TOTAL BANANE

Patrick CADROT

Rubrique

«Yeah man, c'est de l'exclu! Tu y goûtes, Waouh ! Le must!»

Merci Bluetooth !

Mon correspondant jacte dans les enceintes de ma minuscule franco-indienne, je devrais plutôt dire mon objet roulant issu de a délocalisation et de l'extension financière.

Mac-Dé, le super pote, s'extasie sur la perspective de se défoncer. Pour ne point l'envoyer se faire asphyxier par une flatulence d'ours polaire. Je grogne de temps à autre : Hum, Hum! An-han ! An-han. Style, le tube de soul music des années 70«That's the way. Ahah, ahah! Parfois, j’alterne avec : « Hein-hein! », «Ouais!» Car je conduis, et ce jour-ci, ça y est. Retour à la normale oblige, il faut se remettre à gagner son pain, ou s'il n'y a patat, (en créole dans le texte qui veut dire : rien) prêter vitement un friyapen à son prochain absent de chez lui, bien entendu. P'tit kamo, au passage ! Avant l'heure, on peut aller voir Bazile à cause d'un mangot, hi! Remember le rasta fumé à coups de pétard dans une arrière-cour de villa, à Didier-les-Zotobré[1]. Adonc, prékosion pa kapon. [Prudence est mère de la sûreté]. Toi l’ami, tu sors gentiment ta belle gaule en bambou (pas le saucisson), tu te plantes sous la partie visible de l'arbre du voisin voyageur via Mozaïk, oeuf corse! Espèce d'ababa au carré ! Il y a pas d'ail de beurk, par chez nous. Oublie ton histoire d’iceberg quand je te cause de moitié d’un truc. Bien droit sur tes pieds, solide dans ton corps et à l'aise dans ta caboche ; tu soulèves le piquet qui monte haut dans l'air, tu ouvres bien tes cocos d’yeux, et là, tu lorgnes la chose. Tjok! tu saisis son pédoncule ! Tjok! tu le secoues, secoues, et secoues encore. Puis attention à ta calebasse. [Extraits du petit traité invisible du débriya en terres d'icitte.] Pa chaché-y pan koté. C'est pas en vente, Tchéko ! Pourtant comme qui dirait une confrérie de mentors, les gens en robe noire qui glosent, tournent et virent, la langue du Mapipi fondal, ah ouais, frères ! ils connaissent le prix à te faire payer pour chacun de tes combats mêlés avec la misère.

Dézankazé[2] oblige, - je reprends ma tchatche,- comme après chaque cyclone, on retourne dans le travail du béké. Voyez-vous, cela! même si ton patron est noir comme avant hier au soir, around midnigh, (vers minuit) à Fond Zombi ou au Morne Congo, c'est pourquoi la Rivière Caleçon existe, histoire de délayer ce coaltar, les amis. Bon citoyen, pas pour Man Bèbè, han! Elle appelle ça des mœurs et habitudes de ciriques-cayali[3], me voilà alors parti dès cinq heures et demie. Pré-sen-te-ment,  sans me foutre de mon vieux pote Abou, langue de griot, je m'efforce de me tailler une toute petite place sur l'autoroute... Le cœur content de pouvoir enfin faire mon taf au grand air. Des kilomètres d'huile lourde, plus loin... ouf ! J'aperçois ma destination...

Au fait, excusez ! J'ai tout à fait zappé l'intro de ma bafouille. Je m'appelle Jack Niko, pas Sparrow, du con! J'suis pas pirate, volò, quoi ! Je touche pas aux biens des autres. Sauf... Merde! Ou za sav! Officiellement je suis... Ouais! c'est bien, "je suis", la formule correcte car ordinairement, vrai de vrai, moi, je file les marchands de bouts de paradis qui existent nulle part, les experts en business louches, les bougres en contrebande de ménage, les gonzesses qui ne trompent pas leur mari mais se gourent question bonhomme, et les hommes mariés qui ne l'ont pas signalé à leurs maîtresses, copines, opportunités sexuelles de type négresse, chabine, kouli, câpresse, échappée-béké... kisasayésa. Je stoppe! Les blanches de France, han-han! Elles ne s'adonnent pas à ce genre de bacchanale? Ay kwè sa!

Adonc, mon zigue ayant final de compte raccroché, me voilà bien embuscadé pour effectuer mon job sûr, la caisse garée derrière un papa figuier maudit que d'autres gensses crient ailleurs, banian; la famille Larousse, parents et alliés qui disent cela sur l'arbre aux flopées de cordes-racines, ils l'ont même marqué dans leur zacharie, (triple docteur couillon ! Leur dictionnaire.) Moi, pour l’heure mes boyaux ils babillent. My grogue ! j'ai oublié de me préparer un didiko[4].

Bon, faut que je vous explique également qu'elle est ma mission possible, - je l'ai acceptée ! Sié-dam, plutôt les femmes. Vous aussi, vous le faites, mais dans le noir... Quelle connerie d'oiseau de paradis! Franchement, bosser dans le noir... C'est qui ça, vraiment? Djober, d’une certaine manière, dans un nègre... Moi, je suis chargé d'investigations privées. Cherchez pas mon bureau. Il n'est nulle part autre que sur le net. Une simple adresse mail sur ma page Facebook. On me contacte. Après c'est parti.

Là, ce matin, je suis sur un dossier mangrové. La dame d'un grand pagna de la bonne société d'ici-là désire savoir ce que fiche son bougre de mari, père authentique de ses quatre marmailles, cadre de santé dans un établissement dédiée à la gente féminine et sa progéniture... Hi, foutre! Ça c'est du François! Pas la place, apoda! Du vrai de vrai... Compris? Bonbonne, la chérie-doudou, en cheffe depuis Matthieu Salé s'est procurée l'adresse de la manawa[5] de haute voltige de ladite résidence.

Il est presque huit heures. La carrosse du boss est garée dans le parking, loin des carcasses de bradjak... Mon phone à la main, je mate pour de vrai l'entrée du bâtiment. Deux jeunes en sortent, les pauvres ont sûrement bradé leur ceinture pour s’acheter un peigne à locks, vu comment leurs pantalon leur tombent affreusement au bas des fesses comme une couche bébé pleine de crottes.

Logiquement, le bougre doit apparaître dans la minute qui suit. Et po, le voilà, le zouave, la cinquantaine poivre et sel, une pimpante gamine noire avec des nattes garnies de boules rouge, vert, jaune, le précède. Quel lien entre les deux ? En plus, il y a zéro pimpante V.I.P. du clan des belles dans mon champs de vision. En attendant, je continue d’épier les parages. Peu après, le compère prend la fillette par main, la fait embarquer à l'arrière de son bolide. Ensuite, il démarre. Puisqu’il faut qu'il arrive à l'entrée pour que je l'imite. Prudent, je tourne ma clé de contact. Le moteur se met en marche. Je patiente toujours, mais inopinément, un super parfum vient me chatouiller les narines. Mes antennes se dressent. D'un regard circulaire, je considère l'entourage. Instantanément, je sens bouger l'arrière de ma voiture, je sors la tête. Tonnerre de Brest ! Qui vois-je, souriante comme un angelot Mam'selle Shalima Varangue. Ses yeux pétillent tant elle semble heureuse. Est-ce moi qui lui fais cet effet ? Je descends de la caisse. Elle court se blottir dans mes bras. C'est l'une de mes plus ravissantes conquêtes. On s’était perdus de vue.

-Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu venais ?

-Désolé !

En fait, je ne savais même nullement qu'elle créchait dans cet immeuble.

-Ben ouais, mon homme! Comme ça, j'aurais pas demandé à papa de passer prendre ta fille pour la déposer à son école...

-Ma fille, ton père ? Pause, ma puce ! Je suis perdu là...

-Je ne déconne pas. Tu les as vu tout à l'heure.

-Si, un monsieur et une fillette sont bien passés devant moi. Ce type, il est ton papa ? Le scoop pour moi, chérie !

- Et Samira est ton enfant...

-Shalimar, non! tu n'aurais pas dû me faire ce coup-là, lui dis-je sans le lui reprocher. Je devais connaître l'existence de cet enfant...

-Parfait, ce soir rejoins-moi au travail, on ira la chercher ensemble. L'affaire sera réglée. Toi-même, réfléchit, tu apparais, tu disparais. Pas le temps de te courir après. J'sais pas où tu vis, mec.

Les yeux mouillés, pour me faire taire sur-le-champs, elle me file fissa un big smack bien trempé.

-À ce soir, mon chéri.

Dare-dare, elle se tire ailleurs. Jaloux malgré moi, je crève de connaître avec qui. Une nana ! je les vois qui me regardent, elles me saluent de la main ! Sans doute, une bonne amie ou une collègue. Les filles, contrairement à nous les mecs,  sont si solidaires entre elles.

En tous les cas, ma prestation quant à elle, est remplie. Il ne me reste plus qu'à contacter celle qui a requis mes services. Mille boquites à la chiquetaille de morue qu'elle fondra de cinq saloperies de kilos... Et moi qui comptait lever un super manicou... Lavi a red, frow! Du coup, je ris, la bouche fendue jusqu'aux oreilles, pas de la blague, han! Je croyais avoir le nez fin, et tout. Du pipeau! J'étais juste en train de filer un gentil papy pas un chien-fanm[6], et encore moins un bandit; moi Jack Niko, le numéro un des enquêteurs privés. Aboubou!

 

[1] Les bourgeois

[2] Fin de confinement

[3] Poltron doublé crabe cirique et héron vert couard

[4] Zagré en martiniquais

[5] Traînée, prostitueuse, ta-noutout,

[6] Coureur invétéré

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