Du 1er au 5 décembre 2021, Haïti a accueilli en fanfare, malgré les diverses contraintes, la troisième édition du Festival entènasyonal literati kreyòl (FEL). Retour sur la réalisation de cette troisième édition du premier évènement de littératures créoles de la Caraïbe avec son président, le poète et créoliste Jean Baptiste Anivince.
Le Nouvelliste: La troisième édition du Festival Entènasyonal Literati Kreyòl a bel et bien eu lieu. Contre vents et marées, n’est-ce pas ?
Jean Baptiste Anivince : Effectivement. Le premier évènement de littératures créoles de la Caraïbe a bel et bien eu lieu dans cette Haïti ponctuée de doutes habituels où l’envie de vivre et la volonté de célébrer la culture et la littérature portent souvent à minimiser les risques de tous les visages qui arpentent les rues. On a eu un très beau FEL avec une forte participation des écoliers et des jeunes dans toutes nos activités, du lancement officiel à l'hôtel Marriott à la clôture à Yanvalou. Les nombreuses photos et capsules vidéo qui embellissent la Toile sont parlantes. Le succès du FEL 2021 est visible et ce manque trop visible de moyens financiers ne faisait pas de poids devant la volonté et la détermination de mon équipe composée majoritairement de jeunes étudiants. Comme je l’ai toujours dit, Festival Entènasyonal Literati Kreyòl est un cadeau de la jeunesse haïtienne au monde créolophone. Notre pays, qui regroupe plus de 60 % de la population créolophone de la Caraïbe, a une responsabilité morale et historique envers le développement et le rayonnement de la littérature créole dans le monde. Les dirigeants haïtiens doivent comprendre cela. Le secteur privé des affaires aussi. Festival entènasyonal literati kreyòl avance sous le leadership d’Haïti sans minimiser la place importante de la martinique à travers OMDAC (Organisation martiniquaise pour le développement de l’art et de la culture).
Oui, la troisième édition du Festival entènasyonal literati kreyòl a bel et bien eu lieu avec l’écrivain haïtien Lyonel Trouillot, invité d’honneur, l’écrivaine guadeloupéenne Ena Eluther et l’écrivain martiniquais Jude Duranty, invités spéciaux. La troisième édition vient d’être bouclée en beauté. « Apre dans tanbou lou ». A la bèl kouri t ap bèl si pa t gen bouke. On attend le ministère de la Culture...
Le Nouvelliste : N’avez-vous pas fait fi de plusieurs paramètres socioéconomique et politique pour organiser cette troisième édition ?
Jean Baptiste Anivince: « Lè prèske tout domèn nan yon sosyete ap mache bwete, lakilti dwe debou pou lespwa pa bwè pwa ». Nous avons osé en initiant ce festival désormais incontournable dans le milieu culturel haïtien. Cesser d’oser lorsqu’on est dévoué est impossible. On a osé oser avec la collaboration des institutions qui ont accueilli nos activités: Yanvalou, Bibliothèque Roger Dorsainvil, collège Roger Anglade, collège Marie-Anne, Complexe Educatif Franck Mésidor de Saint-Marc, l’Ecole de la radio, Sosyete Koukouy Santo… On a osé oser avec la collaboration de la Fondation Maurice Sixto, l’Akademi Kreyòl Ayisyen, Espas Kreyòl, Biwo santral Sosyete Koukouy, Chiktay literè, Eritaj Kilti Kreyòl qui a assuré le déroulement des activités en format virtuel. Je pense à l’infatigabilité productive de mon ami poète Wilkens Scott Fifi et au dévouement inébranlable de mon amie martiniquaise Chrys Anagennao. Les fausses promesses, à leur manière, nous ont permis aussi d’oser.
Yves-Marie Séraline le pakapala de FEL
Le Nouvelliste : Définitivement l’écrivain martiniquais Yves-Marie Séraline est un « pakapala ». Il a dû consentir beaucoup de sacrifices à un moment où la Martinique est vraiment secouée par des troubles sociaux.
