Importé par des immigrants européens au XIXe siècle, ce dialecte est la deuxième langue la plus parlée du Brésil. Explications.
L’expression signifie aujourd’hui "être en accusation", "devoir répondre de ses actes", mais elle est apparue sous l’Ancien Régime. La sellette était à l’époque un siège bas sans dossier sur lequel s’asseyait le prévenu durant son procès. Une position douloureuse et humiliante qui, pensait-on, le pousserait à passer aux aveux. La Révolution française a supprimé cette pratique peu conforme à l’idée que l’on se fait désormais d’une justice bien rendue. Le terme a perdu son sens juridique mais est resté dans le langage courant avec le sens qu’on lui connaît.
Deux ans après sa proclamation d’indépendance, le Brésil cherche à peupler et cultiver les zones forestières de sa région sud. De l’autre côté de l’Atlantique, des paysans de Lorraine, du Luxembourg et d’Allemagne (des états de la Sarre, la Rhénanie-Palatinat et la Hesse) veulent tenter leur chance aux Amériques pour fuir la pauvreté. Ils sont encouragés à choisir le Brésil par Marie-Léopoldine de Habsbourg-Lorraine, qui en est, depuis 1822, l'impératrice. Des recruteurs parcourent la Sarre, le Palatinat ou la Moselle, en promettant à leurs habitants des terres fertiles...
Le patois lorrain, la deuxième langue la plus parlée du Brésil !
Devenue impératrice du Brésil par son mariage avec Pierre Ier, Marie-Léopoldine de Habsbourg-Lorraine a eu l’idée de faire venir ces colons pour peupler le territoire. ©WIKIPEDIA
Près de 300 000 vont embarquer pour le Brésil. À l’issue d’une traversée de deux à trois mois, suivie d’une quarantaine à Rio de Janeiro, puis de plusieurs semaines de voyage en bateau pour rejoindre la région de São Leopoldo, les familles "arrivent dans la forêt vierge", selon Solange Hamester, historienne et coordinatrice du projet Hunsrik, qui œuvre pour la sauvegarde de cette langue germanique en Amérique du Sud. A l'époque, la région est habitée depuis des milliers d’années par des peuples autochtones, notamment les Guaranis et les Kaingangs. "Les immigrants pensaient que les terres qu'ils allaient occuper seraient déjà libres ou allaient être libérées, explique Solange Hamester Johann. Il y a eu beaucoup d'histoires d'affrontements avec les indigènes qui se sont sentis envahis."
Les premières colonies de peuplement sont bâties grâce au bois extrait de la forêt. Isolées du reste du Brésil, ces communautés majoritairement luthériennes reproduisent un mode de vie européen. Elles construisent des maisons à colombages, plantent et cultivent des vignes et importent leur gastronomie. Au menu : galettes de pommes de terre, klees (sortes de gnocchis) et khuuche (des gâteaux fourrés et nappés).
Témoins de l’implantation de ces immigrés, des maisons à colombages subsistent. ©WIKIMEDIA
Chaque colonie s’organise autour d’un trinôme composé d’une école, d’une église et d’un cimetière. Les cours et les offices religieux sont en allemand standard, le platt demeurant la langue du foyer et des échanges informels. À partir des années 1920, pour intégrer ces villages au reste du pays, le gouvernement brésilien décide d’y envoyer des instituteurs lusophones. "Personne ne les comprenait : ni leurs élèves, ni les familles, commente Solange Hamester Johann. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, il y avait encore des communautés entières qui ne parlaient pas portugais".
Deux siècles après l’arrivée de leurs ancêtres, la langue et le folklore perdurent. ©OKTOBERFESTBLUMENAU.COM.BR
Pourtant, juste avant que débute le conflit mondial, en 1937, l’autocrate Getúlio Vargas avait lancé une "campagne de nationalisation" valorisant le portugais au détriment des langues des immigrés. Leur pratique a même été interdite en 1939. Avec l’entrée en guerre du Brésil contre l’Allemagne et l’Italie en 1942, le sentiment de germanophobie augmente et la répression s’intensifie : les personnes ne parlant pas portugais sont arrêtées, et une partie de la mémoire des immigrés (journaux, revues, livres, documents…) est alors détruite. "À la fin de la guerre, par peur des représailles, de nombreux parents ont arrêté d’enseigner le hunsrik à leurs enfants", affirme Solange Hamester-Johann. Le portugais s’impose ainsi au niveau national comme la langue de l’éducation.
Entre 1,2 et 3 millions de locuteurs
Malgré ces années de répression, le hunsrik compte à ce jour entre 1,2 et 3 millions de locuteurs... ce qui en fait la deuxième langue la plus parlée du Brésil ! Dans les années 2000, des linguistes ont proposé une première orthographe du hunsrik, qui était jusqu’alors une langue exclusivement orale. Avec cet outil en main, le Projet hunsrik cherche aujourd’hui à déployer son enseignement dans les écoles brésiliennes.
Le patois lorrain, la deuxième langue la plus parlée du Brésil !
Les observations de Nature noire méritent qu'on y prête attention. Lire la suite
On le sait tès peu mais il existe au Brésil une importante communauté japonaise.ILs sont environ Lire la suite
Cet article est très intéressant mais il peut induire en erreur car le "patois lorrain" mentionné Lire la suite
Il est à supposer que cela reflète l'atmosphère ambiante de ce "pays" d'alimentaires. Lire la suite
Depuis quelque temps ,plusieurs textes de Fondas rédigés en créole sont truffés d'injures créoles Lire la suite
Commentaires
Variété des patois ou dialectes "lorrains"
Charles W. Scheel
29/10/2024 - 09:11
Cet article est très intéressant mais il peut induire en erreur car le "patois lorrain" mentionné dans le titre est plus précisément le "francique rhénan", c'est à dire un dialecte allemand parlé aussi en Moselle-Est (distinct d'ailleurs du francique de Moselle-Nord, proche du luxembourgeois). Or il existe aussi un patois lorrain roman, du côté de Lunéville en Meurthe-et-Moselle.
L'appellation "Hunsrik" pour désigner ce "Platt lorrain" (= patois) correspond d'ailleurs à une région montagneuse du land de Hesse (le Hunsrück), et la maison à colombage sur une des photos de l'article est typique des pays rhénans ou badois d'Allemagne, et pas du tout de la Lorraine.
Bref, il y avait sans doute au Brésil quelques émigrants de mon coin natal de Moselle-Est (donc aux confins orientaux de la Lorraine), mais la majorité provenait certainement de Sarre, Hesse ou de Rhénanie-Palatinat. Le patois encore parlé au Brésil relève donc plutôt du francique rhénan.
Voir:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Francique_rh%C3%A9nan_de_Lorraine#:~:text….
Deuxième langue la plus parlée du Brésil ,c'est sûr?
Nuit noire
29/10/2024 - 09:36
On le sait tès peu mais il existe au Brésil une importante communauté japonaise.ILs sont environ deux millions et sont arrivés au 19ème siècle.Je pense qu'une bonne moitié d'entre eux au moins parle le japonais. Soit un bon million de personnes.