Quatre ans de prison pour la "mule" martiniquaise qui transportait 23 kg de cocaïne dans sa valise

Le 4 juillet 2021, Leanny Vitalis, 30 ans, avait été contrôlé à l'aéroport de Montpellier avec 23 kg de cocaïne dans sa valise

Lorsque les douanes contrôlent Leanny Vitalis, le 4 juillet 2021 à l'aéroport de Montpellier, il explique avoir - fort inopinément - oublié le code du cadenas qui verrouille sa lourde valise de 27 kg. Les rayons X, eux, n'ont pas besoin de combinaison. Sous le regard des douaniers, les contours de 17 pains de cocaïne apparaissent à l'écran. Plus de 23 kg de drogue extra-pure, pour une valeur estimée à près de... 764 000 €. Le jeune Martiniquais qui débarque de Fort-de-France via Orly a juste le temps de rédiger le début d'un message à son commanditaire sur l'application cryptée Signal - paramétrée pour effacer automatiquement tous les échanges au bout de 5 minutes - avant de se faire embarquer.

Ce vendredi de la mi-avril, près de deux ans plus tard, il n'est pas seul face au tribunal correctionnel de Marseille. L'enquête de la Juridiction interrégionale spécialisée a épinglé deux autres prévenus, Josué Felvia, 35 ans et Liony Pelonde, 31 ans. Vitalis est le seul à dormir aux Baumettes, les deux autres - deux cousins - comparaissent libres. Josué Felvia est considéré comme le recruteur de la "mule" par les enquêteurs, Liony Pelonde comme son intermédiaire. Devant leurs juges, tous trois reconnaissent le principal : Vitalis d'avoir accepté le transport pour une rémunération de 5 000 €, Felvia de l'avoir missionné pour le compte d'un réseau, Pelonde de les avoir mis en contact.

Mais le reste du dossier est flou, tant les déclarations des uns et des autres varient. Liony Pelonde, arrivé à Montpellier peu de temps avant la "mule" et censé la récupérer à l'aéroport, affirme avoir voyagé jusqu'en métropole à la recherche de pièces détachées automobiles et non en mission pour un réseau de stups. Et même s'il est arrivé dans l'Hexagone avec une lourde valise... et reparti sans bagage en soute en Martinique. Josué Felvia, impliqué dans d'autres dossiers liés au trafic de cannabis, tente de convaincre qu'il n'a fait que "rendre service", sans rien attendre de son rôle d'intermédiaire, "à part peut-être un petit billet". Quant à Leanny Vitalis, il se décrit comme un homme acculé par une dette impossible à rembourser. Personne ne peut - ou ne veut - identifier de commanditaire.

"Il y a deux absents à ce procès : le commanditaire et les consommateurs"

En défense, leurs trois avocats se sont relayés pour démontrer que leurs clients étaient loin d'avoir l'envergue de trafiquants internationaux. Josué Felvia ? "Un petit trafiquant qui s'est retrouvé au contact de gens plus chevronnés", selon Me Roubaud. Leanny Vitalis ? Une mule désargentée, au comportement exemplaire depuis son incarcération, a souligné Me Dahan. Quant à Me Loret, dans les intérêts de Liony Pelonde, il a évoqué un client enfermé dans "la misère extrême en Martinique", rappelé son casier vierge et déploré deux grands absents à l'audience : le véritable commanditaire de la drogue et ses consommateurs.

Josué Felvia a écopé de 5 ans ferme, auquel la révocation d'un sursis précédent a ajouté une année, avec mandat de dépôt. Leanny Vitalis a été condamné à 4 ans - détenu depuis 21 mois, il en fera encore 27. Ils devront s'acquitter d'une amende douanière de 752 342 €, la valeur sur le marché de la cocaïne saisie. Enfin, 3 ans de prison, dont 20 mois assortis d'un sursis probatoire, ont été prononcés contre Liony Pelonde. Il purgera le reste sous bracelet électronique.

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