En Ukraine, ces milliers d'étudiants étrangers pris au piège de la guerre

Ces milliers d'étudiants, principalement marocains et égyptiens, rencontrent des difficultés pour évacuer l'Ukraine en guerre contre la Russie.

Parmi les civils qui fuient la guerre en Ukraine, se trouvent plus de 10.000 étudiants arabes, dont de nombreux Marocains et Égyptiens, mais aussi des Irakiens ou Syriens. Ils se retrouvent pris au piège du conflit et leur rapatriement est un casse-tête pour leur gouvernement.

Inquiètes, des familles se sont rassemblées, ce vendredi 25 février, à Rabat, devant le ministère marocain des Affaires étrangères. Les Marocains forment le principal contingent d’étudiants arabes avec les Égyptiens en Ukraine, prisée pour les études de médecine et d’ingénierie.

Au moins 12.000 Marocains dont 8000 étudiants y résident habituellement. Mais 3000 sont rentrés récemment, selon le ministre des Affaires étrangères à Rabat, notamment grâce à des vols spéciaux. Dans un tweet publié samedi, un journaliste de Paris Match relatait l’exode d’habitants de Zaporijia vers Kiev, dont “des dizaines d’étudiants en médecine marocains”.

“Nous demandons à rentrer”

Samedi, le quotidien marocain Le Matin, a rapporté que le royaume a mis en place de nouveaux numéros verts dans le cadre de l’évacuation de ses ressortissants. Le Maroc a également invité ses ressortissants à se rendre à des points d’accès frontaliers avec la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne.

Pour les 700 à 750 étudiants libanais bloqués en Ukraine, contre 1300 présents avant l’invasion russe, la situation est plus critique. “J’ai quitté le Liban à cause de l’effondrement” économique, raconte Samir, 25 ans, arrivé il y a un mois et demi seulement à Kharkiv. “Il n’y a pas de directives des autorités”, se plaint-il. Il voudrait gagner la Pologne “mais c’est risqué” car il devra traverser toute l’Ukraine.

À Beyrouth, les autorités ont dit préparer une évacuation des Libanais en Ukraine ou réfugiés en Pologne et Roumanie par voie aérienne ”à une date ultérieure”. En attendant, elles leur conseillent de rester “dans des endroits sûrs”.

Ali Mohammad, un étudiant irakien en ingénierie de 25 ans, appelle constamment son ambassade sans succès depuis Chernivtsi, proche de la frontière roumaine. “On est partis d’Irak pour changer de mode de vie, la guerre, les galères. On est venus en Ukraine, et c’est la même chose”, déclare-t-il par téléphone. Selon un responsable gouvernemental, l’Irak compte 5500 ressortissants en Ukraine dont 450 étudiants. “Nous demandons à rentrer”, indique Ali, assurant que “les étudiants qui ont des problèmes sont les Irakiens et les Syriens”.

6000 ressortissants égyptiens en Ukraine

L’ambassade d’Égypte, pays qui compte 6000 ressortissants dont plus de la moitié sont des étudiants en majorité inscrits à Kharkiv, a affirmé sur Facebook coordonner l’évacuation de ses ressortissants vers Roumanie et Pologne.

Vendredi, la Tunisie et la Libye ont également assuré préparer la sortie de leurs ressortissants vers des pays limitrophes. La Tunisie, qui ne dispose pas d’ambassade en Ukraine, va envoyer en Pologne et en Roumanie des avions pour rapatrier ses ressortissants qui souhaitent partir parmi les 1700 vivants en Ukraine, dont 80% d’étudiants.

“On commencera les opérations dès qu’on aura arrêté la liste définitive des Tunisiens qui souhaitent rentrer”, a expliqué à l’AFP Mohammed Trabelsi, un responsable des Affaires étrangères. Tunis a pris contact avec l’ONU et la Croix-Rouge internationale pour l’aider à les évacuer par voie terrestre.

De son côté, la Libye a prévu des points de ralliement en Ukraine et des évacuations vers la Slovaquie pour une diaspora estimée à près de 3000 personnes, selon son ambassade en Ukraine.

La Pologne et l’Ukraine accusées de discrimination

L’Algérie, qui compte un millier d’étudiants en Ukraine et qui est liée à la Russie par des accords militaires, s’est distinguée en n’appelant pas ses ressortissants à quitter le pays. Mais elle les a exhortés à “une extrême prudence et à ne sortir de chez eux qu’en cas d’urgence”.

Sur Twitter, via l’hashtag #AfricansinUkraine, les témoignages se multiplient pour dénoncer le sort des étudiants, notamment originaires d’Afrique subsaharienne. Ils accusent la Pologne de leur refuser l’entrée sur son territoire et l’Ukraine de leur bloquer l’accès aux trains.

“Les Africains et les maghrébins semblent être discriminés”, rapporte, ce dimanche, le journaliste de France 24 Tahar Hani, présent “au niveau du passage frontalier entre l’Ukraine et la Pologne”.

Invité sur le plateau de LCI, Anasse Kazib, candidat du Courant communiste révolutionnaire - Révolution permanente à la présidentielle, s’est exprimé sur le conflit en Ukraine. “Il faut dénoncer publiquement le fait que les personnes issues de l’immigration soient empêchées de pouvoir aussi quitter l’Ukraine”, a-t-il notamment déclaré.

 

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