Le créole est en train, ces dernières années, de franchir l'avant-dernier barreau de l'échelle qui conduit toute langue à la pleine et entière souveraineté scripturale.
Cette échelle comporte 10 barreaux, ce qui n'en fait pas du tout une mini-échelle mais tout au contraire, une énorme échelle car entre chaque barreau, l'espace à franchir est considérable :
. Le premier barreau est la reconnaisance par les locuteurs qu'il s'agit d'une vraie langue et non d'un jargon ou d'un patois. FAIT !
. Le deuxième barreau est la création d'une graphie normalisée et reconnue par tous. FAIT !
. Le troisième barreau est la publication de grammaires et de dictionnaires. FAIT !
. le quatrième barreau est la création d'une littérature. FAIT !
. Le cinqième barreau est l'enseignement de la langue à l'école et à l'l'Université. FAIT !
. Le sixième est l'emploi de la langue par les cultes religieux. FAIT !
. le septième est l'emploi de la langue par les médias (radios, télés etc.) et au cinéma. FAIT !
. le huitième est l'emploi de la langue par les autorités politiques. EPISODIQUEMENT FAIT !
. Le neuvième barreau est l'épreuve de la traduction à savoir l'effort de traduire dans sa langue les grands textes de la littérature mondiale. EN TRAIN DE SE FAIRE !
Il s'agit là d'un des barreaux de l'échelle le plus difficile à franchir et le plus risqué. Pourquoi ? Très simple à comprendre : tant que la langue, à savoir le créole dans le cas qui nous occupe, sert à exprimer des réalités autochtones, indigènes, locales, régionales etc..., il n'est pas confronté à de gros obstacles. Ainsi, le créole est dans sa zone de confort lorsqu'il décrit le carnaval, les combats de coqs, le bèlè, le gwoka et le séga, le quimbois, le travail dans les plantations, la pêche côtière etc..., mais quand il doit traduire un autre univers, un univers complètement différent, il entre dans une zone d'inconfort.
L'Algérie d'Albert Camus n'a rien à voir avec les réalités du monde créole, hormis le fait colonial mais ce dernier peut s'exprimer de mille manières différentes. C'est donc un véritable défi que de s'atteler à la traduction en créole du chef d'oeuvre d'Albert Camus, L'Etranger paru en 1942. C'est ce défi qu'avait relevé, en avril 2023, Raphaël Confiant en publiant Moun-Andéwò a chez Carabéditions et que vient de relever en ce mois de septembre 2024 Jean-Louis Robert avec Lètrandéor publié chez Orphie.
Profitons-en pour rappeler que Molière, Maupassant, Flaubert, Céline, Lewis Carroll, Saint-Exupéry etc... ont déjà été traduits en créole et que ce mouvement de traduction se poursuit sans relâche en dépit de l'indifférence des collectivités locales, des médias et d'une bonne partie de l'intelligentsia insulaire.
Reste à franchir l'ultime étape, la 10è, celle de la Science pour que le créole devienne enfin une langue à part entière. Certains s'y sont déjà mis : Serge Restog (aiguilleur du ciel/météorologiste), Nathalie Michalon (docteur en Sciences physiques), Raphaël Confiant (ethnologue/écrivain) etc... En voici des exemples :
. Nathalie MICHALON :
https://fondaskreyol.org/article/lavalas-labou-volkan
. Raphaël CONFIANT :
https://fondaskreyol.org/article/bidim-blo-a-sa-sa-ye-an-vre
Ce soir je deviens OFFICIELLEMENT un grand soutien du PEUPLE ARMENIEN.
Lire la suite
Dans ce billet du jour vous avez mis en évidence et écrit ce que beaucoup pensent tout bas !
Lire la suite
L’Azerbaïdjan veut-il déstabiliser la Martinique ?
Lire la suiteIl n'y a aucun biais racial dans ce communiqué de la famille Pamphile. Lire la suite
Plutôt que de développer un tel argumentaire en noir et blanc (racial), U Martinique aurait mieux Lire la suite