ECOLE AMEP : l'ancien directeur devant la justice

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   On ne peut qu'être admiratif devant la promptitude avec laquelle la justice en Martinique traite certaines affaires et l'extrême lenteur avec laquelle elle se penche sur d'autres. Ce deux poids deux mesures a fini par devenir tellement habituel que presque plus personne ne s'en préoccupe.

   Célérité donc dans l'affaire de l'AMEP contre lenteur de tortue-môlôcôye dans l'affaire du CEREGMIA. La première a, en effet, été jugée ce lundi 30 mai au tribunal de Fort-de-France et les mises en cause ont été, d'une part, Jean-Louis Fonsat, ancien directeur de l'AMEP (Association Martiniquaise d'Education Populaire), école qui pendant des décennies recueillit des élèves rejetés par le système scolaire et qui aujourd'hui est devenue l'un des meilleurs de la Martinique, et d'autre part, Eliane Trébeau, directrice du CFA-BTM, structure liée à l'AMEP.

   Qu'est-il reproché à J-L. Fonsat ? Ceci : utilisation du chéquier et de la carte bleue de l'établissement pour des dépenses non liées à la gestion de ce dernier. Et cela pour un montant de...42.000 (quarante-deux mille) euros ! On a presqu'envie d'éclater de rire quand on compare avec un délit assez similaire reproché aux chefs de l'ex-CEREGMIA. En effet, deux rapports de la Cour des comptes, rédigés à dix ans de distance, avaient fait état de...120.000 (cent-vingt mille) euros. Autre reproche adressé à l'ancien directeur de l'AMEP : auto-attribution de primes et de rémunérations irrégulières pour un montant de...500.000 (cinq cent mille) euros. Soit un total si l'on comprend bien de 542.000 (cinq cent quarante-deux mille) euros. 

   542.000 euros à comparer avec la volatilisation de 12 millions d'euros dans la comptabilité de l'Université des Antilles et de la Guyane, puis de l'Université des Antilles, comme l'ont établi deux rapports de la Cour des comptes, un rapport du Sénat et un de l'OLAF (ou "FBI européen"). Or, à ce jour, les trois chefs de l'ex-CEREGMIA n'ont toujours pas été jugés, 6 ans après que leur affaire ait éclaté, et sont donc à ce jour présumés innocents. Seul le CNESER (Conseil National de l'Enseignement et de la Recherche) les a sanctionnés, administrativement sanctionnés plus exactement : ils ont été tout simplement révoqués de l'université et radiés de la fonction publique.

   Ce deux poids deux mesures de la justice en Martinique ne peut plus durer. Comment accepter que des militants Rouge-Vert-Noir soient arrêtés, jugés et pour certains emprisonnés au Centre pénitentiaire de Ducos alors que des présumés innocents en col blanc se baladent tranquillement, comme si de rien n'était, réembauchés, semble-t-il, dans le privé par une entreprise békée ? Présumés innocents parce que la justice se refuse à les juger !...

Commentaires

Présomption d'innocence à géométrie variable ?

Frédéric C.

31/05/2022 - 14:10

Attention ! D'après ce que j'ai compris, le jugement doit être rendu le 24 juin 2022. Donc jusqu'à nouvel ordre : présomption d'innocence ! Ceci dit, on a en effet l'impression que certains sont présumés innocents à vie, donc que leurs casiers judiciaires resteront vides à vie... Ça fait désordre dans une "République soi-disant irréprochable" (dixit un ancien Pdt de la République lui-même pas très net, si l'on s'en tient à certaines "fuites"). En Martinique c'est d'autant plus embêtant si l'on estime que le pays a une vocation nationale.

Une décoration ou même une statut

Karl

01/06/2022 - 19:53

Deux de nos compatriotes ont été traduits devant le tribunal judiciaire.
La délibéré ne sera connu que dans quelques semaines. Ces personnes sont donc présumées innocentes et même si elles étaient condamnées, l'appel qu'elles interjetteront probablement les maintiendra dans la situation de personnes présumées innocentes.
L'article de Fondas Kréyol, excipant de ce que des personnes mises en examen dans le dossier de l'ex-CEREGMIA n'ont pas été jugées à ce jour, après 6 ans d'instruction, dénonce la célérité avec laquelle le dossier de l'AMEP aurait été traité par la Justice. Rappelons tout de même que la plainte déposée dans ce dossier l'a été en 2016, il y a donc 6 ans.
Les préjudices sont comparés : 12 millions d'euros dans l'affaire de l'ex-CEREGMIA et 542 000€ dans le cas de l'AMEP, de la menue monnaie en somme!

Mais au delà de cette querelle de durée et de chiffres, ne doit on pas considérer que cette accusation ne peut être qu'injuste : ni l'association AMEP ni la Collectivité Territoriale de Martinique ne se sont constitué parties civiles, ce qui prouve qu'a leurs yeux, ce procès n'a pas lieu d'être!!! Au fait, pourquoi ne pas remplacer la statut de Schoelcher par celle de ces deux personnes, un homme et une femme, ce qui respecterait le principe de parité!

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