citoyenne solidaire et transgénérationnelle qui, a travers des activités diverses, s’efforce de promouvoir une Créolophonie innovante. Mais contribuer à promouvoir une Créolophonie innovante autorise-t-il de faire la promotion de la pseudo « Créolophonie scientifique » du PHTK néo-duvaliériste ? Sur le registre du débat public, il est nécessaire d’interpeller publiquement le Festival entènasyonal literati kreyòl à propos de la pseudo « Créolophonie scientifique » du PHTK néo-duvaliériste à laquelle il a choisi de s’associer aveuglément : il est souhaitable que cette institution fournisse sans délai des réponses adéquates aux questions formulées au début de cet article. En clair, il appartient au Festival entènasyonal literati kreyòl de fournir publiquement les motifs qui l’ont conduit à reproduire aveuglément, le 14 mai 2025, la circulaire du ministère de l’Éducation nationale d’Haïti datée du 21 février 2024 et relative à une pseudo « Créolophonie scientifique ».
Afin que le lecteur prenne l’exacte mesure de la position du Festival entènasyonal literati kreyòl, nous reproduisons intégralement la note qu’il a fait paraître sur Facebook et WhatsApp le 14 mai 2025.
La « Note » du Festival entènasyonal literati kreyòl s’intitule « Soutyen pou kreyolofoni syantifik” : Egzije Leta respekte “mo Leta” »
« Èske w te konnen Leta ayisyen, atravè Ministè Edikasyon Nasyonal ak Fòmasyon Pwofesyonèl, te deside nan mwa fevriye 2024 “mete sou pye yon finansman pou kore pwodiksyon nan lang kreyòl li rele ‘Soutyen pou Kreyolofoni syantifik’? Se yon pa fondamantal nan direksyon limyè ak pwogrè. Nou toujou kwè Ayiti, kòm pi gwo moso demografik nan Kreyolofoni an dwe miltipliye aksyon konkrè pou lang kreyòl kontinye pete plafon nan lasyans, nan atizay, kididonk nan tout domèn konesans ak savwafè.
« Pran desizyon pou “mete sou pye yon finansman pou kore pwodiksyon nan lang kreyòl” se yonn (1). Fè menm Leta sa a respekte desizyon li pran an se de (2), paske, e sitou, pa toujou gen kontinite bon bagay nan yon modèl Leta « po nwa mas blan ». E se tris. E se la a tou nou dwe konprann nesesite pou n egzije Leta respekte « Mo Leta ». Egzije Leta respekte « mo Leta » se tonbe fè lasyans pale kreyòl, fè kreyòl pale lasyans » epi…frape pòt Leta.
« Daprè sikilè Ministè Edikasyon Nasyonal te pibliye 21 fevriye 2024, « Soutyen pou Kreyolofoni syantifik » lan dwe favorize :
• Finansman chèchè endividyèl, ekip rechèch ou òganizasyon k ap travay pou devlopman lang kreyòl la ;
• Patisipasyon nan ankadreman pèsonèl akademik ak syantifi k ap anseye, devlope ou fè pwomosyon lang kreyòl ;
• Patisipasyon nan rezo ak pwogram entènasyonal kreyolofoni ;
• Bous etid ki ankouraje rechèch ak echanj syantifik nan lang kreyòl ;
• Pri syantifik pou ankouraje pwodiksyon nan lang kreyòl tankou memwa lisans, metriz ak tèz doktora ».
Datée du 21 février 2024, la circulaire de l’Éducation nationale d’Haïti porte la signature du ministre Nesmy Manigat, compulsif ordonnateur et « stratège » de multiples arnaques dans le système éducatif national –notamment le PSUGO, le LIV INIK AN KREYÒL, le financement unilatéral et inconstitutionnel des manuels scolaires créoles --nous reviendrons là-dessus. La circulaire de l’Éducation nationale d’Haïti précise de plus que la pseudo « Créolophonie scientifique » sera pourvue de dotations en provenance du Fonds national de l’éducation (le FNE) qui est, il faut déjà le rappeler, le haut-lieu de la corruption et du népotisme dans le système éducatif national –nous reviendrons là-dessus.
