Thaïlande : le Triangle d'Or de la Glaciation

Patrick Chesneau

Rubrique

     FONDAS KREYOL est un site-web (journal en ligne) qui ne vit pas de la publicité capitaliste comme la totalité de ses confrères antillais ni de subventions publiques, mais uniquement de l'aide émanant de ses rédacteurs (trices) et surtout amis (es). Celles et ceux qui souhaiteraient nous aider peuvent prendre contact avec nous à l'adresse-mail ci-après : montraykreyol@gmail.com

   La seule "ligne" qui est la nôtre est celle de la libre expression de nos collaborateurs et collaboratrices, sachant que nous publions toutes les opinions (de la droite assimilationniste à l'extrême-gauche "indépendantiste") et cela depuis le prédécesseur de FONDAS KREYOL à savoir MONTRAY KREYOL lequel a duré 15 ans et redémarrera un jour ou l'autre. FONDAS KREYOL, lui, a 4 ans d'existence.

    Tout cela pour dire à nos lecteurs et lectrices que les articles publiés sur notre site n'engagent que leurs rédacteurs et rédactrices, pas le site-web en tant que tel...

   9° en pleine journée à Chiang Khong, charmante petite bourgade nichée sur les bords du Mékong, dans l'extrême-Nord de la Thaïlande, face au Laos. Jangwat ( province ) Chiang Rai. 

   4 à 5 degrés de moins aux heures nocturnes. Un vrai plongeon du mercure local. Vrai ou faux?  Exagéré? C’est en tout cas ce qui se raconte dans les maisonnettes en bois si peu isolées des frimas. On murmure à l'oreille des tout-petits qu'ils doivent se montrer héroïques au saut du lit. Tellement tôt que le lever précède les aurores. Ils devront affronter un fond d'air frigorifique avant d'enfiler leur uniforme à la bonne couleur du jour et filer à l'école. Dans leurs craintes fantasmées, les habitants vont jusqu'à imaginer les contours de gros flocons. 

   Croient-ils vraiment que la neige, cette étrange inconnue, va bientôt tomber? Les vallées encaissées  et les rives alanguies enserrant le grand fleuve ne partagent aucun carré du givre recouvrant le Doi Inthanon. Parfaitement normal pour un sommet culminant à 2565 mètres. Reste qu'au milieu des songes, la peur de grelotter semble toujours l’emporter sur la rationnalité scientifique. 

   On croit même dur comme fer que la jungle environnante s'est muée en glacière géante pendant la nuit.  

Attention en sortant. Peut-être des ours noctambules d'espèce orientale sont-ils sortis du bois en quête de nourriture.

   Frissons à ciel ouvert. Paysages grandioses. Panorama époustouflant. La nature revendique sa beauté pérenne. Saisissante topographie de pics, de gorges et de parois abruptes. On s'émerveille mais en ces circonstances climatiques, on claque des dents. La rosée se pare de cristaux au petit matin. Avant d'avoir la délicatesse de s'évaporer sans crier gare. 

   En fait, tout le monde se gèle. Les gens du bourg ne sortent que par absolue nécessité. Et s'emmitouflent par précaution. Comment enrayer ce subit choc thermique? Les doudounes ornées de dessins et de personnages de fiction japonais se vendent aussi vite que les bols de riz sagement alignés sur les étals. Dans le même mouvement mercantile, les prix grimpent. Les étiquettes affichées par les marchandes venues des tribus montagnardes voisines indiquent une nette prédilection pour l'escalade. 

   Au supermarché Lotus du coin, les rayons de nouilles à fort teneur nutritive se vident à vue d'oeil. Au marché attenant, soupes chaudes et thé brûlant, en parallèle du whisky local, cartonnent dans les habitudes d'emplettes revisitées à la hâte. A part  cette frénésie commerciale, c'est " objectif vie statique " dans un pays où déjà tout s'écoule au ralenti en temps ordinaire. Rythme nonchalant. Préférablement, les habitants se calfeutrent chez eux. Les enfants qui adorent faire de la bicyclette dans les rues tranquilles de leur quartiers y renoncent. Trop froid le coup de pédale. D'autant que prendre une douche est une épreuve car peu de foyers à Chiang Khong sont équipés d'un chauffe-eau. 

   En principe, vers 4H, le chant du coq tient lieu de muezzin pour annoncer l'aube nouvelle pointant à l'horizon. Cette fois, les vocalises des gallinacés s'étranglent au contact de l'air réfrigéré. 

Quant aux éléphants, les plus douillets qui ont la présence d'esprit de rester coquets optent pour d'amples couvertures bariolées. On dirait des chanoines en chasuble.

   Les humains sont transis au moindre nuage oblitérant un soleil beaucoup trop circonspect.

   Nul doute. L'hiver frappe la Thaïlande septentrionale.

   Et ça corrode les épidermes.

 

   Patrick Chesneau

 

Connexion utilisateur

Commentaires récents

  • La République des Seychelles fête le...anniversaire de son indépendance

    EN EFFET...

    Albè

    01/07/2025 - 08:44

    ...pas un seul des citoyens de cette république lilliputienne n'a l'air d'être famélique ! Lire la suite

  • Le Forum économique Tunisie–Nigeria 2025 consacre une nouvelle alliance en Afrique

    Oui Albè je l’ai lu. Je rebondissais...

    Frédéric C.

    01/07/2025 - 08:16

    ...simplement dessus. Lire la suite

  • Le Forum économique Tunisie–Nigeria 2025 consacre une nouvelle alliance en Afrique

    AVEZ-VOIUS BIEN LU...

    Albè

    01/07/2025 - 06:17

    ...mon commentaire ? Lire la suite

  • Prêcheur : les agents municipaux en souffrance depuis...2008

    TANGO OU BIGUINE ?

    Albè

    01/07/2025 - 06:14

    Dommage que l'on ne sache pas quel genre de danse pratique notre grand "souverainiste" !

    Lire la suite
  • ETAT ET REPRODUCTION DE LA DEPENDANCE DES ANTILLES ET DE LA GUYANE : LA VIE CHERE, ALIBI CONTRE UN SYSTEME A BOUT DE SOUFFLE ?

    Demande d'éclaircissement à propos d'un mystère insoluble.

    bro

    30/06/2025 - 20:19

    Elisa Paulin peut-elle nous expliquer pourquoi dans un pays où règne apparemment "la vie chère" b Lire la suite