Kous chouval viré pwan balan atè Babad

    L'activité hippique emploie un peu plus de 3.000 personnes à Barbade (jockeys, entraineurs, soigneurs, employés d'hippodrome etc.) et est un peu l'équivalent, en beaucoup plus important, du Tour des Yoles en Martinique. Elle participe de l'activité touristique de cette île puisque des propriétaires de chevaux renommés du monde anglophone n'hésitent pas à y faire participer leurs champions. 

   Le Sandy Lane Barbados Gold Cup est l'événement majeur de la saison, cela au début du mois de mars. Long weekend de festivités non seulement hippiques mais aussi artistiques qui attirent des milliers de Barbadiens et de touristes et qui est le temps fort d'une série de courses laquelle se décline en trois temps : la première de janvier à avril ; la deuxième de mai à août ; la troisième d'octobre à décembre. 

   C'est le Sandy Lane Hotel qui sponsorise la Gold cup depuis 1997, hôtel 5 étoiles (1.700 dollars la nuit pour une chambre de deux personnes) qui reçoit majoritairement des touristes venus de l'étranger, notamment anglais, américains et canadiens. Il convient de noter à cet égard que les courses de chevaux, organisées de nos jours par le Barbados Turf Club, existent à Barbade depuis 1905 c'est-à-dire depuis plus d'un siècle. A cette époque, elle était l'apanage des colons anglais et des riches Blancs créoles mais une fois l'indépendance de l'île acquise en 1966, elle s'est progressivement ouverte à tous. Evidemment, les chevaux appartiennent à Barbadiens qui en ont les moyens, système capitaliste oblige. 

   Toujours pour en revenir à l'histoire, tous les chevaux créoles actuels sont les descendants, devenus hydrides au fil du temps, de trois étalons amenés par les Anglais à la toute fin du 17è siècle depuis le Moyen-Orient (chevaux arabes donc), l'espèce chevaline n'existant pas, comme on le sait, aux Amériques avant la conquête européenne. Pour en revenir à la Sandy Lane Barbados Gold Cup, il faut savoir que si le prix d'entrée de l'hippodrome, le Garrison Savannah Racetrack, coûte seulement 30 dollars US, il comporte un carré VIP comme partout ailleurs dans le monde où des règles strictes et très british sont imposées. Un dress code qui se décline comme suit : pas de tee-shirts ni de shorts ni de chaussures ouvertes. Et les enfants de moins de 16 ans ne sont pas admis dans l'hippodrome où les paris vont bon train. 

   C'est d'ailleurs au Garrison Savannah Racetrack que se tient chaque 30 novembre la National Day Independance Parade qui célèbre l'indépendance de Barbade. Mais encore une fois, comme partout ailleurs dans le monde, l'épidémie de covid 19 a frappé l'île, contraignant la Première Ministre, Mia Motley, a instaurer des couvre-feux et à interdire les manifestations sportives. Avec raison ! S'étant faite publiquement vacciner, contrairement à la grande majorité de nos politiciens martiniquais et guadeloupéens (qui, pour beaucoup, l'ont fait anbafey tout en soutenant le délire antivax pour des raisons bassement populistes et électoralistes), Mrs Motley a fait voter des aides au secteur hippique pour empêcher qu'il ne disparaisse. Seules 5 courses avaient pu, en effet, avoir lieu entre 2020 et 2021 contre plus d'une centaine habituellement. L'épidémie passée, l'activité a pu reprendre normalement à la grande satisfaction des jockeys, entraineurs et autres soigneurs qui s'étaient brutalement retrouvés sans revenus. 

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   On est donc loin des chamailleries martiniquaises à propos du Tour des Yoles et de ses voiles arborant les noms des entreprises qui les sponsorisent. Vu depuis Barbade, pays indépendant, ce (pseudo-) débat est apparu comme complètement surréaliste. Débat d'enfants gâtés, ou comme le disait plus férocement Aimé Césaire, de "mendiants arrogants".

   Prochaine grande course au Garrison : le 20 août prochain.

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