PREMIÈRE ERRANCE -- La « Note » du Festival entènasyonal literati kreyòl consigne un troublant aveuglement volontaire et atteste un appui public à la pseudo « Créolophonie scientifique » du PHTK néo-duvaliériste
Cet aveuglement et cet appui s’éclairent au constat qu’à aucun moment le Festival entènasyonal literati kreyòl –dans son souci de promouvoir une « Créolophonie scientifique »--, ne s’est interrogé sur la dimension institutionnelle et politique de la circulaire du 21 février 2024 pas plus que sur l’identité de son émetteur, le ministère de l’Éducation nationale d’Haïti administré et dirigé pour le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste par Nesmy Manigat. À aucun moment le Festival entènasyonal literati kreyòl ne s’est interrogé sur l’absence avérée d’un réel projet du PHTK néo-duvaliériste dans les domaines de l’éducation et de la culture et, de manière liée, sur l’absence mesurable d’un véritable projet d’aménagement du créole dans l’École haïtienne. Nos collègues du Festival entènasyonal literati kreyòl qui lisent régulièrement nos articles consacrés à la dimension linguistique de l’éducation en Haïti le savent bien : nous avons à plusieurs reprises fait la démonstration que l’aménagement du créole dans l’École haïtienne, sous la houlette du PHTK néo-duvaliériste, a été l’objet d’une avalanche de « mesures », de « circulaires » et de « projets de réforme » aussi fumeux que démagogiques (voir notre article « Le ministre de facto de l’Éducation Nesmy Manigat et l’aménagement du créole dans l’École haïtienne : entre surdité, mal-voyance et déni de réalité », Le National, Port-au-Prince, 2 décembre 2021).
Dans cet article nous avons exposé que le PHTK de Nesmy Manigat défend une vision populiste et démagogique de l’aménagement du créole dans l’École haïtienne. Pour illustrer ce constat nous avons rappelé les grandes lignes du bilan d’ensemble du premier passage de Nesmy Manigat à la direction du ministère de l’Éducation nationale où il a été nommé le 2 avril 2014. À l’appui de ce bilan nous avons mis en lumière un article laudateur rédigé par un fidèle « commis d’office » du PHTK néo-duvaliériste, Fritz Dorvilier, ancien consul général d’Haïti à Montréal, paru en Haïti le 4 mars 2016 dans Le Nouvelliste. Cet article a pour titre « Sur la pertinence de la gouvernance éducative de Nesmy Manigat » et il fournit des informations utiles à la compréhension de l’action de Nesmy Manigat à la direction du ministère de l’Éducation nationale. Fritz Dorvillier, il faut le rappeler, appartient à l’intrépide et affairiste coterie d’intellectuels de seconde zone --qui comprend entre autres Louis Naud Pierre, Wein Weibert Arthus, Guichard Doré, Liné Balthazar--, grassement rémunérés par le cartel politico-mafieux PHTK en vue de faire la promotion de ses « réalisations » à la direction du pays. La fascination, servile et/ou intéressée de certains intellectuels pour les pouvoirs dictatoriaux ou autoritaires est amplement documentée dans nombre de pays. L’exemple allemand est à ce compte bien instructif. Auteur d’une étude de haute teneur analytique, « Hitler et les professeurs » (publiée en yiddish en 1946 puis éditée bien plus tard en français à Paris aux Éditions Les Belles lettres, en 2013), le linguiste originaire de Lettonie Max Weinreich a démontré qu’à travers des linguistes, historiens, anthropologues, géographes, philosophes, juristes, médecins, c’est l’Université allemande dans son ensemble qui a mis son savoir au service de la construction idéologique sur laquelle a pu s’asseoir le nazisme. Plus près de nous, le dictateur François Duvalier avait ses fidèles idéologues et « commis d’office » (les frères Jules et Paul Blanchet, le soi-disant « historien » Rony Gilot, laudateur compulsif des Duvalier et de diverses grosses pointures de la dictature duvaliériste, Gérard de Catalogne le propagandiste des idées fascistes en Haïti, Georges J. Figaro, etc.). Ces dernières années le PHTK a lui aussi eu les siens, des « commis d’office » ou « faire valoir » attelés à produire à titre d’« experts » rémunérés une « Constitution » d’inspiration duvaliériste (Louis Naud Pierre) ou à créer de toutes pièces une « légitimité » intellectuelle au régime néo-macoute (Louis Naud Pierre, Guichard Doré, Liné Balthazar ainsi que Wein Weibert Arthus « récompensé » par l’attribution du poste d’ambassadeur d’Haïti au Canada). Dans tous les cas de figure, c’est à travers diverses instances symboliques et institutionnelles, défendues par ces « intellectuels » en service commandé, que se jouent et se déjouent les projets kleptocratiques du PHTK néo-duvaliériste dans le corps social haïtien (voir notre article « Le rôle des « intellectuels serviles » dans l’arsenal idéologique érigé par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste », Médiapart, Paris, 24 novembre 2024).
