Aux "Iles françoises de l'Amérique", comme l'on désignait la Martinique et la Guadeloupe au 17è siècle, la justice a toujours été du côté de...l'injustice. Ceci signifiant que les responsables de délits de haute intensité n'ont jamais été sanctionnés à hauteur de leurs actes alors que les responsables de délits de basse intensité l'ont toujours été. Et cela avec une sévérité sans pareille !
Désormais 4 siècles d'injustice et surtout d'impunité pour les grands délinquants !
Délits de haute intensité : Traite, esclavage, exploitation des travailleurs, répression armée des grèves, assassinat ou intimidation de journalistes, pillage du Crédit Martiniquais, empoisonnement des terres, rivières et rivages par l'usage inconsidéré du chlordécone, économie de comptoir empêchant tout développement endogène etc...Tout un chacun connait les responsables : la caste békée. AUCUN DE SES MEMBRES N'A JAMAIS ETE SANCTIONNE ! Mais il faut se garder de croire qu'elle est seule en cause. En effet, à compter de la deuxième moitié du siècle dernier, une classe petite-bourgeoise mulâtre, nègre et autre (indienne syrienne etc.), issue principalement des "Hommes de couleur libres" de la période esclavagiste, s'est mise de la partie. Les Békés ayant délaissé le champ politique, des agoulou-gran-fal de toutes obédiences (assimilationnistes, autonomistes, indépendantistes, pseudo-écologistes) s'y sont rué pour avoir leur part du gâteau néo-colonial. Loin de se satisfaire de leurs postes de petits chefs indigènes, ces maires, conseillers généraux et régionaux, conseillers territoriaux, sénateurs et autres députés n'ont pas hésité à se servir. Népotisme, favoritisme, clientélisme, détournements de fonds publics etc... sont devenus monnaie courante et cela non pas seulement dans la sphère politique mais aussi dans l'administratif, l'économique, l'universitaire et le social. Toute la société en a été gangrenée.
Point important : tous les Békés et tous les petits-bourgeois de couleur ne sont évidemment pas en cause.
Délit de basse intensité : vols de véhicules, cambriolages, trafics, violences en tous genres etc... Il suffit de se rendre le matin aux tribunaux de Fort-de-France pour se rendre compte avec quelle sévérité et surtout quelle célérité la justice-sous-les-cocotiers s'emploie à sanctionner les auteurs de ces délits. C'est ce qui explique, d'ailleurs, que la prison de Ducos soit surpeuplée en dépit des réclamations régulières d'un personnel pénitentiaire qui n'a de cesse de demander de meilleures conditions d'accueil pour les détenus et de conditions de travail pour lui.
Point important : les délits, tous les délits, mêmes ceux de basse intensité, doivent être sanctionnés par la justice. Il ne s'agit pas de défendre les voleurs de moto ou les dealers de cannabis.
Quel est donc le problème ?
Celui-ci : les gros délinquants passent le plus souvent à travers les mailles du filet alors que les petits n'ont pas la moindre chance d'échapper aux foudres de la justice. Ce qui explique d'ailleurs que ces derniers, une fois leur peine purgée, retombent fatalement pour nombre d'entre eux dans la délinquance et retournent à la case prison. On aura alors beau jeu de les qualifier de "récidivistes" comme si les grands délinquants ne l'étaient pas eux aussi !
Quel rapport à tout ce qui vient d'être dit (et que tout le monde connait mais tait soigneusement) avec le scandale du chlordécone ?
Celui-ci : les principaux responsables de ce crime contre la Martinique et la Guadeloupe à savoir les responsables de l'importation de ce pesticide et ses principaux utilisateurs dans les bananeraies sont connus. Ils sont parfaitement identifiés ! Leurs noms ont figuré dans des rapports officiels, des articles de presse, des livres, des pancartes de manifestation etc... sans que jamais aucun d'entre eux ne porte plainte pour diffamation alors même qu'ils savent que la justice-sous-les-cocotiers leur est favorable et l'a toujours été. Certains, à cause d'une simple photo, ont préféré porter plainte pour "racisme"__interdit de rire !__contre des sites-web et des chanteurs, sauf que, une fois n'est pas coutume, leur soi-disant ethnie ne figure pas dans la liste de celles qui sont reconnues par la loi comme persécutées (Juifs, Noirs, Gitans etc...) et ils ont par conséquent été déboutés.
Mais revenons à notre petite-bourgeoisie de couleur et à nos chers (es) élus (es) !
Premièrement la dénonciation des ravages du chlordécone n'émanent pas de ces personnes mais de militants écologistes, syndicaux ou de petits partis n'ayant pas pignon sur rue et ne disposant pas d'élus. De la droite assimilationniste aux indépendantistes institutionnels en passant par les autonomistes, les grands partis sont restés soit muets pour les uns soit ne se sont engagés qu'à la marge ou épisodiquement dans le combat contre le chlordécone. Un exemple ? Lorsqu'en février 2007, les écologistes L. Boutrin et R. Confiant, auteurs cette même année de l'ouvrage Chronique d'un empoisonnement annoncé, avaient organisé une conférence de presse à ce sujet en pleine Assemblée nationale, à Paris donc, aucun député antillais n'avait daigné y participer. AUCUN ! Il suffit de chercher les noms des députés en question sur Internet pour découvrir qu'ils représentaient la quasi-totalité du spectre politique des deux îles. Seuls les députés écologistes français Corinne Lepage et Alain Lipietz figuraient aux côté des deux écologistes martiniquais !!!
Muets, quasi-muets ou l'utilisant de temps à autre pour se donner une posture nationaliste, nos élus (es) de tous bords se sont tus sur un scandale qui pourtant a pollué notre environnement (pas uniquement les terres agricoles) pour les 150 ans à venir, qui a provoqué une explosion de cancers de toutes sortes (la Martinique détient le record du monde du cancer de la prostate) sans même parler de l'augmentation du nombre de maladies d'Alzheimer, de Parkinson et d'endométriose. Sans même parler aussi du fait que les travailleurs de la banane qui ont survécu et sont pour beaucoup malades aujourd'hui gagnaient des salaires indignes et touchent des retraites scandaleuses (400 euros par mois à mettre en rapport avec les 7.000 euros de nos députés et sénateurs).
On connait la suite : en dépit de plaintes pour "empoisonnement" déposées par une dizaine d'associations écologistes et agricoles de Guadeloupe et Martinique, de manifestations mobilisant un nombre important de gens, l'affaire du chlordécone a abouti à...un non-lieu. Circulez ! Y'a rien à voir. Personne n'est responsable. Entre temps, le PPM qui avait nié la dangerosité du chlordécone (en 2009, il avait rassemblé les revendeuses des différents marchés de Fort-de-France dans une association appelée Machann Foyal qui avait défilé dans les rues en conspuant les noms de Boutrin et Confiant (coupables à leurs yeux de dénoncer les légumes contaminés et donc de leur "ôter le pain d la bouche") a retourné sa veste et son leader, Serge Letchimy fut nommé président d'une commission d'enquête sur le...chlordécone par l'Assemblée nationale !!! Or, il n'est pas besoin d'être grand juriste pour savoir que lorsqu'une affaire est en cours d'instruction, ce qui était alors le cas, le politique ne peux interférer dans le judiciaire en vertu de la séparation des pouvoirs. Nul étonnement donc à ce que le rapport rendu par ladite commission dorme désormais dans les archives de l'Assemblée. La justice n'en a en tout cas tenu aucun compte et a clos définitivement l'affaire.
Aujourd'hui, un député martiniquais vient, la gueule enfarinée, avec une proposition de "réparations" par le biais d'un organisme dédié. La belle affaire ! D'abord, l'Etat français lui-même, tout en bloquant le volet "responsabilités" pour protéger les Békés, a commencé depuis longtemps à s'engager dans la voie des réparations en créant de "Plans Chlordécone 1", puis "2", puis "3", puis "4" etc... dotés de plusieurs millions d'euros. Certes, on peut les critiquer, y voir de la poudre aux yeux, du simple vèglaj, mais il est difficile de mettre en doute le sérieux des chercheurs et scientifiques qui y ont travaillé. On peut aussi mettre en doute la validité des solutions qu'ils ont proposées mais on ne peut pas nier que dans certains cas, elles ont été bien accueillies et mises en oeuvre par le secteur agricole. Parallèlement, la CTM, à l'époque où elle était dirigée par le GSPBAC (Gran Sanblé Pou Ba Matinik An Chans), entre 2015 et 2021, avait de son côté pris le problème du chlordécone par les cornes. Ainsi le PNM (Parc Naturel de Martinique), alors présidé par Louis Boutrin, avait mis en oeuvre un "Label ZERO CHLORDECONE" qui avait réuni une centaine d'agricuteurs et d'éleveurs ainsi qu'une "Application ZERO CHLORDECONE" permettant à tout un chacun, à l'aide de son téléphone portable, de vérifier si les légumes qu'il achetait étaient contaminés ou pas. Sinon, à côté de ces débuts de "réparations" émanant de l'Etat et de la CTM, nombre d'agriculteurs ont également cherché eux-mêmes des solutions, mettant, par exemple, en jachères des parcelles lourdement contaminées ou les affectant à l'arboriculture.
Conclusion : personne n'est resté les bras croisés s'agissant des "réparations" et beaucoup d'argent a été mis sur la table pour les mettre en oeuvre, mais désormais presque tout le monde (sauf des écologistes comme ceux de l'ASSAUPAMAR ou d'ECOLOGIE URBAINE, des militants de partis politiques ne disposant pas d'élus et une poignée d'activistes "rouge-vert-noir") semble avoir fait passer le volet "responsabilités" pour pertes et profits.
On vient d'en avoir une nouvelle preuve avec la proposition de ce député martiniquais. Proposition démagogique s'il en est qui est dans le droit fil des faux-semblants, pas-de-deux et autres cabrioles dont sont coutumiers nos chers élus, en particulier ceux qui se prétendent jeunes alors que beaucoup approchent de la soixantaine. S'ils le sont, alors les présidents français et nord-coréen sont des adolescents !
Rien de nouveau sous le soleil dira-t-on puisque notre classe politique, toutes tendances confondues, est restée muette, complètement muette, sur la série de scandales qui a affecté la société martiniquaise : Crédit Martiniquais, Sodem, Ceregmia, La Colas, Smtvd, Carenantilles etc.... Scandales impliquant aussi bien des Békés que des non-Békés.
Matinik, bel péyi, n'est-ce pas ?
"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
Lire la suite...mè "dannsòl".
Lire la suiteSi on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
Commentaires
Petite bourgeoisie (classe moyenne) et Békés sont liés.
Aminata Konaté
29/07/2023 - 18:19
La petite bourgeoisie (je préfère dire dorénavant la classe moyenne car elle s'est agrandie et intègre dorénavant bcp d'individus issus de l'ex-prolétariat ) fait pire que ça :!!!Elle est devenue selon moi ,une alliée structurelle des Békés dont les ventes et bénéfices colossaux ( voitures ,terrains ex-agricoles à lotir ,surconsomation en supermarché etc.) dépendent d'elle. Pas de classe moyenne surconsommatrice imbécile , notamment en automobile ,et pas de surprofits békés.Les deux groupes sont liés.En ce qui concerne les réparations ,le terme n'est pas anodin.Il faut le lier à celles de l'esclavage.Plutôt que de se perdre dans des procès compliqués ,une chose facile à comprendre et à demander : restitution par les Békés des terres arrosées du sang des nègres esclaves à l'ensemble des Mquais (CTM)