A la vérité, au pays de Césaire-Zobel-Fanon-Glissant, à celui de Schwartz-Bart-Poullet-Pineau-Rippon et à celui de Parépou-Damas-Stephenson, il n'y a pas à proprement parler de rentrée littéraire à chaque mois de septembre.
Qu'ils soient édités localement ou sur les bords de la Seine, voire pour certains au Québec, nos auteurs ne font pas grand tapage comme c'est le cas des musiciens/chanteurs et des sportifs. Ni ne soulèvent d'émoi, cela quelle que soit la qualité de leurs ouvrages. Le vieux dicton selon lequel Neg pa ka li est plus que jamais d'actualité et nul n'y peut rien.
Cependant, bon an mal an, nos auteurs persévèrent dans leur art, souffrant pour certains de la réception plutôt confidentielle de leurs ouvrages. D'autres, beaucoup plus rares, ont la chance de trouver un public hexagonal et même francophone quand ils sont édités par quelque grosse maison d'édition parisienne. Enfin, la situation politique et nos sociale de nos pays est trop surchauffée ces temps-ci pour qu'on prête grande attention aux livres publiés récemment.
Nous avons donc choisi d'en présenter quelques-uns en nous contentant de reprendre ce qu'en disent les éditeurs de chacun...
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. Ernest Pépin, Le tanbouyé des sans voix, Caraibéditions.
Avec son roman inspiré du musicien Marcel Lollia, plus connu sous son nom d’artiste Vélo, Ernest Pépin nous livre un véritable chef-d’œuvre. Il ne s’agit pas pour lui d’écrire une biographie mais de t...ricoter le fil de la vie du grand maître du tambour ka avec une rare maestria. Son écriture se fait tour à tour musique, méditation sur le parcours d’un génie, évocation d’un talent hors pair et hommage à une figure totémique de la Guadeloupe.
Il sculpte avec ses mots la statue littéraire d’un homme du peuple, collé à son destin et devenu le véritable symbole de toute une culture. Ce roman poétique exalte l’âme d’un peuple-Christ qui a su faire de sa souffrance l’offrande suprême d’une inscription au patrimoine immatériel de l’humanité.
Avec lui, la littérature devient miracle d’une terre-tambour qui transcende sa dimension d’île. Ce en quoi il est universel et monumental.
. Raphaël Confiant, Marie-Héloïse, fille du Roy, Mercure de France.
Marie-Héloïse vit à Paris dans un orphelinat jusqu’au jour où, à quinze ans, on l’envoie en Nouvelle-France (Québec). En ce XVIIe siècle, le royaume de France est en pleine expansion : par-delà les mers, des terres nouvelles sont investies. Mais ce « Nouveau Monde » manque de femmes. Des milliers de « filles du Roy » – orphelines ou prostituées – sont ainsi expédiées de force dans ces contrées lointaines pour épouser des colons et fonder des familles.
Pour Marie-Héloïse, c’est le début d’un long périple plein de rebondissements. Après la traversée de l’Atlantique, elle épouse en Nouvelle-France un bûcheron canadien. Bientôt, menacés par les Anglais de Nouvelle-Angleterre, ils fuient vers Saint-Domingue (Haïti) avec leur fils, où ils acquièrent une plantation de canne à sucre. À la suite d’une révolte d’esclaves, ils doivent s’exiler à nouveau. Veuve, Marie-Héloïse échoue finalement à la Martinique, après avoir été retenue captive des Indiens caraïbes…
. Jennifer Richard, La vie infinie, Philippe Rey.
Un roman original et éclairant, dont les personnages sont confrontés, comme nous, à un choix, face à la révolution technologique de notre temps.Quand on possède tout, l'argent, l'amour, la santé et un métier passionnant, on ne veut pas que la vie s'arrête. Adrien et Céline forment un couple de quadragénaires à qui tout réussit. Lui, créateur visionnaire de startups numériques, travaille à un programme qui offrirait aux humains un avenir illimité et sans souffrance. Elle, réalisatrice de documentaires, a abandonné ses idéaux...
. Boris Lama, Pouvoir colonial, figures politiques et société en Guyane française (1830-1910), Ibis Rouge éditions.
