Convention-cadre entre la Fondation de la Mémoire de l'Esclavage et la CTM : sortir des postures

   S'il y avait un championnat de monde de la posture nul doute que la Martinique sortirait championne. Dernier exemple en date : le refus de certains (es) élus (es) de voter une convention-cadre entre la Fondation de la Mémoire de l'Esclavage et la Collectivité Territoriale de Martinique. 

   Motif ? Ceci : ce n'est pas aux descendants d'esclavagistes d'élaborer les outils archivistiques, culturels, pédagogiques, numériques etc... permettant de conserver la mémoire de cette abomination que fut l'esclavage, mais bien aux descendants d'esclavagisés. Dans l'absolu, ce refus se tient, il est compréhensible en tout cas. Sauf que personne ne vit dans l'absolu ! Tout le monde vit dans la réalité et la réalité c'est quoi ? C'est le fait que nous faisons partie du système administratif, éducationnel, politique, économique etc... d'un pays appelé la France. Et quand on nous propose un tout petit début de commencement d'autonomie (Article 74), nous votons à 80% "NON". C'est cela la réalité ! 

   Faisons un détour par le combat en faveur de la langue créole pour mesurer à quel point l'attitude des opposants à la signature de la convention-cadre entre la Fondation pour la Mémoire de l'Esclavage et la CTM relève de la posture pure et simple ! En effet, les défenseurs du créole, Jean Bernabé et son groupe de recherches universitaires, le GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créole), auraient pu refuser de se batailler avec le Ministère de l'Education Nationale pour l'amener à créer un CAPES de créole (2000), puis une Agrégation de créole (2010) au motif que ce ne sont pas aux "colonialistes" de décider de l'avenir de notre langue. Sauf que d'une part, nous sommes intégrés dans le système scolaire et universitaire français et d'autre part, nos élus n'ont jamais rien foutu pour faire avancer la cause du créole. A l'époque du Conseil régional, le GEREC avait demandé très officiellement aux autonomistes au pouvoir, puis aux indépendantistes, de reconnaitre au moins la graphie du créole. Juste ça ! Réponse : motus et bouche cousue. Sauf qu'au bout de trois décennies de lutte, la graphie-GEREC est aujourd'hui unanimement utilisée, y compris par les publicitaires et les panneaux qu'ils érigent au bord des routes et dans nos villes et communes. Cet indéniable succès a été réalisé sans l'aide aucune de nos politiques de tous bords.

   Idem pour ces concours de recrutement que sont le CAPES et l'Agrégation qui permettent à nos élèves d'avoir des enseignants dument formés. Ces jours-ci, vingt ans plus tard, la CTM vient de déclarer le créole langue co-officielle de la Martinique avec le français. Vaut mieux tard que jamais ! Et vaut mieux ça que l'habituel silence de nos politiques. Sauf que l'impasse a été faite sur un point capital : rendre l'enseignement du créole OBLIGATOIRE de la Maternelle à la classe de 3è (à raison de 2h par semaine) car il n'est qu'optionnel à ce jour. Ce qui permet fréquemment aux chefs d'établissement et aux conseils de parents d'élèves de faire l'impasse dessus ! Mais bon, il vaut mieux une avancée de deux millimètres que rien du tout et il convient de saluer la décision de co-officialité du créole et du français prise par la CTM.

   Pour en revenir à la convention-cadre, nos élus (es) seraient bien inspirés d'emprunter la même voie que le GEREC c'est-à-dire investir le système et l'infléchir dans un sens qui nous est favorable. En effet, lorsque le GEREC avait pressé le Ministère de l'Education Nationale de créer le CAPES de créole ce dernier avait fait du dilatoire et argué qu'il n'existait aucun manuel de préparation à ce concours. Qu'à cela ne tienne ! Le GEREC s'était mis au travail et en deux ans, avait publié 11 "GUIDES DE PREPARATION AU CAPES DE CREOLE" (cf. photos plus bas) + une série d'ouvrages de créolistique (syntaxe, traduction, dictionnaires etc...)Ses linguistes, sociolinguistes, littéraires, anthropologues, didacticiens, traductologues etc.. avaient tous été mis à contribution. Sans l'aide du "Papa Blanc" ! 

  Car enfin, ce sont nos élus qui auraient dû avoir créé une Fondation pour la Mémoire de l'Esclavage. Rien ne les en empêchait ! Ils ont disposé de tout le temps pour le faire. Or, aujourd'hui, certains (es) se drapent dans des postures pseudo-radicales ou pseudo-révolutionnaires pour refuser toute collaboration avec la Fondation de Jean-Marc Ayrault.

   Risible ! Tout simplement risible...

  NB. Au fait la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (ou destruction des Juifs d'Europe pour parler clairement) a été créée en 2000 à Paris. Personne en Israël ne l'a critiquée car les Israéliens n'ont pas attendu les descendants de leurs bourreaux pour créer leur propre fondation. Il a pour nom Yad Vashem et a été créé en... 1953.

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