Et s'il s'agissait en fin de compte de remplacer les Békés par des capitalistes hexagonaux ?

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     On est obligé de se poser pareille question quand on écoute et lit les déclarations qui fusent de toutes parts depuis quelques semaines.

     Si au terme du ouélélé actuel cela s'avérait vrai, qu'est-ce que le Martiniquais moyen aurait à y gagner ? Quelques dizaines de centimes d'euro sur le prix des produits alimentaires puisque jusqu'à preuve du contraire, le capitalisme est à des années-lumière de la philanthropie. Ou plutôt il se sert de cette dernière pour couillonner le bon peuple et payer moins d'impôts grâce au système des fondations. 

     On ne va pas pleurer sur le sort des Békés si jamais ils se font évincer. C'est même bien fait pour leur gueule, pourrait-on dire en langage vulgaire. En effet, ils ont eu tout le temps de se transformer en bourgeoisie nationale et d'accepter l'évolution de nos îles vers la pleine et entière souveraineté. C'est ce qu'ont fait, par exemple, les Blancs créoles de l'île Maurice et de Barbade, chose qui fait que personne ne les pointe du doigt ni ne les voue aux gémonies. Certes, ils sont devenus moins riches que nos Békés à nous mais ils ont pu conserver leurs biens puisque ces derniers n'ont pas été nationalisés. Pour le faire encore aurait-il fallu que ces pays instaurent un système communiste comme à Cuba mais la majorité noire ou indienne qui y a pris le pouvoir politique sait bien que cela aurait conduit leurs pays dans une impasse. Aujourd'hui, les choses sont devenues encore pire avec le regain de vigueur de l'hégémonie américaine. Ronald Reagan avait consulté et même convié à Washington des premiers ministres caribéens (en particulier Eugenia Charles de la Dominique et John Compton de Sainte-Lucie) avant d'attaquer Grenade et y renverser le régime communiste instauré pa Maurice Bishop.Aujourd'hui Donald Trump ne passera même pas un coup de fil à un quelconque leader politique de la Caraïbe. Il enverra 500 Marines illico presto et l'affaire sera réglée en 48H.

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   Donc, imaginons que les Békés soient évincés et que des capitalistes hexagonaux en viennent à les remplacer. Cela réglera-t-il pour autant le vrai problème de la Martinique qui n'est autre que l'absence de pouvoir de notre personnel politique ? Certes, une boite de petit pois sera vendue 2 euros au lieu de 4 ou un 4/4 sera vendue 60.000 euros au lieu de 70.000. Certes, n'est pas rien. Ce sera toujours bon à prendre mais...ensuite ? Remplacer des capitalistes éhontés (les Békés) par des capitalistes bon chic bon genre permettra-t-il de modifier la structure économique et sociale de la Martinique ? On est en droit d'en douter...

    Il reste toutefois une solution que des Afro-Caribéens se transforment en concessionnaires automobiles, en propriétaires de supermarchés ou de magasins de bricolage etc... puisqu'il nous faudra bien continuer à importer tout cela. D'aucuns ont réclamé un "Préfet noir", nous aurons alors des Békés noirs. D'ailleurs, nous en avons déjà ! Les trois principaux centre commerciaux de la conurbation Lamentin-Fort-de-France Schoelcher (Place d'Armes, La Galleria, Rond-Point) n'appartiennent pas à un Béké...blanc mais à un Béké...non-blanc. Conurbation où vit non seulement presque la moitié de la population de la Martinique mais qui possède, en outre, le pouvoir d'achat le plus élevé ou le moins bas, si l'on préfère.

   Tout cela pour dire que depuis quatre mois, on n'entend jamais parler de lutte contre le capitalisme mais de simple baisse des prix. On n'entend pas parler de suppression de l'économie de comptoir ni de production locale mais de lutte contre les marges exorbitantes. D'ailleurs, nul projet novateur pour la Martinique n'a émergé à ce jour ! Il est vrai qu'on souhaite vivre comme des "Français à part entière" ou "des habitants des Côtes du Rhône". 

   Entre actuels capitalistes békés, probables capitalistes hexagonaux et futurs capitalistes afro-caribéens, la Martinique est décidément mal barrée.

Commentaires

Mettre le doigt ou cela fait mal

Karl

23/01/2025 - 21:15

Vous mettez le doigt sur nos contradictions.
La présence française nous pèse? Très bien. Alors, vivons comme à Sainte-Lucie, nous serons indépendant et ferons ce que nous voulons chez nous. Mais est-ce que nous en sommes capables?
Nous voulons des prix moins élevés mais, en même temps comme dirait Macron, nous voulons une très grande variété de produits dans la même gamme, nous voulons avoir le choix!!!
Nous sommes chez nous proclament les manifestants mais en même temps, nous voulons de l'euro? Et il vient d'où cet euro?

Tout l'arc des Petites Antilles est composé de territoires insulaires ne disposant peu ou pas de ressources naturelles. Tous sauf un seul, et vous l'aurez deviné, bien sur, c'est la Martinique. Vous ne me croyez pas? En voici une "preuve" :
Un organe de presse d'un mouvement politique dans lequel j'ai, bien plus qu'un ami, un frère, publiait récemment : ..."nous regorgeons de richesses naturelles dans notre sol, dans notre sous-sol, dans nos mers, dans notre environnement, dans notre riche biodiversité, dans la capacité phénoménale de notre peuple à s’adapter, à créer, à se diversifier, dans la capacité des femmes et des hommes de notre pays à fédérer nos compétences respectives dans le respect de chacun pour l’intérêt collectif".
Et bien entendu, nous sommes les seuls à disposer de ces ressources incommensurables, de ce peuple courageux, prêt à se ceindre les reins. Les autres peuples, seraient ils composés de fainéants, de viveurs et de parasites?

si les autres iles de l'arc des Petites Antilles étaient comme nous, ils constitueraient, pour les iles des Grandes Antilles dont Cuba, un exemple à suivre!!!

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