Sur les registres politique et institutionnel, nous avons démontré à diverses reprises que l’aménagement identifiable et mesurable du créole dans l’École haïtienne est le grand absent de la gouvernance du système éducatif haïtien sous la houlette de Nesmy Manigat » en dépit du battage publicitaire démagogique mis en œuvre par le PHTK néo-duvaliériste. Plusieurs de nos articles éclairent cette problématique, entre autres « L’aménagement du créole en Haïti : un combat citoyen et solidaire que la Constitution de 1987 légitime et illumine », Fondas kreyòl, Martinique, 10 octobre 2024 ; « L’aménagement du créole en Haïti aux côtés du français et en conformité avec la Constitution de 1987 : promouvoir un débat rigoureux et rassembleur », Rezonòdwès, 4 décembre 2023 ; « L’aménagement du créole en Haïti et la réforme Bernard de 1979 : le bilan exhaustif reste à faire », Rezonòdwès, 16 mars 2021.
En toute rigueur et dans le contexte où l’État haïtien ne gère et ne finance que 20% des écoles du système éducatif national, la pseudo « Créolophonie scientifique » promue par le PHTK néo-duvaliériste –et aujourd’hui publiquement supportée par le Festival entènasyonal literati kreyòl--, demeure un slogan populiste et démagogique à géométrie variable, de la « poudre aux yeux » qui n’a produit aucun résultat identifiable, mesurable et durable dans l’École haïtienne. De la première mandature de Nesmy Manigat à l’Éducation nationale (2014 - 2016) à son retour aux affaires dans ce ministère en 2021, et de 2022 - 2024 à nos jours, la pseudo « Créolophonie scientifique » du PHTK néo-duvaliériste n’a produit, au chapitre de l’aménagement du créole, aucun résultat sur les registres suivants :
DEUXIÈME ERRANCE – La « Créolophonie scientifique » promue par le PHTK néo-duvaliériste serait, selon le FEL, « yon pa fondamantal nan direksyon limyè ak pwogrè »
Dans son empressement à supporter publiquement la soi-disant « Créolophonie scientifique » --qui n’est nulle part définie, il faut bien en prendre toute la mesure--, le Festival entènasyonal literati kreyòl prend le risque d’assumer que la circulaire du ministère de l’Éducation nationale d’Haïti datée du 21 février 2024 « Se yon pa fondamantal nan direksyon limyè ak pwogrè ». En quoi consiste ce prétendu « pas fondamental » ? Le Festival entènasyonal literati kreyòl ne précise pas la nature et les caractéristiques de ce présumé « pas fondamental » et l’assertion selon laquelle ce « pas fondamental » serait tourné vers… « la lumière et le progrès » ne dépasse pas la posture pavlovienne des discours circulaires et répétitifs que l’on croyait jusqu’ici relever des mantras catéchétiques itératifs de l’impuissante et surréaliste Akademi kreyòl ayisyen (voir nos articles « Bilan quinquennal truqué à l’Académie du créole haïtien », Rezonòdwès, New York, 9 décembre 2019, et « L’Académie du créole haïtien : autopsie d’un échec banalisé (2014 – 2022) », Médiapart, Paris, 18 janvier 2022).
L’on observe que dans son aveuglant empressement à supporter la soi-disant « Créolophonie scientifique » du PHTK néo-duvaliériste, le Festival entènasyonal literati kreyòl tourne le dos aux sciences du langage, à la jurilinguistique et manifeste une lourde ignorance de la problématique de l’aménagement linguistique en Haïti (sur cette problématique voir le livre collectif de référence que nous avons dirigé et co-écrit, « L'aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Éditions de l'Université d'État d'Haïti et Éditions du Cidihca, 2011 [2023]). NOTE – Sur la problématique de l’aménagement linguistique en Haïti, voir aussi plusieurs de nos articles publiés au fil des ans en Haïti dans le journal Le National et ensuite repris sur le site de l’Observatoire européen du plurilinguisme, entre autres « L'école en créole, en français, dans les deux langues ? État de la question et perspectives », 3 janvier 2012 ; « Le partenariat créole-français, l’unique voie constitutionnelle et rassembleuse en Haïti », 14 mars 2023 ; « La longue route des terminologies scientifiques et techniques en créole haïtien », 22 février 2023 ; « De l’usage du créole dans l’apprentissage scolaire en Haïti : qu’en savons-nous vraiment ? », 25 janvier 2022. Notre article « L’aménagement du créole dans l’École haïtienne : de la nécessité de dépasser la récitation des slogans miraculeux » est quant à lui paru sur le site Potomitan, à Genève, le 1er juillet 2022.
Tel que l’illustrent les articles ci-haut cités et à l’opposé de la soi-disant « Créolophonie scientifique » du PHTK néo-duvaliériste, nous avons donc amplement analysé les objectifs, les fonctions et la pertinence de l’usage du créole langue maternelle dans l’École haïtienne. Ce dispositif analytique a été approfondi dans notre article « L’état des lieux de la didactique du créole dans l’École haïtienne, une synthèse (1979 – 2022) » paru en Haïti dans le journal Le National le 27 mai 2022. De surcroît nous avons amplement exposé le dispositif analytique élaboré dans des études apparentées et de premier plan, notamment celle du linguiste Wilner Dorlus, « La didactique du créole en Haïti : difficultés et axes d’intervention » datée de 2008, ainsi que celle du linguiste Renauld Govain, « L’état des lieux du créole dans les établissements scolaires en Haïti » parue dans « Contextes et didactiques » 4/2014.
Il y a lieu de mentionner que la problématique de la didactique / didactisation du créole a été examinée de près et sur plusieurs registres dans le livre collectif de référence que nous avons dirigé et co-écrit, « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (par Robert Berrouët-Oriol et alii, Éditions Zémès, Port-au-Prince, et Éditions du Cidihca, Montréal, 2021, 381 pages). Cet ouvrage comprend entre autres notre étude intitulée « La néologie scientifique et technique, un indispensable auxiliaire de la didactisation du créole haïtien ». Le livre collectif de référence « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » a fait l’objet d’un fort éclairant compte-rendu analytique, sous la plume du sociolinguiste et sociodidacticien Philippe Blanchet, de l’Université Rennes 2 en France, dans les prestigieux Cahiers internationaux de sociolinguistique (Éditions l’Harmattan, Paris, 2021).
Les liens entre néologie créole, lexicographie créole et aménagement linguistique en Haïti sont étudiés sous différents angles dans la trentaine d’articles que nous avons consacrés ces dernières années à la lexicographie créole. Assortis d’une « Préface » du linguiste-lexicographe Albert Valdman (Indiana University) --auteur des plus rigoureux dictionnaires anglais-créole publiés depuis une quarantaine d’années--, ces articles seront bientôt publiés en Haïti et au Canada sous le titre « Les défis contemporains de la lexicographie créole ». Les études rassemblées dans ce livre exposent notamment
La problématique de la didactique / didactisation du créole renvoie à la question du « créole savant » ou du « créole langue scientifique », un niveau de langue ainsi dénommé par certains auteurs. Nous avons examiné de près cette problématique dans notre article « Le créole est-il une ‘’langue scientifique’’ ? » (Fondas kreyòl, Matinique, 17 janvier 2024). Nous avons exposé que l’idée du « créole langue scientifique » renvoie en réalité à plusieurs dimensions, à plusieurs niveaux d’une problématique plus large, qui est en lien à la fois avec les sciences du langage, l’Histoire, l’« idéologie linguistique », la sociologie du langage, l’épistémologie, la lexicographie créole, la didactique du créole et la complexe question de la didactisation du créole. Ainsi, explorer de manière analytique l’idée du « créole langue scientifique » exige au départ de poser plusieurs questions de premier plan : existe-il des « langues scientifiques » et des « langues non scientifiques », des langues dotées des capacités de nommer les sciences et des langues qui ne sont pas dotées des capacités de nommer les sciences ? L’hypothétique binôme antinomique « langue scientifique » versus « langue non scientifique » a-t-il fait l’objet d’études spécifiques en linguistique ? Autrement dit la question du « créole langue scientifique » est-t-elle du ressort de la linguistique ou de celui de la perception subjective et/ou idéologique des usages et des différents registres d’usage d’une langue ? Est-il nécessaire et utile d’en débattre sur le mode de la binarité « langues scientifiques » / « langues non scientifiques », celles-ci pouvant éventuellement être perçues, au niveau de la subjectivité, comme des langues prétendument « inférieures » ? Plus largement, la catégorie « langue scientifique » est-elle fondée sur le plan épistémologique ? Et de quelle science est-il question dans la séquence « langue scientifique » : s’agit-il des sciences dites « dures » (mathématiques, physique, biologie) par opposition aux sciences dites « molles » (les sciences humaines et sociales) ? ». Autre manière de problématiser la question : faut-il examiner l’ensemble des articulations du discours scientifique dans une langue donnée ou s’agit-il d’interroger une représentation sociologique, idéologique et culturelle de l’idée de « langue scientifique » ?
Il est significatif qu’une recherche documentaire à large spectre et portant précisément sur le terme ou la présumée notion de « langue scientifique » n’ait pas révélé l’existence de la moindre étude traitant spécifiquement de l’idée ou de la présumée notion de « langue scientifique ». Ainsi, nous n’avons trouvé aucune définition sui generis de « langue scientifique » et nulle part nous n’avons répertorié une quelconque étude portant sur d’hypothétiques « langues non scientifiques », cette qualification pouvant emprunter la voie d’une relative stigmatisation visant de manière subjective les langues à tradition orale ou les langues n’ayant pas encore été l’objet d’un aménagement (celui du code, du statut, des fonctions étatiques, etc.). De même que sur le plan strictement scientifique il a été amplement démontré qu’il n’existe ni « langue supérieure » ni « langue inférieure », nous n’avons trouvé au fil de nos recherches aucune étude dans laquelle des chercheurs –notamment en sciences cognitives et en didactique--, auraient fait la démonstration qu’il existe des langues qui seraient en soi des « langues scientifiques » ayant préséance sur des langues perçues ou étiquetées comme étant des « langues non scientifiques ». En toute rigueur, aucune théorie linguistique, aucune modélisation des sciences cognitives, aucune théorie de l’apprentissage des connaissances ne permet de soutenir que l’idée de « langue scientifique » serait fondée et/ou opérationnelle : le lingala, le yoruba, le turc, le mandarin, l’arabe, le français, l’anglais ou le créole ne sont donc aucunement, en soi, des « langues scientifiques ». Ainsi, à l’instar de toute autre langue naturelle, le créole n’est pas en soi une « langue scientifique », ce qui ne signifie aucunement qu’il ne possède pas les qualités (idéelles-conceptuelles, grammaticales et sémantiques) ou le potentiel (lexical, néologique et de didactisation) pour modéliser l’ensemble des articulations du discours scientifique et pour exprimer les réalités scientifiques et techniques que les locuteurs sont appelés à dénommer dès lors que ces réalités, entre autres de par leur nouveauté, apparaissent dans un contexte donné et sur le registre des communications interpersonnelles ou institutionnelles.
Dans tous les cas de figure, il ne suffit pas de psalmodier en boucle et d’un festival annuel à l’autre le slogan « Créolophonie scientifique » sur différentes tribunes pour que la Créolophonie soit de fait connectée au réel, pour qu’elle devienne --y compris par la magie d’une enivrante oraliture--, un véritable projet d’aménagement du créole dans la sphère scientifique et technique… D’ailleurs, et on l’a précisément noté, le Festival entènasyonal literati kreyòl nulle part ne se réfère aux sciences du langage dans son plaidoyer pour une « Créolophonie scientifique », il ne dit pas en quoi consiste cette singulière Créolophonie, quelles en sont les caractéristiques, notamment aux plans normatif, statutaire, politique et sociolinguistique. L’on observe que le Festival entènasyonal literati kreyòl nulle part n’explicite la vision théorique et programmatique qui serait au fondement de la « Créolophonie scientifique » dont désormais il fait la promotion en écho à la « Créolophonie scientifique » promue par le PHTK néo-duvaliériste… Et de manière plus essentielle le Festival entènasyonal literati kreyòl ne précise pas sa pensée au plan épistémologique, ce qui aurait pu contribuer à la crédibiliser et permettre au locuteur de situer cette « Créolophonie scientifique » : serait-elle dans la vision du FEL la principale caractéristique de l’aménagement linguistique en Haïti ? Serait-elle l’objectif central que l’État haïtien devrait atteindre en matière d’aménagement du créole dans l’espace public et dans le système éducatif national ? La « Créolophonie scientifique » peut-elle être garante de l’efficience des droits linguistiques en Haïti conformément aux articles 5 et 40 de la Constitution de 1987 ?
