Sa ki pa kontan, toufé !
C'est là l'occasion pour ceux qui adhèrent à l'idée de Créolité d'éclaircir un certain nombre de choses face aux noiristes qui clament sur tous les toits qu'il s'agit d'un rejet de l'Afrique.
En effet, la Créolité n'est hostile :
. ni à la religion vaudoue. D'ailleurs, le tout premier roman haïtien écrit en créole à savoir Dézafi (1975) de Frankétienne (créateur du mouvement spiraliste, précurseur de la créolité) a pour toile de fond le vaudou. Dans Nègre-marron (2006) de Raphaël Confiant, les rebelles à l'institution esclavagiste ont recours aux éléments religieux africains qu'ils ont réussi à conserver malgré l'effoyable "Traversée du milieu" autrement dit le voyage à fond de cale à bord des navires négriers.
. ni aux langues africaines. Le GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créole), dirigé pendant quatre décennies par feu le Pr Jean Bernabé, avait tenté d'introduire l'enseignement de ces langues dans le cursus de l'Université des Antilles. En vain ! Ce que le GEREC avait réussi pendant des années pour le tamoul, le chinois, le japonais, l'égyptien ancien (sous la houlette de feu Alain Anselin), il avait échoué à le faire pour le wolof par la faute de personnes qui demandaient "A quoi cela servira-t-il ?". Aujourd'hui, le site FONDAS KREYOL est le seul site caribéen à publier des articles en langues africaines :
https://fondaskreyol.org/article/mbulamatari-ya-russie-endimi-kosunga-mampinga-ma-rdc
. ni à la vie communautaire par opposition à l'individualisme occidental. C'est pourquoi le koudmen ou konvwa, le lakou, le sousou, la veillée mortuaire, les contes et titim et bien d'autres pratiques de solidarité sont célébrées dans maints romans du courant dit de la Créolité. Ce qui explique aussi que leurs auteurs se soient proclamés non pas "écrivains" mais "marqueurs de parole".
. ni à la polygamie car chacun sait fort bien que nombre d'Antillais ont des fanm-déwò (maitresses), ce qui est bien pire que d'avoir des co-épouses comme en Afrique. Au moins une co-épouse a-t-elle des droits et ce que certains appellent la polygamie antillaise n'est en réalité que du papillonisme malsain qui fait du tort tant aux femmes mariées qu'aux femmes-dehors.
La Créolité a toujours adhéré à l'idée d'Aimé Césaire de "domicilier l'Afrique aux Antilles" et non chercher à retourner en Afrique, chose tout à fait respectable mais qui n'est possible qu'individuellement. Il est impossible, en effet, aux quelques 60 ou 70 millions d'Antilllais, de Noirs américains et de Noirs sud-américains de regagner le continent de leurs lointains ancêtres comme l'avait espéré Marcus Garvey. Ils se sont réenracinés ailleurs, aux Amériques où ils se sont construit de nouvelles identités-mosaïques, et nul ne peut changer l'Histoire. Même pas Dieu aussi tout-puissant soit-il ! Ce qui explique qu'au moment de rebaptiser leur île, nommée "Saint-Domingue" par les Français, au terme d'une lutte victorieuse contre l'armée napoléonnienne, Dessalines et les siens ne l'appelèrent pas "Nouveau-Dahomey" ou "Nouveau-Congo" à l'instar des colonialistes européent qui créèrent partout des Nouvelle-Angleterre, Nouvelle-Espagne, Nouvelle-France (le Québec d'aujourd'hui) etc..., mais "Haïti", reprenant le nom originel du pays, celui des Amérindiens tainos. D'ailleurs, l'armée révolutionnaire de ce qui deviendra Haïti s'est appelée "l'armée indigène" et non "l'armée africaine". Etait-ce là un rejet de l'Afrique ? Aucunement ! C'était tout simplement prendre en compte le fait que les descendants des Africains réduits en esclavage étaient devenus au fil du temps des néo-autochtones. Notons qu'avant de s'auto-désigner comme "l'armée indigène", les chefs révolutionnaires noirs lui avait donné le nom d'"Armée des Incas", ce qui veut tout dire.
"Domiciler l'Afrique aux Antilles" signifie tout faire pour renforcer la part d'africanité de la culture créole. Et d'abord inscrire dans nos programmes scolaires dès le primaire une initiation à l'histoire africaine, à la philosophie africaine, aux langues africaines. Et non se contenter de la danse et de la musique ou se déguiser en Africain en s'habillant en boubou tout en en braillant 'Africa ! Africa !" comme des cabris qui ont bu de l'eau frappée.
Les noiristes font un grand tort, incultes qu'ils sont pour certains, délirants pour d'autre, à notre combat pour l'accession à la pleine et entière souveraineté. Ce combat n'a rien de principalement racial même s'il faut évidemment combattre chaque fois que cela s'avère nécessaire le suprématisme blanc...
Bonjour,
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Je parle de "Premiers concernés" en réponse au commentaire de l'autre zigoto. Lire la suite
...nous sommes AUSSI concernés par le racisme négrophobe existant dans le monde arabe car nous av Lire la suite
Nous sommes concernés parce que la Martinique a une composante syro-jordano-palestino-libanaise d Lire la suite
...des Mquais devraient-ils être indignés de voir les Arabes de Palestine se faire massacrer depu Lire la suite