Jean Baptiste Anivince : Yves-Marie Séraline est un phénomène. Un malade irrémédiable de la culture haïtienne. Un fou du FEL. La Martinique (son point de départ) est bouleversée par des mouvements anti-vaccin Covid… et Haïti (son point d’arrivée) est malheureusement en proie à des incertitudes. Il faut vraiment croire au projet FEL pour consentir des sacrifices aussi énormes. Je dois rappeler aussi que Séraline est le premier auteur martiniquais publié en Haïti par une maison d’édition haïtienne. Il est le correspondant officiel du FEL pour les régions du Sud (Guadeloupe, Guyanne, Martinique…). Depuis le lancement du FEL en 2019, Séraline, à travers OMDAC, nous donne la possibilité de découvrir les livres des auteurs tels que : Hector Poullet, Guy Lauréat, Raphaël Confiant, Dominique Lancastre, Térèz Léotin… l'OMDAC a toujours représenté des maisons comme : Editions Nèg Mawon (Guadeloupe), Editions Zaboka, K. Editions, Editions Lafontaine (Martinique), Orphée (La Réunion)…
Ce qui marque le FEL
Le Nouvelliste: Qu’est-ce qui vous a marqué dans cette édition ?
Jean Baptiste Anivince: Sans trop de détours : la détermination de mon équipe, des intervenants et des participants. Cette joie et cette fierté indescriptibles qui coulaient du sourire des écoliers et écolières de participer au Festival Entènasyonal Literati Kreyòl m’emplissent de lumière et d’énergie pour les cent mille ans à venir. Ces non-voyants qui lisaient en braille des textes de l’invité d’honneur avec une élégance et une éloquence qui pourraient même irriter les glandes lacrymales… Cette activité d’exposition et de vente de livres au collège Roger Anglade avec Communications Plus, OMDAC, Editions Jacques Roumain, Kopivit l’Action sociale... Les rapports de vente sont vraiment encourageants.
Le format hybride : présentiel / virtuel à FEL
Et les activités à cette édition ?
On a adopté un format hybride : présentiel / virtuel. Le virtuel est conçu fondamentalement pour faciliter la participation des écrivains haïtiens et non-haïtiens qui ne peuvent pas être là physiquement. Dans des émissions en direct sur Facebook et YouTube, on a eu le bonheur de recevoir de nombreux écrivains et conférenciers : Manno Ejèn, Michel-Ange Hyppolite, Jean Domond, Rozevel Jean-Baptiste, Isaac Volcy, Gary Daniel, Pascale Anglade Milien... Nou te konsakre yon emisyon espesyal pou rann sanba Kiki Wainwright omaj li byen merite. Natirèlman, ou konnen nou te gen anpil aktivite tou nan espas tankou Bibliyotèk Roger Dorssainvil kote n te rankontre yon gwoup nonvwayan ki pran plezi mete epi li tèks Lyonel Trouillot an bray. S on esperyans nou konte kontinye avèk tèks lòt otè. On a eu des captations (Mede, un monologue tragique de Lyonel Trouillot, joué par Esther Mompoint d’après une mise en scène de Jenny Cadet et un concert de haute facture baptisé « Wooly chante Lyonel ». Tout comme Mede, ce concert mobilisant des artistes sûrs comme Rebèl Pakamò, Herby François, Roldy, sera bientôt disponible sur les pages du FEL et d’autres partenaires.
Perspectives pour 2022
Exceptionnellement, en 2022 on aura deux éditions du FEL. Une édition spéciale à Cuba qui a une communauté créolophone de souche haïtienne forte d’environ 400 000 interlocuteurs. Edisyon espesyal sila a p ap anpeche Ayiti toujou FEL nan mwa desanm menm ane 2022 a. A la prochaine édition, on compte aussi mettre un accent beaucoup plus foncé sur le travail de ces femmes qui enrichissent la production littéraire créole.
Propos recueillis par Claude Bernard Sérant
Votre arabophobie et vos changements incessants de pseudos pour pouvoir poster vos commentaires s Lire la suite
Je suis frappée par le peu d'enthousiasme que manifestent les media martiniquais (en général, si Lire la suite
Cette situation n'est absolument pas étonnante :au delà de cet exemple pris en France, il ne faut Lire la suite
En deux occasions, j'ai eu un sentiment ressemblant, mais heureusement de façon fugace. Lire la suite
..tu fais ce genre de confusion :même un mauvais élève de sixième ne confondrait pas Non-Blancs e Lire la suite