D’autre part, l’on observe que le Festival entènasyonal literati kreyòl, lourdement dépourvu d’une véritable vision jurilinguistique de l’aménagement linguistique en Haïti, ne comprend pas qu’un tel aménagement est en amont de nature politique et qu’il est une prérogative régalienne de l’État. Cela éclaire le constat que nulle part le Festival entènasyonal literati kreyòl ne fait le lien entre politique nationale d’aménagement linguistique et « Créolophonie scientifique » qui serait un espace normatif et communicationnel défini et encadré par une future Loi d’aménagement de nos deux langues officielles conformément aux articles 5 et 40 de la Constitution de 1987 (voir notre article « La Constitution de 1987 est au fondement du « bilinguisme de l’équité des droits linguistiques » en Haïti », Le National, Port-au-Prince, 25 avril 2023).
Par ailleurs il est indispensable de préciser que la « Créolophonie scientifique » du PHTK néo-duvaliériste avalisée par le Festival entènasyonal literati kreyòl ne prend pas en compte la complexe question des droits linguistiques, qui font partie du grand ensemble des droits citoyens explicitement identifiés et garantis dans la Constitution haïtienne de 1987. NOTE – Constitution de 1987 : « Chapitre II - Des droits fondamentaux / Section A - Droit à la vie et à la santé, Art. 19 à 23. Section B - De la liberté individuelle, Art. 24 à 27.1. Section C - De la liberté d'expression, Art. 28 à 29.1. Section D - De la liberté de conscience, Art. 30 à 30.2. Section E - De la liberté de réunion et d'association, Art. 31 à 31.3. Section F - De l'éducation et de l'enseignement, Art. 32 à 34.1. Section G - De la liberté du travail, Art. 35 à 35.6. Section H - De la propriété, Art. 36 à 39. Section I - Droit à l'information, Art. 40. » NOTE -- Sur la question centrale des droits linguistiques, voir notre live « Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti / Pledoye pou dwa lenguistik ann Ayiti » (Éditions Zémès, Port-au-Prince, et Éditions du Cidihca, Montréal, 2018). Voir aussi l’étude du juriste Alain Guillaume, « L'expression créole du droit: une voie pour la réduction de la fracture juridique en Haïti » (Revue française de linguistique appliquée, XVI-1 (77-91), 2011).
TROISIÈME ERRANCE – En faisant la promotion de la soi-disant « Créolophonie scientifique » du PHTK, le Festival entènasyonal literati kreyòl avalise le vaste dispositif de corruption mis sur pied par le PHTK dans toutes les instances du système éducatif national
Au plan notionnel, une Hispanophonie, une Lusophonie, une Francophonie, une Créolophonie, etc. reçoit le sème définitoire « scientifique » lorsque l’on veut indiquer que la langue parlée dans ces espaces est apte et/ou destinée à investir et à nommer les sciences et les techniques dans divers domaines et contextes de communication. Le lieu principal d’élaboration des vocabulaires scientifiques des espaces hispanophone, lusophone, francophone et créolophone est aussi bien l’École que l’Université. Et dans plusieurs pays et régions cette vaste entreprise langagière s’appuie sur les travaux normatifs d’institutions spécialisées telles que l’Académie des sciences en France ou la Real Academia de ciencias exactas, físicas y naturales d’Espagne, etc.), l’AFNOR (l’Association française de normalisation), les Banques de terminologie (TermiumPlus au Canada, le Grand dictionnaire terminologique au Québec), la Base de données lexicographiques panfrancophone (BDLP), la Banque de données terminologique du Service de la langue française de la Fédération Wallonie-Bruxelles BelTerme, UNTERM, la Banque terminologique multilingue de l’Organisation des Nations Unies, l’IATE (InterActive Terminology for Europe) le système de gestion terminologique de l'Union européenne. La fumeuse « Créolophonie scientifique » du PHTK est tout à fait étrangère à ces dispositifs véritablement scientifiques, et il faut prendre toute la mesure que le slogan itératif que brandit le Festival entènasyonal literati kreyòl « fè lasyans pale kreyòl, fè kreyòl pale lasyans » --slogan qui est en réalité une coquille vide--, ne garantit en rien la mise en route programmatique d’une quelconque « Créolophonie scientifique »…
À l’opposé d’un têtu déni de réalité, le tout récent compagnonnage constaté entre le Festival entènasyonal literati kreyòl et la « Créolophonie scientifique » du PHTK signe de facto un appui politique public au vaste dispositif de corruption mis sur pied par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste dans toutes les instances du système éducatif national. Ce vaste dispositif de corruption et de népotisme a été dénoncé et publiquement combattu par diverses organisations de la société civile haïtienne.
Ainsi, par-delà les effets d’annonce et le « buzz médiatique » propulsés par une cascade de « réformes » en état comateux sitôt annoncées, deux choses caractérisent véritablement la gouvernance du système éducatif haïtien sous la houlette du PHTK de de Nesmy Manigat : l’absence d’une politique linguistique éducative devant encadrer l’aménagement du créole dans l’École haïtienne d’une part ; et, d’autre part, la caution accordée par Nesmy Manigat au PSUGO, le Programme de scolarisation universelle et gratuite mis sur pied par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste, programme très largement dénoncé par les enseignants haïtiens et qui a donné lieu à une énorme opération de détournement de fonds publics et de gabegie administrative. C’est le diagnostic objectif établi par AlterPresse au terme « d’une longue et rigoureuse enquête (portant sur des documents et à l’aide de témoignages et entrevues), et dont les résultats ont été publiés en trois livraisons, Le Psugo, une menace à l’enseignement en Haïti ? (parties I, II, III) ». Dans ce diagnostic il est précisé que « Mal planifié et slogan de campagne électorale de l’actuelle administration politique, le Programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire (Psugo), dit « lekòl gratis », se révèle entaché d’irrégularités, trois ans après son lancement officiel en octobre 2011, suivant les données recueillies par Ayiti kale je (Akj) au cours d’une investigation [de] deux mois. » À propos du PSUGO promu par Nesmy Manigat, le même diagnostic objectif a été élaboré par Charles Tardieu, enseignant-chercheur, spécialiste des sciences de l’éducation et ancien ministre de l’Éducation nationale. Dans son article fort bien documenté et rigoureux, « Le Psugo, une des plus grandes arnaques de l’histoire de l’éducation en Haïti » (30 juin 2016), Charles Tardieu analyse les mécanismes mis en œuvre par le PHTK néo-duvaliériste pour pérenniser cette ample arnaque historique dénoncée puis ardemment soutenue par l’ex-ministre de l’Éducation nationale Nesmy Manigat.
En ce qui a trait au FNE, le Fonds national de l’éducation, un fait avéré est amplement connu des enseignants : en modélisant une véritable industrie de la corruption dans le secteur de l’éducation, le Fonds national de l’éducation (FNE) créé en 2011 et dirigé depuis lors par le PHTK néo-duvaliériste continue de mettre en péril la scolarisation de plus de 3 millions d’écoliers haïtiens. Avec la complicité de certains organes de la presse locale, entre autres radio Magik9, le FNE a récemment lancé une « campagne de crédibilité » grand public dans le but de faire diversion, de détourner l’attention du public, des directeurs d’écoles et des associations d’enseignants à la suite de la perquisition effectuée le 4 juin 2024 dans ses locaux par l’Unité de lutte contre la corruption, l’ULCC (voir l’article « En Haïti le Fonds national de l’éducation, haut-lieu de la corruption, tente de s’acheter une impunité « à vie » à Radio Magik9 », par Robert Berrouët-Oriol, site Haïti Inter, Paris, 7 janvier 2025). L’Unité de lutte contre la corruption, qui avait auparavant reçu plusieurs plaintes, est en train de parachever le dossier des malversations et du népotisme qui ont cours au FNE depuis sa création et qui ont été couverts par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste et sa « vedette médiatique », l’ex-ministre de l’Éducation nationale Nesmy Manigat, ainsi que par l’ancien Premier ministre PHTKiste Joseph Jouthe. L’on observe que Jean Ronald Joseph, ex-directeur PHTKiste du Fonds national de l’éducation, aura certainement à répondre par-devant la Justice haïtienne des nombreuses malversations financières commises en toute impunité dans son fief : il devra entre autres expliquer pourquoi son « expertise » présumée de gestionnaire « hors pair » a coûté à l’État haïtien la rondelette somme de… 650 000 Gourdes par mois. LE FARAMINEUX SALAIRE MENSUEL de Jean Ronald Joseph, de l’ordre de 650 000 Gourdes, EST INVISIBILISÉ puisqu’il n’apparaît dans aucun audit financier du Fonds national de l’éducation : cette institution nationale, de 2017 à 2024, n’a publié aucun audit comptable relatif aux sommes qu’elle a perçues et dépensées (voir l’article « La corruption au FNE en Haïti : ce que nous enseignent l’absence d’états financiers et l’inexistence d’audits comptables entre 2017 et 2024 » par Robert Berrouët-Oriol, Rezonòdwès, 22 juin 2024). Jean Ronald Joseph, répondant à l’« ordre de mission » émis par le PHTK