Né à Cayenne à la fin des années 80, Boris Lama est passionné d’histoire depuis sa plus tendre enfance. C’est donc tout naturellement qu’il s’est tourné vers les études d’histoire, après le Baccalauréat. L’attribution du titre de docteur en histoire, par l’Université de Guyane le 22 septembre 2020, couronne une longue quête vers la connaissance de l’histoire de son pays, la Guyane. Sa thèse s’intitule « Pouvoir colonial, figures politiques et société en Guyane française (1830-1910) ». L'objet de ce travail vise à saisir la relation instaurée entre le pouvoir colonial et les acteurs de la vie politique dans le contexte post- esclavagiste. En 1848, les esclaves sont faits citoyens français et disposent théoriquement des droits identiques à leurs compatriotes de la métropole. En réalité la Guyane demeure une colonie régie par une législation spéciale, dont le gouverneur nommé par Paris, en est le garant, grâce à de larges attributions que lui confère sa fonction. Députés, conseillers généraux, maires s'opposent durant toute la période étudiée à ce traitement qui selon eux, bafoue l'esprit de 1848.
Boris Lama est archiviste aux Archives Territoriales de Guyane et donne des cours à l’Université de Guyane depuis 2023.
. Chamoiseau Patrick/William Parker, Conversation épistolaire/ Epistolary discussion, Mazeto Square.
En février 2022, au festival Sons d'hiver, le contrebassiste new-yorkais William Parker présenta sa fresque musicale Trail of Tears, évoquant et invoquant les esprits d'un moment tragique de l'histoire nord-américaine : la déportation des Cherokees sur des terres dont ils pensaient qu'elles n'appartenaient à personne. Au même moment ou presque, l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau revenait de sa recherche de l'épave du Leusden, navire négrier qui coula avec sa « cargaison », au large des côtes de Guyane, en 1738. Pour aborder comme il se doit de tels sujets dans le tout-monde, et esquisser une nouvelle « cartographie du sensible », Patrick Chamoiseau et William Parker ont entretenu une correspondance, entre l'intime et l'universel, ou le pluriversel, durant les quelques semaines entourant la représentation de Trail of Tears. L'intégralité de cet échange est rassemblé pour la première fois dans ce recueil.
. Nicole Cage, Tibougla et le jardin des rêves, Caraibéditions.
Un petit garçon nommé Tibougla, espiègle, joyeux et généreux, qui «donne de l’amour» aux plantes de son village, Campovilla…
Un village qui se meurt doucement, faute de soleil, car un énorme nuage enveloppe tout de son ombre…
Une vieille dame à la chevelure blanc-coton qui vient visiter les rêves de Tibougla et lui confier la mission d’aider le soleil à revenir sur Campovilla…
Mais que peut faire un petit enfant là où même les Anciens du village ont échoué?
Voilà la matière de la pièce de théâtre pleine de fraîcheur et de poésie que nous propose l’auteure martiniquaise Nicole Cage.
. Emmanuel de Reynal, Zamana, L'Harmattan.
« Leur temps n'est pas le mien. Ils me croient éternel. Je les vois comme des éclairs. (...) Ils défilent au rythme de leurs vies rapides. Ils vont, viennent, repartent, bougent, viennent encore (...) Savent-ils pourtant que c'est à eux que je dois d'être ancré ici depuis si longtemps ? Savent-ils qu'ils ont été mes maîtres ? Savent-ils aussi que je les comprends bien mieux qu'ils ne l'imaginent ? Peut-être est-il temps de leur parler ? ».
Celui qui parle est un vieil arbre planté au coeur d'une habitation créole au début du XIXe siècle pour servir d'ombrage aux cultures de café. Pendant plus de 200 ans, le Zamana observe les mouvements des hommes, les chemins de l'histoire, les caprices du temps... Par sa sagesse d'arbre, il jette sur le monde un regard curieux et fasciné. Parviendra-t-il à établir une connexion avec ces petits êtres sans racines ?
Ce soir je deviens OFFICIELLEMENT un grand soutien du PEUPLE ARMENIEN.
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Dans ce billet du jour vous avez mis en évidence et écrit ce que beaucoup pensent tout bas !
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L’Azerbaïdjan veut-il déstabiliser la Martinique ?
Lire la suiteIl n'y a aucun biais racial dans ce communiqué de la famille Pamphile. Lire la suite
Plutôt que de développer un tel argumentaire en noir et blanc (racial), U Martinique aurait mieux Lire la suite