Guerre Thaïlande/ Cambodge : surenchère belliciste

Patrick Chesneau

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     Après les bombardements du territoire thaïlandais par les forces armées du Cambodge, ce jeudi 24 juillet, prévaut un sentiment de désolation dans la moitié sud de l'Isaan.  Mais aussi, on y constate le ferment de la colère. Une rhétorique très nationaliste de part et d'autre de la ligne de démarcation entre les frères ennemis appelle sans ambage à l'intensification des représailles. Chacun accuse l'autre d'avoir déclenché les hostilités. Ce raidissement s'inscrit dans le droit fil du rappel de l'Ambassadeur de Thaïlande en poste à Phnom Penh et à l'expulsion concomitante de l'Ambassadeur du Cambodge en poste à Bangkok. Les ressortissants thaïs sont instamment priés de rentrer fissa au bercail. Même dans la province plus méridionale de Sa Keo, les 5  points de passage frontaliers les plus statégiques sont hermétiquement verrouillés. Le scénario escalade militaire est bel et bien enclenché. Dans la foulée des pluies létales venues du Cambodge, une escadrille thaïe de 6 F-16 a aussitôt pilonné plusieurs centres de commandement Khmers, en particulier la base militaire de Chong Ang Ma. 

    Signe révélateur: les belligérants rameutent leurs troupes. Aviation, infanterie et marine pour la partie siamoise. La disproportion des forces armées semble établie en la défaveur du versant khmer, lequel ne dispose véritablement que de troupes au sol. Reste que les experts s'accordent sur un constat: le contingent cambodgien est remarquablement aguerri et profilé pour le combat de terrain. Equipé d'une quantité impressionnante de blindés et de véhicules lance-roquettes BM 21. Engins dont l'effet est particulièrement dévastateur.

    La Thaïlande aurait-elle l'envie d'en découdre? Le moral du Royaume, ayant  prestement enfilé sa tenue de combat léopard tacheté, est, à ce stade, gonflé à bloc du fait d'un soutien populaire sans faille. Les réseaux sociaux thaïlandais agissant comme une caisse de résonance géante aux accents patriotiques qui émaillent la vie publique. Quand la nation est en danger, le pays du sourire peut instantanément virer au rictus implacable. En toile de fond, un faisceau d'indices concordants laisse augurer d'une offensive armée de grande ampleur imminente. Nom de code: Chakkraphong Phuwanat. Pour sa mise en oeuvre, le plan n'attend que le feu vert de l'état-major auquel les pleins pouvoirs ont précisément été dévolus par le gouvernement à Bangkok. A l'appui de cette montée quasi-exponentielle de tension, il suffit de regarder les images proposées en abondance par tous les médias du Royaume de Siam. Édifiant dans les secteurs névralgiques. Par exemple la province Si Sa Ket, secteur Kantaralak. En bordure immédiate de la frontière. Non loin du temple mythique tant disputé, Preah Vihear, joyau architectural datant de 1.100 ans.

   Dans ce périmètre, coté thaïlandais, un déluge de roquettes a détruit de nombreuses habitations, des commerces et quelques bâtiments administratifs.

Dégâts considérables. On le constate le coeur serré dans ces arpents de territoire particulièrement meurtris.

Mais surtout, le bilan provisoire des victimes côté siamois s'établit à 12 morts et des dizaines de blessés dans les provinces du sud Isaan: Buri Ram, Surin, Si SaKet, Ubon Ratchathani. Pertes essentiellement civiles. Les populations locales ont reçu des autorités thaïlandaises un ordre d'évacuation. En conséquence, embouteillages monstres sur les routes de ces régions rupestres. Des rizières piquetées de palmiers longilignes jusqu'aux premiers contreforts de la chaîne montagneuse Dangrek. Seuls les buffles semblent d'une placidité imperturbable. Des dizaines de milliers de familles ont pu trouver refuge dans des centres d'accueil répartis en zone sécurisée. L'effort logistique est énorme. Dans les secteurs les plus exposés aux projectiles khmers, comme le district Phanom Dong Rak ou Prasat Ta Muean Thom, dans les deux cas jangwat Surin ( prononcer djanngueouatte, province ) des abris souterrains ont d'ailleurs été aménagés à la hâte. 

   Pour des milliers de villageois, femmes et enfants au premier chef, apeurés par l'écho des détonations incessantes, les nuits à venir ont peu de chances d'être câlines.

 

   Patrick Chesneau

 

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