néo-duvaliériste, a tenté de court-circuiter l’action intentée récemment par le nouveau ministre de l’Éducation nationale Augustin Antoine qui a formellement demandé à la Cour supérieure des comptes d’effectuer avec célérité un audit administratif et financier des 9 organismes placés selon la loi sous la tutelle du ministère de l’Éducation. Le Fonds national de l’éducation est l’un de ces organismes et Jean Ronald Joseph, qui n’a publié aucun rapport d’audit administratif et financier depuis que le PHTK l’a placé en décembre 2021 à la direction du FNE, s’est livré à une pavlovienne campagne de propagande, croyant pouvoir ainsi échapper au diagnostic à venir de la Cour supérieure des comptes et se mettre en toute impunité à l’abri de la Justice (voir l’article « La corruption dans le système éducatif national d’Haïti / Le ministre Augustin Antoine dépose une demande d’audit financier et administratif à la CSCCA » par Robert Berrouët-Oriol, Madinin’Art, 16 octobre 2024). Au chapitre de l’impunité, il y a lieu de préciser que les deux « stratèges en invisibilisation de la corruption » du PHTK néo-macoute, Joseph Jouthe et Nesmy Manigat, n’ont pas obtenu l’obligatoire « décharge » de la Cour supérieure des comptes de leurs responsabilités régaliennes aux postes respectifs de Premier ministre et de ministre de l’Éducation. En conséquence, toutes les actions qu’ils ont posées durant leurs mandatures sont réputées être inconstitutionnelles et illégales… Cette lecture constitutionnelle des actions menées par les différents Exécutifs haïtiens depuis 2015 –date à laquelle le Parlement haïtien a été mis hors-circuit par le cartel du PHTK néo-duvaliériste–, est partagée par les différents juristes que nous avons interrogés ces derniers mois : Haïti vit depuis 2015 sous un « régime d’exception » dans lequel la Constitution de 1987 est systématiquement violée et reléguée dans l’espace desinstitutionnalisé d’une parodie de l’État de droit (voir l’article « Haïti : une démocratie sans élections ni institutions ? », par Nicolás Pedro Falomir Lockhart, Centre d’études interaméricaines / Institut québécois des hautes études internationales / Université Laval et Observatoire des Amériques, Université du Québec à Montréal, février 2015). NOTE – En ce qui a trait AU RÔLE DE JOSEPH JOUTHE DANS LE MÉCANISME POLITICO-ADMINISTRATIF D’INVISIBILISATION DE LA CORRUPTION DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF NATIONAL, voir l’article « Haïti : la corruption au Fonds national de l’éducation : ce que nous enseigne le saint-Évangile de la transparence politique de Joseph Jouthe, ex-Premier ministre d’Haïti » par Robert Berrouët-Oriol, Madinin’Art, 26 septembre 2024). De surcroît, AU CREUX DU MÉCANISME POLITICO-ADMINISTRATIF D’INVISIBILISATION DE LA CORRUPTION DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF NATIONAL, Joseph Jouthe, Nesmy Manigat et Jean Ronald Joseph devront rendre compte par-devant la Justice haïtienne de la pléthore népotique du « Bureau » et du « Cabinet » du Directeur du FNE, Jean Ronald Joseph. Cette pléthore népotique a coûté à l’État haïtien 80 800 000 Gourdes/an (606 015 $US/an) en frais administratifs.
En guise de brève conclusion, il est nécessaire de rappeler que la « Créolophonie scientifique », pour l’essentiel promue sur le registre de l’idéologie plutôt que sur celui des sciences du langage, ne peut être crédible et mise en route par des institutions nationales que dans le cadre d’une future politique linguistique nationale et sur le registre d’une politique linguistique éducative nationale en stricte conformité avec les articles 5 et 40 de la Constitution de 1987. En dehors de ce cadre constitutionnel et institutionnel, la « Créolophonie scientifique » continuera d’emprunter les chemins infertiles de l’errance idéologique et de la répétition des rituels de l’oraliture « militante » qui ne s’embarrasse pas de résultats identifiables, mesurables et durables. Le défi majeur et central qu’Haïti doit aujourd’hui relever n’est pas celui d’une « Créolophonie scientifique » mais plutôt celui de l’aménagement simultané des deux langues de notre patrimoine linguistique historique, le créole et le français, conformément aux articles 5 et 40 de la Constitution de 1987 (voir notre article « Le partenariat créole-français, l’unique voie constitutionnelle et rassembleuse en Haïti », Le National, Port-au-Prince, et Observatoire européen du plurilinguisme, Paris, 14 mars 2023).
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