Le «kreol» au seuil du School Certificate

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Cela fait dix ans que le «kreol morisien» est entré à l’école comme une matière optionnelle. Il se prépare maintenant à entrer au SC à la rentrée 2023.

Petit décalage. Au lieu d’avril 2023, c’est en novembre 2023 qu’auront lieu les premiers examens pour le kreol morisien (KM) au School Certificate. Cette matière entrera en Grade 11 à la prochaine rentrée, en janvier 2023.

Mais avant d’en arriver là, il y a encore des étapes à franchir. L’université de Maurice (UoM) a été désignée comme responsable pour octroyer le National School Certificate in Kreol. À l’occasion de la journée internationale de la langue maternelle, célébrée le 21 février, les indications disponibles montrent que le National Examinations Board est en cours de validation.

Cela fait dix ans que le KM est entré à l’école comme matière optionnelle. C’était à la rentrée de janvier 2012. Une décennie plus tard, du «tabou» de 2012 – le mot est d’Arnaud Carpooran, Associate Professor, doyen de la faculté de Social Sciences and Humanities à l’université de Maurice –, la situation a évolué. Les mentalités aussi. Même s’il y a encore des «réticences» de la part des parents, «nous avons avancé».

Depuis 2012, année où «3 000 parents» avaient choisi le KM comme matière optionnelle pour leurs enfants en Standard 1, «la demande est restée constante», souligne Arnaud Carpooran. Les «perspektiv pou KM dan prosin deseni» ont été abordées lundi lors de deux tables rondes organisées par l’Akademi Kreol Repiblik Moris en collaboration avec le Mauritius Institute of Education (MIE) et l’UoM.

Manuels scolaires, préparation enclenchée

Selon Béatrice Antonio-Françoise, lecturer au MIE, le manuel du KM pour le Grade 10 (l’ex Form IV) est déjà disponible. Celui de Grade 11 est en préparation. Le MIE est responsable du développement du programme scolaire et de la formation des professeurs. De Creole Unit, le département du MIE a changé d’appellation pour devenir le département Kreol Repiblik Moris pour inclure le kreol rodrigue, dans l’esprit de la rodriguanisation des manuels scolaires. Au primaire, les instituteurs qui suivent une formation au MIE sont déjà recrutés, soit par l’éducation catholique, soit par l’éducation publique. Au secondaire, les profils sont divers. Des étudiants qui ont décroché un BA French and Creole Studies de l’UoM poursuivent leurs études avec un Post Graduate Certificate in Education (PGCE) à mi-temps. Ce qui veut dire qu’ils sont déjà employés dans un collège. Ceux qui suivent le PGCE à temps plein vont dans les écoles à temps partiel, mais n’ont pas encore été recrutés. Alors que les étudiants en Bachelor of Education (B.Ed) sont placés dans les écoles. Pour sa part, Yannick Bosquet, chef du département de français à l’UoM, estime qu’il «n’y a pas assez de profs de KM dans les collèges. Certains travaillent dans deux collèges en même temps. C’est une ‘scarcity area’».

Performances 20 % d’échec en KM au primaire

Toshanand Beekharry du MES a donné des précisions sur la performance en KM. Au Primary School Achievement Certificate (PSAC), il indique qu’«autour de 60 % des élèves obtiennent le Grade 1. Ce qui pose la question : est-ce que la barre a été placée trop bas ?» Il ajoute que «plus de 20 % des élèves ne réussissent pas, même s’ils font cet apprentissage dans la langue maternelle. Il faudrait que le système leur accorde une attention particulière». Réagissant au taux d’échec de 20 %, Alain Muneean, d’Abaim, s’est demandé si la «méthodologie est la bonne ?» Avant de proposer que celle-ci «rant plis dan realite zanfan». Au National Certificate of Education, en Grade 9, le niveau est plus «difficile» explique le cadre du MES. «Le taux de réussite est de 96 % mais seulement 10 % des élèves obtiennent une distinction dans cette matière». Des résultats qui s’alignent sur la performance des élèves en anglais et en français, affirme-t-il. «Il faut traiter le KM comme une langue première. Les compétences sont les mêmes mais le niveau est plus élevé.»

Production littéraire. De quoi servir de base
Question : Y a-t-il assez de production littéraire en KM pour que «vire tourne pa mem text» ? Interrogation de Toshanand Beekharry, du Mauritius Examinations Syndicate (MES). Il estime que c’est un facteur crucial pour le papier de littérature non seulement au SC mais aussi au Higher School Certificate (HSC), le prochain palier à atteindre.

Cela a vivement fait réagir Arnaud Carpooran. Il a tenu à rappeler que la question des textes de littérature a «déjà été abordée depuis 2015. Le kreol au A level ce n’est pas une lubie, c’est un objectif. La production littéraire en kreol remonte au 17e siècle».

Arnaud Carpooran, aussi président de la Creole Speaking Union, a également dit que cette institution réédite des textes «depuis des années et nous encourageons les jeunes à en produire». Il a alors maintenu que si les responsables des diverses institutions concernées par le KM à l’école attendent que les élèves de Grade 11 aient déjà pris part aux examens pour se pencher sur la sélection des textes au programme du HSC, «ce sera trop tard».

L’une des difficultés à surmonter est que les tous les auteurs en KM ne se sont pas conformés à la graphie officielle. Leurs textes devront être retranscrits, une chose qui ne va pas de soi, tous les auteurs n’étant pas d’accord avec cela.

À l’université. Creole studies… autonomes

Yannick Bosquet a annoncé, «peut-être pour avril prochain», un nouveau cours de «lektir ek ekritir» pour le grand public. L’UoM agira comme «awarding body» pour ce cours monté par l’«Akademi Kreol Repiblik Moris». La responsable du département de français affirme qu’il y a continuellement des demandes du public et des requêtes d’institutions pour viser des traductions ou en faire. Autre option : un cours s’adressant à ceux qui travaillent dans les administrations. Ainsi qu’un cours pour journalistes et communicants.

Yannick Bosquet a précisé que le programme du «BA French and Creole Studies» est composé à «50 %-50 %» d’étude des deux langues. Tout en reconnaissant que les «Creole Studies ont une visibilité» à l’UoM, elle est d’avis qu’il faudrait aller plus loin. C’est-à-dire la création d’une structure «autonome» pour les «Creole Studies».

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