Votre prêt-auto est financé par un fonds de pension américain

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   Qui le sait en Martinique ou en Guadeloupe, pays où l'on est prompt (à juste titre le plus souvent) à dénoncer les Békés et le "colonialisme français" ? 

   Quand vous, le syndicaliste, l'enseignant, l'agriculteur, le plombier, le politicien, l'infirmière, la secrétaire etc...obtenez un prêt de la SOMAFI ou de la SOGUAFI pour pouvoir acheter la berline de vos rêves, ledit prêt est en réalité accordé par un fonds de pension...américain. En effet, ces organismes financiers sont détenus par une banque US, My Money Bank, elle-même détenue par un fonds de pension US, Cerberus Capital Management. 

   Et cela fait 60 ans que ça dure sans que l'acheteur d'automobiles antillais en soit au courant ! Il s'imagine sans doute que la SOMAFI et la SOGUAFI appartiennent à des Békés ou bien son contrôlées par de grandes banques françaises. Pas du tout, les gars ! L'impérialisme yankee, comme aiment à dire nos révolutionnaires est déjà dans la place, déjà en Martinique et en Guadeloupe, depuis plus d'un demi-siècle. Il n'a pas attendu l'actuelle mondialisation contrairement à ce que l'on pourrait penser. Et quoique nos deux îles soient sous tutelle franco-européenne, elles n'échappent pas à l'emprise yankee qui, au tout début du 20è siècle, avait fait s'exclamer le président du Mexique Porfirio Diaz :  

   "Pauvre Mexique ! Si loin de Dieu, si près des Etats-Unis !"

   Quand on sait que la Martinique est le "département français" qui comporte le plus grand nombre d'immatriculations proportionnellement à sa population, on imagine bien que Money Bank et Ceberus Capital Management ne sont pas présents chez nous par charité chrétienne. Quand on sait aussi que le nombre de voitures neuves et quasi-neuves (moins de quatre ans) y est plus important que dans l'Hexagone et cent fois plus important que dans l'ex-Tiers-Monde, aujourd'hui appelé le Sud, où l'on roule parfois de quasi-épaves, on se rend compte qu'aux yeux des Fonds de pension US nous sommes rentables. 

   Donc, ils ne s'en vont pas. Et ça depuis 60 ans !

   Par contre, ils n'hésitent pas à "retirer leurs pieds" quand les bénéfices ne rentrent pas ou ne leur semblent pas suffisamment importants, ce qui, en système capitaliste est somme toute logique. C'est ce qui arrive à la Banque des Caraïbes et à ses 18.000 clients martiniquais, particuliers comme entreprises, à qui l'on vient d'annoncer la fermeture de l'établissement dans un courrier officiel daté du 24 août dernier. Ces malheureux clients ont par conséquent jusqu'au 02 novembre prochain pour se trouver une nouvelle banque. 

    Si pour les particuliers, ce changement précipité d'établissement bancaire n'est pas catastrophique, il l'est pour nos entreprises locales. En effet, ces dernières ne sont pas du tout assurées d'obtenir les mêmes conditions qu'à la Banque des Caraïbes dont, d'ailleurs, les 90 employés vont perdre leur emploi. C'est que le rapport entre une entreprise et une banque se construit sur le long terme, sur la confiance mutuelle tissée au fil des années et c'est cela qui permet aux entreprises d'obtenir des prêts ou des autorisations de découvert. 

   Changer de banque du jour au lendemain est donc périlleux, très périlleux, pour une entreprise. C'est la pérennité même de cette dernière qui est en jeu et quand on connait la fragilité du tissu économique antillais, on mesure les dégâts à venir. Face à cette situation, tant nos politiques installés que nos "révolutionnaires" hors-système sont évidemment impuissants. Ni les assimilationnistes ni les autonomistes ni les indépendantistes n'y peuvent rien. Quand à l'Etat français, il pourra toujours se réfugier derrière le fait qu'il n'a aucun pouvoir sur les fonds de pension américain. 

   Tristes Tropiques...

   NB. A moins que la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique) et le Conseil Régional de la Guadeloupe ne décident de voter un fonds de soutien exceptionnel en faveur des entreprises lésées par la fermeture de la Banque des Caraïbes. Gouverner n'est-il pas prévoir, dit-on ? On peut toujours rêver...

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    Albè

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    J'ai dû mal ç bien saisir le commentaire de Karl. Lire la suite

  • Zot rayi makoumè ek zanmiyez mé zot lé rété nan bra la Fwans !

    Pwan lendépandans zot!

    Karl

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    Ek viv kon à Sent-lusi!

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