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Le PSUGO (Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire) a été lancé en 2011 par le cartel politico-mafieux du PHTK alors dirigé par Michel Martelly. Il est avéré qu’il a été, à l’échelle nationale, une vaste opération de gabegie administrative, de corruption et de détournement de fonds publics au bénéfice des ayants droits et des supplétifs du PHTK néo-duvaliériste. En novembre 2021, le ministre de facto de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, pourtant bien imbu des constantes critiques publiques formulées par les associations d’enseignants et en dehors de tout audit attesté, a reconduit le PSUGO en lien avec la réactivation de ses « 12 mesures » administratives destinées à « moderniser » la gouvernance du système éducatif national.
Quels sont les résultats mesurables du PSUGO et à combien s’élève le coût total de ses activités ? De 2011 à 2022, le ministère de l’Éducation nationale n’a publié aucun bilan qualitatif et quantitatif de l’ensemble des activités du PSUGO. De manière liée, une recherche documentaire multifacettes n’a pas permis d’obtenir des données chiffrées sur les coûts totaux du PSUGO depuis ses débuts : la gestion financière de ce programme demeure totalement opaque et elle n’a fait l’objet d’aucune évaluation au Parlement haïtien. Pour sa part, la Bibliothèque numérique de l’UNESCO, l’UNESDOC, précise que « Initié en octobre 2011 dans le cadre d’un projet officiel de 5 ans, le Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO) prend ainsi en charge les frais aux deux premiers cycles du fondamental (primaire) dans 9 000 écoles non publiques et 2 500 écoles publiques, afin de garantir l’accès à l’éducation à environ 1,5 million d’enfants de 6 à 12 ans en 2016. Son principal objectif est de surmonter les obstacles structurels et de promouvoir l’instruction des enfants défavorisés vivant en situation de précarité. » Pour l’exercice 2014 – 2015, cette référence documentaire fait état d’un montant de 235 543 302 Gourdes (3 623 743 $ USD) attribué à 840 écoles et totalisant 96 931 élèves répartis principalement dans les communes de Cabaret, Carrefour et Port-au-Prince (Source : UNESDOC, « Les Synthèses de l’IIPE / Améliorer le financement de l’éducation : utilisation et utilité des subventions aux écoles », n.d. : recherche conduite par l’Université d’État d’Haïti en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale et sous la coordination de l’IIPE‑UNESCO, avec l’appui du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE). La récente reconduction du PSUGO par le ministre de facto de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, appelle, sous forme de synthèse, les observations suivantes.
Ronald Jean Jacques, de l’Université d’État d’Haïti, est l’auteur du rapport intitulé « Améliorer le financement de l’école : l’utilisation et l’utilité des subventions aux écoles / Synthèse nationale », 82 pages, juillet 2016. Cette recherche a été conduite pour le compte de l’Institut international pour la planification de l’éducation (IIPE/UNESCO) avec le soutien du Partenariat mondial pour l’éducation et il s’apparente pour l’essentiel à une démonstration du « succès » du PSUGO. La lecture attentive des 82 pages de ce rapport, la consultation de ses beaux tableaux et de ses élégants graphiques n’a pas permis de se faire la moindre idée des sommes investies par l’État haïtien de 2011 à 2016 dans le cadre du PSUGO…
Dans tous les cas de figure, le PSUGO, qui prétend scolariser 1 399 173 enfants, s’apparente à un énorme glacis, opaque et mutique, qui cultive avec soin ses nombreuses zones troubles au festin gargantuesque des millions de Gourdes que l’on n’arrive pas à retracer avec certitude…
« Le Psugo, une menace à l’enseignement en Haïti ? (parties I, II et III) - Un processus d’affaiblissement du système éducatif », Ayiti kale je (Akj), AlterPress, 16 juillet 2014. Voir aussi sur le même site, « Le PSUGO, une catastrophe programmée » (parties I à IV), 4 août 2016. Voir également l’article fort bien documenté « Le Psugo, une des plus grandes arnaques de l’histoire de l’éducation en Haïti », par Charles Tardieu, Port-au-Prince, 30 juin 2016.
La plus récente dénonciation du PSUGO par un collectif d’enseignants réclamant des arriérés de salaire a eu lieu le 22 mars 2022. Le Collectif des éducateurs pour le renouveau de l'éducation en Haïti (CEREH) a en effet manifesté ce jour-là « (…) devant l'Inspection générale du ministère de l'Éducation nationale sis à Delmas 60 (…) [pour] exiger plusieurs années de rémunération dans le cadre » du PSUGO (voir l’article « Des directeurs d'école manifestent », Le National, 23 mars 2022).
--Le PSUGO et la reproduction des inégalités scolaires en Haïti : prolégomènes à une étude sociologique », par Athalie Amédie Lindor, medium.com, 25 août 2018 ;
--Financement des manuels scolaires en créole en Haïti : confusion et démagogie au plus haut niveau de l’État, par Robert Berrouët-Oriol ;
--Le ministre de facto de l’Éducation Nesmy Manigat et l’aménagement du créole dans l’École haïtienne : entre surdité, mal-voyance et déni de réalité, par Robert Berrouët-Oriol.
