Traduction en allemand de "D'autres vies sous la tienne" de Mérine Céco

   Dans une discrétion qui force l'admiration, Mérine Céco, écrivaine martiniquaise post-Créolité, construit une oeuvre commencée en 2013 avec son roman La mazurka perdue des femmes-couresse qui avait obtenu le Prix du Salon International du Livre de la Martinique organisé par le Conseil Régional de la Martinique (devenu depuis la Collectivité Territoriale de Martinique). A noter la présence dans le jury de deux écrivains prestigieux, l'Haïtiano-Québécois Dany Laferrière qui en avait été le président et le Martinico-hexagonal Daniel Picouly.

   Depuis, Mérine Céco a publié cinq livres qui, comme presque tous ceux des auteurs de sa génération, n'ont pas encore reçu toute la considération qu'ils méritent, la grande ombre de la Négritude-Antillanité-Créolité-Tout-Monde continuant à planer sur notre littérature martiniquaise, voire antillaise. Il semble, cependant, qu'à l'étranger, d'aucuns mesurent à sa juste valeur l'oeuvre de Céco qui "écrit au difficile", selon l'éclairante expression de Glissant, puisque son roman D'autres vies sous la tienne (2019) a été traduit en allemand. Cela ne doit pas nous étonner car au pays de Goethe et de Gunther Grass il y a fort longtemps que l'on s'intéresse à nos iles. Ainsi, celui qui est considéré comme le Père de la Créolistique (linguistique des langues créoles) n'est autre que Hugo Schuchardt qui à la fin du 19è siècle publia ses célèbres Kreolische Studien en 9 volumes. Depuis, nombre de créolistes allemands tels qu'Annegret Bollée, Ralph Ludwig, Sybille Kriegel etc... ont continué dans cette voie. 

 

   Voici le résumé de D'autres vies sous la tienne présenté par l'éditeur, ECRITURE :

  

   C'est une île lointaine, censément paradisiaque. Une île que cette femme a fui tant elle voulait l'oublier. Jusqu'au jour où sa fille l'amène à renouer avec les fantômes de son passé : violence misogyne, inceste, viol...

   Renouer avec les âmes errantes. C'est une île lointaine, censément paradisiaque, que les dépliants touristiques surnomment l'île des revenants". Une île que cette femme a fui tant elle voulait l'oublier, se croyant victime d'un sortilège qui la lie toujours à elle. Jusqu'au jour où elle se retrouve confrontée au désir de sa fille, pourtant née dans le pays d'adoption, de renouer avec les âmes errantes de cette île et les fantômes de son passé. C'est alors qu'affluent chez la mère tous les souvenirs enfouis, les récits familiaux douloureux, les drames de la violence misogyne, de l'inceste, du viol...Par une lettre qu'elle adresse à sa fille, la mère interroge son passé et son présent, et, ce faisant, fait remonter à la surface des tresses de récits, des éclats de paroles étouffées, des questionnements intimes, autour notamment d'une figure trouble, celle du "dorlis", équivalent créole de l'incube du Moyen-âge, ce démon mâle qui prend corps pour abuser d'une femme qui dort. En l'île répudiée, c'est lui qui règne en maître absolu ; c'est l'Homme, blanc, noir, mulâtre, indien, qu'importe ; riche ou pauvre, croyant ou mécréant. Lui, pour qui le ventre des femmes est à labourer sans répit, à triturer, à torturer parfois même.

   À travers ce chassé-croisé, l'auteur explore la peur intestine qui habite tous ceux qui naviguent entre plusieurs appartenances, peur qui les conduit à l'invention de figures magiques pour recouvrir une réalité trop douloureuse. Si ce roman s'enracine dans une réalité socio-historique indéniablement caribéenne, et fait écho à une actualité brûlante, il témoigne tout autant d'une quête universelle : celle des femmes résistantes, qui osent affronter à plume découverte l'obscur éclat des généalogies marquées par une oppression masculine masquée ; celle des "déracinés" qui, dans le silence obstiné des autres, portent leur couleur de peau et leur histoire comme un fardeau."

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