Dans le déluge d'informations et de fausses informations déversées nuit et jour par les médias depuis le 7 octobre et la nouvelle guerre israélo-palestinienne, la nouvelle est passée inaperçue aux yeux du grand public.
Pourtant, il s'agit d'un événement considérable et tout à fait inédit.
Voilà de quoi il s'agit : sur les 193 pays que compte l'ONU, seuls 2 d'entre eux ont voté "NON" à une résolution demandant la levée de l'embargo américain contre Cuba à savoir Israël et les Etats-Unis. Cela ne s'était jamais produit auparavant ! Pareille quasi-unanimité est stupéfiante car chaque année la même résolution est mise au vote depuis au moins trois décennies et le "OUI" à la levée de cet embargo scélérat n'avait jamais atteint et encore moins dépassé la centaine de votes. Or, cette fois, même les pays occidentaux alliés pourtant des Etats-Unis ont approuvé cette énième demande !!! La France, la Belgique, la Croatie, l'Australie, les Pays-Bas, l'Irlande, l'Allemagne, la Grèce, le Royaume-Uni, la Finlande, l'Estonie, l'Espagne, le Portugal etc...ont cette fois refusé de suivre les Etats-Unis.
Seul Israël a voté pour la poursuite de cet embargo instauré en 1960 et qui depuis plus d'un demi-siècle plombe l'économie de Cuba, entrainant une paupérisation croissante du pays.
Mais il faut éclaircir l'expression d'"embargo américain". On pourrait se dire après tout que ce n'est pas parce qu'un seul et unique pays (en l'occurence les Etats-Unis) en boycotte un autre (en l'occurence Cuba) que le pays boycotté se retrouvera dans la misère. Car aucun autre pays ne refuse d'avoir des relations normales avec l'île de Fidel. Des investisseurs occidentaux, notamment dans le secteur touristique y sont présents en nombre. Où se situe le problème alors ? Réponse : dans l'économie capitaliste mondiale ou plutôt dans la mondialisation des échanges économiques d'une part et d'autre part, dans l'existence de firmes multinationales parfois plus puissantes que certains états du Sud (autrefois appelé "Tiers-Monde"). Et surtout dans l'omnipotence du dollar dans l'écrasante majorité des transaction internationales même si depuis quelque temps des pays tels que la Chine tentent de se défaire de ce carcan.
Soyons plus concret pour nos lecteurs et lectrices peu informés sur la question de l'embago américain. Supposons qu'une firme espagnole veuille construire un grand hôtel à Cuba, si son capital est à 100% espagnol, elle peut le faire sans problème. Enfin, à ses risques et périls quand même car cette firme espagnole sera aussitôt mise à l'index par les Américains et le jour où elle voudra construire un hôtel à Miami, par exemple, elle se retrouvera bloquée. Elle y réfléchira donc à deux fois avant de se décider à investir à Cuba. C'est le côté face de l'embargo américain.
Mais, c'est le côté pile qui est le plus terrible : de nos jours, la quasi-totalité des sociétés, des firmes ou des compagnies sont des multinationales. D'ordinaire, nous prêtons peu d'attention à ce dernier terme : "multinationales". Il signifie que dans le capital d'une firme et reprenons l'exemple de la firme esagnole déjà évoquée, il pourra se répartir comme suit : 60% espagnol, 30% français et 10% américain. Que se passera-t-il si les dirigeants de la firme souhaitent construire un hôtel à Cuba ? Ceci : les 10% d'actionnaires américains s'y opposeront. Dès lors, le projet sera annulé ! On en a eu un exemple particulièrement cruel dans les années 90 : les actionnaires américains d'un firme pharmaceutique canadienne se sont opposés à l'achat par Cuba d'un médicament nouveau très efficace contre un certain type de cancer affectant les enfants. Cela alors même que le Canada a des relations tout à fait normales avec Cuba ! A l'époque, des dizaines de petits cancéreux cubains décédèrent...
Si tout cela a l'air encore abstrait, eh bien prenons un exemple martiniquais à savoir la Banque des Caraïbes, par ailleurs propriétaire de la SOMAFI (Martinique) et SOGUAFI (Guadeloupe) lesquelles permettent d'attribuer des prêts aux Antillais afin qu'ils achètent, notamment, des véhicules automobiles. Cette banque est présente chez nous depuis 1979 c'est-à-dire depuis 44 ans. Elle a 90 employés, des milliers de clients de l'entrepreneur à l'employé d'administration, du retraité au petit commerçant. Or, brutalement, en cette année 2023, sa direction (américaine car elle est en fait détenue par un fond de pension américain) décide fermer la Banque des Caraïbes. Un courrier est envoyé en août 2023 alors aux détenteurs de compte bancaire pour les avertir qu'ils devront se trouver un autre compte avant fin novembre 2023. On imagine l'angoisse des employés de cette banque et la panique des milliers de détenteurs de compte chez elle. Comment faire face à cette fermeture en quelques mois alors que l'annonce aurait pu parfaitement ête faite un an ou même deux ans auparavant ? On imagine ces milliers de clients qui doivent trouver une autre banque dans l'urgence et y faire virer leur salaire, leur pension, leurs aides sociales ou, pour les entrepreneurs, les paiements ou les subventions émanant des collectivités. Clients qui doivent aussi faire transférer leurs factures d'eau, d'électricité, de téléphone, leurs côtisations de mutuelle, leurs impôts mensualisés etc...
Or, quelle a été la raison de cette fermeture ? Etait-elle au bord de la faillite comme un certain Crédit Martiniquais qui fut pillée par des Békés lesquels, soit dit en passant, n'ont jamais été sanctionnés par la justice ?
Absolument pas ! La raison est que cette banque ne rapportait pas ASSEZ au fond de pension américain qui la détenait. C'est qu'en système capitaliste, il ne suffit pas d'être en équilibre ou d'avoir des profits, il faut faire le maximum de profits ! Face à cela que pouvaient faire l'Etat français ou la CTM ? RIEN ! En système capitaliste, les pouvoirs publics ont assez peu de moyens de pression sur les puissances d'argent. Surtout quand des dernières sont étrangères, américaines dans le cas qui nous occupe. Un fond de pension américain est presque inattaquable ou plus exactement très difficilement attaquable en justice.
Quel rapport, demanderez-vous entre l'embargo américain imposé à Cuba et la fermeture brutale de la Banque des Caraïbes. Très simple : ce sont, en ce Nouveau Millénaire, toujours et encore les USA et leur dollar qui dominent le monde. Malgré la Russie, malgré la Chine...mais avec la complicité d'Israël.
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite