Trois particuliers et l'association "Nasyon Matinik" font annuler le drapeau au lambi et l'hymne qui lui était associé

   Disons-le d'emblée : la manière avec laquelle fut organisé le concours visant à choisir un emblème et un hymne pour représenter la Martinique lors des manifestations sportives et culturelles à l'étranger fait partie des erreurs ou des points négatifs de l'ancienne mandature de la CTM à savoir celle qui fut dirigée par Alfred Marie-Jeanne.

   Mandature dont le bilan, comme chacun sait, notamment économique (cf. les rapports de la Chambre Régionale des Comptes), est plus que positif. Chaben n'a, en effet, pas laissé de déficit abyssal comme par le passé Darsières (1,5 milliards de francs) et Letchimy (80 millions d'euros) lorsque ces derniers présidaient l'ex-Conseil Régional. Au contraire, il lui est reproché de ne pas avoir assez dépensé ou plus exactement investi. Et s'il a perdu les dernières élections territoriales, c'est avec un retard minime, presque insignifiant : 3.247 voix. Rappelons-nous qu'en décembre 2015, il avait battu S. Letchimy par 15.000 voix d'écart. Il n'est pas utile dans cet article de revenir sur les causes de cette défaite puisque tout un chacun les connait : défection en cours de mandature du RDM de Claude Lise (qui du coup, a "suicidé" son parti), défection, toujours en cours de route, de Yan Monplaisir (qui lui aussi a fait disparaître la droite de la CTM) et surtout sécession au sein même du MIM de JP. Nilor parti créer PEYI-A avec une bonne dizaine de conseillers territoriaux élus sous la bannière du GRAN SANBLE (dont toutes et tous ont disparu de l'hémicycle aujourd'hui, ce qui n'est pas une grande perte). 

   Moins qu'une victoire du PPM et de ses alliés, le résultat des dernières territoriales résulte d'un lamentable d'hara-kiri du GRAN SANBLE, mais sans le panache et le sens de l'honneur de son équivalent japonais.

   Revenons à l'emblème (abusivement appelé "drapeau") et à l'hymne martiniquais...

   Il s'est agi d'une demande pressante émanant du milieu sportif martiniquais, sans doute gêné à devoir brandir le drapeau bleu-blanc-rouge au cours des compétitons se déroulant dans la Caraïbe ou même le reste du monde (mais pas le moins du monde gêné apparemment par les 40%, le RSA, la CMU ou Miss Martinique qui veut devenir Miss France etc...). Le choix de cet emblème et d'un hymne avait résulté d'un concours lancé par la CTM fin 2018 auprès des artistes martiniquais et un jury avait sélectionné des lauréats. Sauf que le choix final revenait au président de la Collectivité et à lui seul ! Première erreur d'autant que l'emblème choisi était pour le moins étrange et s'est vu très vite raillé se voyant surnommé "le drapeau au lambi". Quant à son nom, il était encore plus bizarre : "Ipséité". On ignore si c'est l'artiste qui a déniché ce mot fortement teinté de... latin, mais il en dit long sur l'inconscient de son concepteur. Pour parler franchement, car désormais dans ce pays qui ressemble à une yole à la dérive, il ne faut plus prendre de gants au niveau langagier : "Ipséité" est aussi con que le pseudo-concept d'"Andidantité" du grand penseur JP. Nilor. 

   Mais, bien avant cette erreur d'organiser un concours sans avoir l'aval de l'Assemblée de la CTM laquelle aurait dû avoir pris une délibération à cet effet (ce sur quoi s'est appuyé le Tribunal administratif pour annuler en ce mois de novembre 2021 et le drapeau et l'hymne qui l'accompagnait), il y en avait une beaucoup plus grosse : ignorer que le drapeau rouge-vert-noir est reconnu comme emblème "national" par quasiment toutes les organisations autonomistes et indépendantistes martiniquaises. Et cela depuis au moins les années 70 du siècle dernier. Cela fait donc un bon...demi-siècle ! Il n'y a plus guère que la Droite départementaliste à être attachée au drapeau bleu-blanc-rouge mais elle est quasiment inexistante sur l'échiquier politique depuis quelques décennies. 

   D'ailleurs, à bien regarder, c'est le choix du "drapeau au lambi" qui a provoqué un soudain regain d'affection (puis d'hystérie) pour le drapeau rouge-vert-noir. Les historiens du futur ne manqueront pas de noter qu'avant cela, il était assez peu brandi lors des manifestations autonomistes ou indépendantistes lesquelles se contentaient de l'apposer sur la couverture de leurs organes de presse ou de l'afficher lors de leurs rentrées politiques. Paradoxalement donc, si "le drapeau au lambi" a eu un seul effet positif, ce fut d'arriver à "imposer" le drapeau...rouge-vert-noir. Sauf que les débordements des "activistes" ont malheureusement fini à leur tour par discréditer ce dernier au point que maints nationalistes disent désormais que le choix du drapeau national de la future Martinique indépendante devra être fait par le peuple. Non pas par une assemblée d'élus (es) ni par une poignée d'activistes. 

   Victoire donc pour "les trois particuliers" qui avaient déposé une requête en annulation devant le Tribunal administratif ! On aimerait bien connaître leur identité si ce n'est pas trop demander même si dans les milieux bien informés et les médias (dont nous faisons partie), on sait très bien qui c'est. Mais bon, pour ceux qui voudraient connaître leur identité, il leur suffira de consulter tout en bas de cet article le délibéré du tribunal. Ces trois particuliers victorieux grâce à la justice française sont à l'exacte image d'un trop grand nombre de Martiniquais qui sont français quand ça les arrange et anti-français quand ça ne les arrange pas. En effet, c'est bien beau de dénoncer la "justice coloniale", d'assiéger le Palais de justice au moindre procès, de vouer les juges "blancs" aux gémonies et puis, dans le même temps, de déposer une requête auprès de cette même justice et jubiler quand cette dernière vous donne satisfaction.

   Car enfin, n'est-ce pas la même justice, qualifiée de "coloniale" par ces trois particuliers et leurs amis, qui fait, d'un côté, emprisonner des activistes et qui fait, de l'autre, annuler le drapeau ainsi que l'hymne de Marie-Jeanne ? Donc, si l'on comprend bien, dans le premier cas : jij blan, bann isalop rasis ! et dans le deuxième cas : woulo-bravo !

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