Trop de médailles pour des batailles perdues ?

   La photo qui illustre cet article aurait pu avoir été prise dans n'importe quel pays du Tiers-Monde, appelé aujourd'hui Sud global.

   On y voit (de gauche à droite) les généraux égyptiens Hosni Moubarak et Anwar El-Sadate, devenus tous deux, ce dernier d'abord, présidents de la République d'Egypte. Leurs uniformes sont bardés de médailles dont on est en droit de se demander sur quel champ de bataille ils les ont gagnées. Hélas, partout dans le monde arabe, en Afrique noire, en Asie et en Amérique latine, on voyait et continue de voir la même chose : Pinochet au Chili, Amin Dada en Ouganda, aujourd'hui Min Aung Hlaing, le féroce dictateur du Myanmar (ex-Bermanie) et tant d'autres. 

   C'était hier, pourrait-on se dire ! Aujourd'hui, les choses ont changé. Ni le président de la Tunisie ni celui du Sénégal ni celui de l'Afrique du Sud ni celui du Chili, pour ne prendre que ces exemples, ne sont des militaires. Lula au Brésil, Gustavo Petro en Colombie, Cyril Ramaphosa en Afrique du Sud,ou Claudia Shinbaum au Mexique démontrent que la "démocratie" (victoire par les urnes) est possible dans les pays du Sud. Sauf que nous avons tendance à oublier une chose importante : qu'un chef d'état du Sud global soit un dictateur ou qu'il soit élu dans les règles, il est traité exactement pareil par l'Occident. Surtout depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump !

   Répétons-le : qu'un président du Sug global ait pris le pouvoir suite à un coup d'état ou suite à une élection, il subit les mêmes pressions impérialistes. Qu'est-ce qui a donc changé ? Une chose importante que la plupart des analystes politiques ignorent ou font semblant d'ignorer. Elle saute pourtant aux yeux : qu'ils soient arrivés au pouvoir par les armes (Mouamar Kadhafi) ou qu'ils aient été élus démocratiquement (Salvador Allende), les chefs d'état du Sud préféraient mourir au combat plutôt que de s'agenouiller devant l'impérialisme occidental. Aujourd'hui, on a affaire à des couilles molles. Pardon d'être vulgaires ! 

   Anwar El-Sadate, lui, avait bien mérité quelques-unes des médailles qu'il arbore car en 1973, il avait réussi à faire reculer l'armée israélienne et reconquérir la péninsule du Sinaï (60.000km2). La défaite de l'armée égyptienne lors de cet affrontement connu sous le nom de "guerre des six jours", a été due à l'appui à Israël des puissances occidentales, notamment les Etats-Unis. Pourquoi évoquer cet épisode si ancien ? Pour dire ceci : aujourd'hui, si Trump et Netanyahou mettent en oeuvre le projet criminel de déporter les 2 millions d'habitants de Gaza, aucun chef d'état des 23 pays qui composent la Ligue arabe ne bougera le petit doigt.

   D'ailleurs, aucun n'a réagi face au génocide des Gazaouis (condamné par la Cour Pénale Internationale) et aucun ne réagit non plus à l'actuelle colonisation massive de la Cisjordanie. Ce sont des pays non-arabes et non-musulmans qui pour certains ont rompu leurs relations diplomatiques avec Israël ou pour d'autres qui ont appuyé la demande de condamnation devant ladite Cour : Colombie, Brésil, Irlande du Sud, Honduras, Afrique du Sud, Bélize etc... A l'inverse, plusieurs pays arabes ont continué à entretenir des relations diplomatiques avec Israël : Maroc, Jordanie, Emirats arabes unis etc...

    NB. On en vient presque à regretter des leaders comme Anwar Al-Sadate que l'on peut voir ci-après avec l'Empereur Haïlé Sélassié d'Ethiopie, lui aussi victime de l'impérialisme. L'autre photo est celle de l'épouse de Sadate, égyptienne elle aussi, Jihane Sadate...