Emeutes foyalaises : "Péyi-a" condamne "le recours à la violence aveugle" et "les violences importées par mimétisme"

  Après le communiqué cauteleux du nouveau président de la CTM, S. Letchimy, élu, faut-il le rappeler, avec seulement 37% des suffrages (contre 74% et 55% pour ses homologues A. Chalus et G. Serville), voici que PEYI-A sort du bois à propos des deux nuits d'émeutes qui viennent de secouer Fort-de-France.

  Il publie lui aussi son communiqué sur ces événements, signé par des deux coprésidents. 

  Outre son ton lénifiant du début, on constate que le mot "violence" y est employé trois fois dans un communiqué d'une petite douzaine de lignes. "La violence aveugle" est d'abord pointée du doigt et désigne clairement les manifestants puisque la phrase ajoute "même pour défendre des causes légitimes". Or, problème : non seulement l'usage de la forcee s'est manifesté des deux côtés (manifestants et police), mais c'est bien la police qui a d'abord engagé les hostilités, certes au motif légitime qu'on ne pouvait se trouver dans les rues après 21h, heure du couvre-feu.

   Ensuite, le communiqué de PEYI-A déplore que "certaines pratiques de violence soient aujourd'hui importées par mimétisme et viennent ternir les combats justes". Une deuxième fois, ce sont les manifestants qui sont pointés du doigt. Mais, nouveau problème : d'une part, ce ne sont pas les activistes martiniquais qui ont imité ("mimétisme") leurs homologues de l'étranger mais bien l'inverse puisque c'est en Martinique qu'avant les Etats-Unis, l'Angleterre, la Colombie ou le Mexique ont été déboulonnées des statues colonialistes ; d'autre part, à cette époque, avant les élections régionales, PEYI-A avait publié des communiqués visant à satisfaire à la fois le déboulonneur et l'électeur (du genre "Nous ne sommes pas d'accord avec ces actes, mais nous en comprenons les raisons etc."), astuce qui n'a pas suffi à empêcher la déroute électorale de ce parti.

  Enfin, l'actuel communiqué dénonce "le déferlement de violence circulaire à l'encontre de nos propres compatriotes", stigmatisant une troisième fois les manifestants, quand bien même ce ne sont pas seulement des bâtiments martiniquais (bijouteries etc.) qui ont été attaqués, mais aussi des bâtiments publics symbolisant le pouvoir français comme le nouvel hôtel de police ou le siège d'EDF. Comprenons-nous bien ! Il ne s'agit pas pour nous de d'approuver des actions que, sur ce site, nous avons toujours trouvé contre-productives ni de jeter la pierre aux policiers martiniquais qui ne font que leur travail.  Contre-productives parce que les statues de Schoelcher, Joséphine et D'Esnambuc auraient fort bien pu être réinstallées dans un "Musée de la Colonisation", par exemple, ne serait-ce que pour édifier les générations futures sur l'histoire coloniale de notre pays. Ou, autre exemple, remplacer le nom des rues ne change pas un iota à notre situation. Fort-de-France peut fort bien devenir Fort-d'Afrique, mais ça changerait quoi ? La capitale de ce pays indépendant depuis plus d'un demi-siècle qu'est Trinidad s'appelle bien Port d'Espagne (Port-of-Spain), du nom du pays qui colonisa cette île le premier, à savoir l'Espagne, avant de la céder à l'Angleterre. Or, aucun Trinidadien n'a songé à le modifier !  

   Ce que nous relevons dans le communiqué de PEYI-A, c'est qu'il n'y a pas un mot, pas une ligne, pas un paragraphe qui tente d'expliquer les causes profondes de ces violences urbaines (chômage massif des jeunes, "profitation" békée, émigration forcée pour nos diplômés, débarquements massifs de personnes venues d'ailleurs, pas seulement de l'Hexagone, et qui se comportent en pays conquis, corruption des élites etc...).

  Expliquer n'est pas excuser ! Mais au moins faut-il d'abord tenter une explication avant de pointer du doigt ou de stigmatiser...

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