Brèves remarques conclusives
Parmi les nombreux maux qui l’affligent, le système éducatif haïtien connaît un grave déficit de gouvernance comme l’atteste, entre autres, la récente étude de Bellita Bayard, doctorante en gestion des systèmes éducatifs à l’ISTEAH, « Le déficit de gouvernance, une tare pour l’évolution du système éducatif haïtien » (rezonòdwes, 20 juillet 2020). L’auteure rappelle fort à propos que selon Nesmy Manigat, « l’éducation n’est pas un secteur que l’État peut prendre à la légère et une activité qu’il peut laisser au bon vouloir affairiste des particuliers, dans la mesure où elle remplit une fonction à la fois de socialisation ou de fabrication des individus et de modernisation nationale ». En dépit de l’étonnante justesse de ce propos, les malversations constantes caractérisant le PSUGO continuent de fleurir à l’aune du « bon vouloir affairiste des particuliers » et du modèle managérial du cartel politico-mafieux du PHTK : systémiques, ces malversations sont appelées à se consolider avec la reconduction à l’identique du PSUGO par le ministre de facto de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, en dehors de tout audit évaluatif. De manière tout aussi pertinente, Bellita Bayard pose que « Le contraste est net entre les discours sur la priorité théoriquement accordée à l’éducation et les déboires observés dans la gestion du Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO). Une vraie mare de la corruption dans laquelle baignent les députés associés au pouvoir qui créent des écoles bidon en province pour recevoir de l’argent public ». Dans ce contexte, Haïti est encore loin de franchir le cap d’une éducation de qualité, citoyenne et inclusive, et il est illusoire de croire que l’actuel ministre de facto de l’Éducation nationale parviendra à instituer une gouvernance transparente dans un système étatique gangréné par la corruption.
Le cartel politico-mafieux du PHTK, ces dix dernières années, a promu la consolidation de la gabegie et de la corruption dans l’Administration publique haïtienne. Cette corruption a cours également au ministère de l’Éducation comme en témoigne le Syndicat du personnel du ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (SPEMENFP) : « Ces dernières années, la corruption se pratique par tous les ministres de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP). C’est ce qu’a révélé le Syndicat du personnel du ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (SPEMENFP), jeudi, lors d’une conférence de presse donnée pour dénoncer ces formes de pratiques malhonnêtes qui paralysent le développement du système éducatif haïtien » (voir l’article « La corruption règne en maître au sein du MENFP, SPEMENFP dénonce », Fact Checking News (FCN), 19 mars 2022). Le personnel syndiqué du ministère de l’Éducation nationale est certainement témoin de multiples actes de corruption et, tel un lanceur d’alerte, il le fait publiquement savoir --au risque évident de s’exposer à des représailles politiques et sécuritaires de la part du PHTK.
Enfin il y a lieu de rappeler –en lien avec la dimension linguistique qu’en vain on chercherait au PSUGO--, que depuis la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution de 1987, le système éducatif haïtien n’est toujours pas pourvu d’une politique linguistique éducative (voir entre autres l’article « Haïti a-t-elle besoin d’un « Observatoire national de l’éducation » ou d’une politique linguistique éducative ? », par Robert Berrouët-Oriol, Le National, 4 janvier 2022 ; voir aussi l’article « La politique linguistique éducative doit être, en Haïti, au cœur de la refondation du système éducatif national », par Robert Berrouët-Oriol, Le National, 20 septembre 2018). L’inexistence d’une politique linguistique éducative en Haïti fondée sur l’obligation d’instituer les droits linguistiques de tous les locuteurs renvoie à la perspective de l’établissement d’un État de droit au pays : les analystes de terrain confirment tous que le PHTK n’a pas de projet éducatif particulier pour Haïti, pas plus qu’il n’œuvre en vue de l’établissement d’un État de droit au pays. C’est dans ce contexte qu’il faut bien comprendre le rôle véritable du PSUGO, qui revient, en bout de piste, à se servir de l’École haïtienne et de l’instrumentalisation des besoins de scolarisation des enfants haïtiens pour reconfigurer et modéliser un système prédateur des fonds de l’État au profit des ayants droit, des affairistes et des supplétifs du PHTK néo-duvaliériste.
1) Le contenu central même de l’article et de mon commentaire (mentalité esclavagiste des arabo-m Lire la suite
L’histoire de la Martinique est a la fois complexe et linéaire. Lire la suite
Petitot préfet. Lire la suite
Votre arabophobie et vos changements incessants de pseudos pour pouvoir poster vos commentaires s Lire la suite
Je suis frappée par le peu d'enthousiasme que manifestent les media martiniquais (en général, si Lire la suite