Plus que jamais les élections présidentielles en Martinique donnent lieu, au sein des partis politiques, à des cabrioles du plus haut comique. On y voit ainsi des écologistes apporter leur soutien à Mélenchon et non à Jadot, des communistes qui appellent à voter un Roussel, grand défenseur du bon vin, de la viande rouge et du "terroir français". Quant à ceux qui déclarent ne pas prendre position dans une élection française alors même qu'ils sont élus au sein d'un système tout ce qu'il y a de plus français, on ne sait pas quoi en penser.
Le PPM, plus ancien parti politique martiniquais, aurait, quant à lui, longtemps tergiversé entre le flamboyant Mélenchon et le "chouval-twa-pat" d'Hidalgo. Allons-y, d'un petit coup de griffe méchant, voire mesquin, s'agissant de cette dernière ! Il faut bien rigoler des fois, non ? Le dictionnaire nous donne la définition suivante du mot "Hidalgo" :
"Noble espagnol (de petite noblesse) se prétendant de vieille souche chrétienne sans mélange de sang juif ou maure".
Bigre, comme dirait Ti Sonson. Ou plutôt, Patat sa !
Revenons aux choses sérieuses même s'il s'agit d'un exercice difficile dans "l'île aux leurres" (et non "aux fleurs") comme disait cruellement le regretté caricaturiste Sinamal. Car, enfin, nom de Dieu, quel est le problème, le seul problème, sur lequel devraient urgentissimement se pencher nos politiques de tous bords à savoir départementalistes, autonomistes, indépendantistes, écologiste et autres ? Oui, LE SEUL !
REPONSE : la question de l'autonomie (puisque celle de l'indépendance apparaît comme une chimère).
En Corse et en Guyane, cette question figure en tête des préoccupations des politiques et avec raison, les élections présidentielles arrivant en second. Non pas du tout parce que ces dernières ne nous intéressent aucunement comme le prétendent ceux qui se complaisent dans des postures "révolutionnaires", mais parce qu'il y a urgence à changer le statut dans lequel nous sommes engoncés depuis 1946 et cela malgré la décentralisation d'abord, puis la territorialisation de 2015. Notre statut actuel est, en effet, en état de mort cérébrale. Quel que soit le parti qui dirige la CTM, il lui est impossible d'empêcher la bétonisation de nos terre agricoles (1.000 hectares par an), l'effondrement de notre démographie, le chômage endémique et la pauvreté (30% des Martiniquais), le départ massif de notre jeunesse vers des cieux plus cléments, l'économie de comptoir imposée par la caste békée, la corruption en col blanc, le clientélisme, le népotisme et toutes les tares qui affectent la société martiniquaise.
Tout cela est impossible parce que nous ne disposons pas des leviers de commande.
On en a eu un exemple criant quand a éclaté la pandémie du covid-19. Malhonnêtement, d'aucuns ont reproché à Alfred Marie-Jeanne, alors président de la CTM, de ne pas prendre les choses en mains alors que chacun sait très bien que dans une Martinique régie par l'Article 73 de la constitution française, c'est le Préfet qui décide des questions sanitaires avec l'ARS, pas le président de la CTM. C'est le Préfet et lui seul qui peut décider de la fermeture de l'aéroport, de l'interdiction d'accostage des navires de croisière ou encore de l'accès aux plages, toutes choses qui auraient pu permettre de limiter l'expansion de l'épidémie que nous avons payée au prix fort (plus de 900 morts). Il y avait donc quelque chose de risible en voyant certains (es) élus (es) s'agiter pour réclamer "une gestion locale de la crise".
Pour "avoir une gestion locale" de quoi que ce soit encore aurait-il fallu que nous disposions d'un minimum d'autonomie !
Or, le principal parti "autonomiste", le PPM n'a eu de cesse depuis des décennies de renier son mot d'ordre soit de manière ouverte (Moratoire de 1981) soit de manière voilée (refus de voter "OUI" à l'article 74 en 2010). Soit surtout en se contentant de "gérer" la situation sans bouger d'un iota tout en démontrant une criante incapacité à gérer justement : 1,2 milliards de francs de déficit à la fin de la mandature de Camille Darsières à l'ex-Conseil régional et 80 millions d'euros à la fin de celle de Serge Letchimy. Sans même parler du déficit abyssal de la "ville-capitale" comme dit le PPM et des pratiques obscures liées aux retraites de certains cadres municipaux au point que la Cour des Comptes a pondu un rapport accablant à ce sujet et que récemment, le Président de la CTM et le maire de Fort-de-France ont été placés en garde à vue par le Parquet National Financier.
Pas de quoi pavoiser !
Pendant que nos politiques accumulent mandats (électifs ou non) et salaires mirobolants, notre jeunesse, celle qui n'a pas les moyens de fuir la Martinique, est en plein désarroi. Alors elle casse des statues, débaptise des noms de rue, sombre dans le noirisme tandis que les plus démunis, ceux que les marxistes appellent le "lumpen", se mettent à incendier ou tirer à balles réelles sur la police. Il s'agit là ni plus ni moins que d'actes de désespoir qui ne débouchent sur aucune perspective concrète puisque tant la jeunesse éduquée (qui déboulonne les statues) que la jeunesse "lumpen" (celle qui utilise des armes à feu) n'ont les moyens d'ébranler le système en place. Du coup, ils sont traînés devant les tribunaux, condamnés et pour certains incarcérés à la prison de Ducos sans que cela émeuve notre classe politique bien au chaud dans son petit confort octroyé par le système en place.
Comment commencer à esquisser un petit début de solution. Non pas de solution-miracle évidemment mais d'une perspective qui nous permettrait de sortir progressivement "hors des jours étrangers" pour reprendre l'expression de Césaire. Une sorte de lueur d'espoir en quelque sorte. Quand on examine le problème dans tous les sens on n'en voit guère qu'une seule (pour l'instant) : la responsabilité martiniquaise autrement dit l'autonomie. Il faut que nos différents élus (es) se réunissent en congrès sans délai et cessent de tergiverser ou de se payer de mots.
D'autant que le ministre de l'Outremer avait évoqué l'autonomie en décembre dernier et que le ministre de l'intérieur vient de la proposer à la Corse.
C'est le moment où jamais...
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite